Aigues Mortes

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Aigues Mortes

Le port et la ville d'Aigues-Mortes sont une création de Saint Louis, qui en fit un point de départ des deux croisades de 1248 et 1270. Les fortifications sont l'oeuvre de ses successeurs. Seule  la tour de Constance date de son règne. Bâtie sur l'emplacement d'une tour primitive, qui tirait elle-même son nom de la comtesse Connstance, femme de Raymond V de Toulouse, elle constituait à l'origine la seule défense de la place.

Sa hauteur de trente mètres  permit de l'utiliser par la suite comme tour de garde et comme phare. On y adjoignit à cet effet, à la fin du XIIIe siècle une tourelle supplémentaire de dix mètres. Elle est divisée en deux étages voûtés, dans l'un desquels on montre encore "l'oratoire de Saint Louis".

Au cours des siècles, elle a servi de prison dans maintes circonstances: en 1307, lors de la suppression et du procès de l'Ordre des Templiers et au temps des troubles religieux des XVIe et XVIIe siècles. Le château et le pont qui le réunit à la tour de Constance ne datent que du XVIe siècle.

La construction des remparts, entreprise en 1272, fut achevée assez rapidement sans grande modification dans les plans. ils offrent de ce fait une grande unité et constituent l'ensemble le plus complet et le mieux conservé de l'architecture militaire du XIIIe siècle.

L'enceinte est en forme de quadrilatère irrégulier, flanquée d'une tour ronde à chaque angle. la muraille est défendue, au sommet, par un parapet crénelé, derrière lequel un chemin de ronde continu, desservi par vingt-sept escaliers, assure la communication.

De distance en distance, des brétèches supportées par des corbeaux font saillie sur le parement extérieur. Des trous, au dessous des créneaux, permettaient l'installation d'un hourdage, en cas de besoin.

Des archères très allongées, à proximité du sol, assez rapprochées les unes des autres, se voient dans les parties des remparts les plus anciennes, côté est et côté sud. on les fit par la suite plus courtes, moins près de terre et moins nombreuses.

Les communications avec l'extérieur sont assurées par cinq grandes portes, flanquées chacune de deux tours rondes et par cinq plus petites, ouvertes en couloir dans une tour rectangulaire. Les unes et les autres opposaient à l'assaillant des obstacles compliqués sous la forme de vantaux, herses, archères, brétèches et èchauguettes.


Source:

- Les sites touristiques de la vallée du Rhône, par MM. L. Imbert et l'Abbé J. Sautel, Avignon, 1928.

Posté le 07-02-2022 10:58 par Jimre

Aigues Mortes

La création d'Aigues Mortes

Saint Louis a besoin d’un port sur la Méditerranée pour partir en croisade. Il utilise certes Marseille, port situé en Provence, donc en pays d’Empire. Parmi les autres ports possibles, Montpellier est situé dans le royaume mais dans le fief épiscopal de Maguelonne. Le roi tient à un port sur ses terres propres. Pour avoir ce débouché sur la Méditerranée, il fonde donc Aigues Mortes, à proximité de l’abbaye de Saint Gilles et de la ville de Saint Gilles, sur le Petit Rhône, qui se jette dans la grande baie des eaux mortes car Saint Gilles était aussi dans les fiefs.

Dès 1240 donc, il pense à créer une ville et des négociations s’engagent avec l’abbaye de Psalmody, située non loin, négociations qui n’aboutissent vraiment qu’en 1248. Le roi est alors propriétaire d’une portion du rivage qui est indiscutablement de son Domaine. 

Déjà, cependant, il avait fait entreprendre des travaux en vue de la croisade. Quand il part en 1248, on y voit déjà un embryon de ville et de port doté d’aménagements. En 1246, il a donné à Aigues Mortes une charte de consulat accordant de grands privilèges aux habitants, qui sont libres de tailles, de questes et de toltes pendant vingt ans et sont aussi quittes de chevauchées par eau et par mer à l’exception de la première personne par maison (ce dernier privilège est accordé pour vingt-cinq ans et les pauvres en sont totalement exemptés, de même que les notaires et les hommes de loi, à condition qu’ils paient une taxe de remplacement). La communauté peut avoir quatre consuls ou moins. La liberté de leur élection est assurée même si elle a lieu sans le consentement préalable du roi…

Les consuls collectent les ressources et gèrent les dépenses pendant un an. Il y a aussi un bajuus ou bayle, de la curia locale du roi, et deux cursores.

A l’instar de ceux d’autres villes méditerranéennes, les consuls donnent la juridiction à l’un des habitants qui part avec d’autres pour une expédition commerciale lointaine.

Les juges, comme le bayle ou les consuls, sont renouvelés chaque année. Les consuls peuvent construire une maison commune et désignent les banneurs, gardiens des blés, des fruits, des vignes et des biens. Les habitants peuvent transporter par eau et par terre leur vin, leur blé et autres vivres.

La royauté a ainsi enfin son propre port sur la Méditerranée. Le roi a aussi pris de nombreuses dispositions pour le voyage. En 1246, il a conclu une entente avec Frédéric II qui ordonne à ses officiers en Sicile de lui délivrer pendant son voyage des vivres, des armes et des chevaux au juste prix…

Pour une entreprise de cette ampleur, Saint louis utilise des formes très modernes de paiement et de crédit : il a recours aux Templiers et aux banquiers italiens, florentins et siennois notamment. En Octobre 1247, il utilise le crédit de deux génois, Lerari et de Vivano, qui peuvent choisir comme lieu de remboursement le Temple ou Aigues mortes, à leur choix.

Des créanciers génois peuvent aussi avoir recours grâce à un banquier de Plaisance aux services d’un mandataire qui doit recevoir le montant de l’emprunt à l’une des prochaines foires de Champagne.

Les ordres de paiement du roi étaient d’autant mieux reçus que son crédit était considérable et que les banquiers italiens ou le Temple les honoraient, soit sous forme de prêt ordinaire soit sous celle de billets à ordre ou de billets d’encaissement. Aux yeux de tous, cette monnaie scripturaire, ces lettres de crédit et de paiement étaient considérées comme assignées sur la richesse du Trésor Royal et sur les apports considérables de l’aide pour la croisade.

Après avoir quitté l’abbaye de Saint Denis le 12 juin 1248, le roi descend vers Aigues Mortes par la vallée du Rhône (voir sur notre site cet épisode concernant Chateaubourg et la Roche de Glun 😉).

Arrivé à Aigues Mortes, il s’embarque le 25 Août 1248, en compagnie de la reine sur la nef Montjoie, suivie des nefs La Demoiselle, La Reine et d’une trentaine de navires. Ainsi commence la grande aventure de cette Croisade qui va tant contribuer à la transformation du roi et de son royaume.


Source:

- Livre Saint Louis et son siècle de Gérard Sivery, France Loisirs.


Photos:

- Jimre (2021)


Posté le 02-09-2021 12:58 par Jimre