Avully

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Avully

Article trouvé sur le site du château avec une mine d'informations sur la région et, fait remarquable, des livrets édités pour différents publics, dont le livret de visite pour les particuliers, sont à la disposition des internautes. Dans ce livret, il y a une superbe description du château que je joins ici. Un grand Bravo à ce site car on aimerait voir ça plus souvent!!!

Ne manquez pas d'aller y surfer...8;-))

"CHÂTEAU D’AVULLY (Brenthonne) Histoire d’un château en Chablais

Au centre du village de Brenthonne, une route nous conduit au vieux Château d’Avully, tout enfoui dans les arbres. Situé au bas des pentes des Monts des Voirons, cet antique manoir est bâti sur les restes d’une villa « gallo-romaine » du Ier siècle, comme l’attestent de nombreux tessons retrouvés dans le sol lors de sa restauration.

La famille d’Avully est mentionnée dès 1172. Elle dépendait alors des Sires de Faucigny et, dans les actes les plus anciens, elle est désignée sous le nom « Avullier », « De Vullie », « De Wullie » ou encore « Davyllie » qui signifie « le rucher ».

Au cours des XIIe et XIIIe siècles, le Chablais avait son territoire partagé entre quelques familles féodales. Le Prince évêque de Genève exerçait son épiscopat sur toute la rive gauche du Lac Léman. Son autorité administrative s’étendait de Genève au Bouveret et son diocèse était partagé en 8 décanats, dont celui des Allinges où se trouvait naturellement le château des Allinges, mais aussi ceux d’Avully, de la Rochette, Buffavent et Coudrée. Le Chablais était aussi placé sous l’autorité de nombreux seigneurs : les comtes de Genève, les Sires de Faucigny et les Comtes de Savoie.

En 1257, on cite Namtelme, fils du Chevalier Guichard d’Avully, famille vassale du Seigneur de Langin dont la maison forte se situe au pied des Voirons , au sommet de la colline dont il reste une tour restaurée et quelques remparts. C’est en 1335 que le Comte de Savoie ordonne au Seigneur d’Avully de fortifier sa maison, qui, construite en plaine, est mal défendable. En 1362-63, le Seigneur d’Avully participe à la croisade savoyarde. Ne lit-on pas que Jean d’Avully prendra part à l’expédition du Comte Vert de Savoie, en direction de Gallipoli, verrou des Dardanelles, pour défendre son cousin l’Empereur de Byzance.

Au début du XVe siècle, Jeanne d’Avully est citée avec son frère Humbert, comme faisant partie des personnages reçus à la Maison de Savoie à Ripaille. Humbert d’Avully était en 1391, homme lige du Comte Rouge, Amédée VII. La vie alors menée par la noblesse de cour, ainsi que ses visées ambitieuses, n’allait pas sans luxe, ni sans nécessiter de grands besoins d’argent.

Avec Humbert d’Avully, la famille de Boëge entre dans l’histoire d’Avully ; il épouse en effet Françoise, fille de Pierre de Boëge et, en 1412, il nomme sa fille héritière universelle. Dans les exécuteurs testamentaires, figurent Pierre de Balleyson, Guigon de Rovorée. La fille de Jean de Rovorée – Avully, Philiberte, épousa Noble Georges d’Antioche, Seigneur d’Yvoire, co-Seigneur de Nernier. C’est elle qui, le 11 mars 1499, vendit le château ainsi que ses terres et dépendances pour 8000 florins à Boniface de St Michel, originaire de Genève. L’acte fut signé au château d’Yvoire dont les Rovorée avaient la seigneurie.

Ce sont les de St Michel qui, en faisant de grands travaux, donneront l’aspect actuel et définitif du château puisque celui-ci ne subit plus de modifications après leur disparition au début du XVIIIe siècle. C’est également la famille de St Michel qui marque le plus l’histoire du château, en raison notamment de la personnalité d’Antoine de St Michel, de ses relations avec les bernois, Genève, Théodore de Bèze, François de Sales, le pape et Marguerite d’Autriche.

Selon Galiffe, historien genevois, les de St Michel étaient une vieille famille genevoise. C’est en 1386 que Michel de St Michel fut reçu Bourgeois de Genève.

On pense qu’ils étaient banquiers et finançaient des expéditions maritimes allant chercher des épices au Moyen-Orient, le sucre à Chypre. Les gains étaient proportionnels aux risques, c’est-à-dire énormes.

De Foras, dans son armorial, écrit que les de St Michel devinrent protestants au début de la réforme, probablement par mariage avec une riche héritière bernoise, de la famille de Watteville. François de St Michel, dit l’Espagnol, fut conseiller de Genève en 1519. Sa femme, Marguerite, était selon une chronique de Bonivard, espagnole ou portuguaise. Elle fut « capitaine » des amazones, toutes filles de nobles familles qui reçurent à Genève, le 4 août 1523, la Princesse Béatrice du Portugal, épouse de Charles III, Duc de Savoie.

Ces amazones se rendirent, selon la chronique de l’époque, au nombre de 300, armées de dards et de boucliers d’argent, au château d’Avully où eurent lieu de grandes fêtes. Le personnage le plus intéressant et marquant fut Antoine de St Michel. Protestant et Président du Consistoire de Thonon, il se convertit au catholicisme après quatre années de discussion avec François de Sales ; il tenta l’impossible pour que cessent les luttes fratricides et que revienne la paix religieuse.

Ce haut personnage original, intelligent, ambitieux et turbulent s’attira les colères des Genevois et sa tête fut mise à prix dès sa conversion connue.

Pour se faire une idée de l’activité d’Antoine de St Michel, devenu «Baron d’Hermance et d’Avully », il convient de relire quelques lignes de l’historien Alain Duffour (Guerres de Genève 1589-1593 – Edition Julien 1958) :

« Genevois et Bernois avaient entrepris ces guerres pour arracher au Duc de Savoie quelques territoires, gage d’une « bonne paix » (...).Antoine de St Michel entre en scène. Il se montre digne de capter la confiance des Bernois et des Genevois. Il était protestant (provisoirement !!) et apparenté par sa mère aux De Watteville, grande famille bernoise. Déjà en 1580, il avait servi d’intermédiaire entre le Duc de Savoie, son maître, et Genève. Le Baron d’Avully propose au Duc de Savoie l’arbitrage des Suisses ; il intrigue à Fribourg, Berne, en mai 1589. A Zurich et à Lucerne, on refuse de le recevoir. Il propose donc au Duc de Savoie de s’entendre avec les Bernois et les Français qui soutiennent Genève contre la Savoie.

On constate que le personnage est bivalent et qu’il ne se gêne pas beaucoup pour placer ses pions dans un camp comme dans l’autre, l’essentiel étant pour lui de vendre sa récolte, son vin et son blé, car il était grand propriétaire terrien. « Quel comédien ! » s’écrie Duffour et « il savait bluffer ». Français, Bernois et Genevois, qui depuis 25 ans pillaient et brûlaient tous les châteaux savoyards, avaient toujours épargné Avully. Dès qu’il fût devenu catholique, leur attitude changea et le château fut attaqué pendant trois jours en mai 1603. Résistant victorieusement aux assauts répétés, les assaillants durent se retirer avec leurs morts et leurs blessés, et d’après le registre genevois, 14 vaches et 40 moutons.

Revenons à la conversion au catholicisme du Baron d’Avully. Cette conversion qui entraînera celle des nobles du Chablais, fut l’œuvre de François de Sales, autre personnalité qui s’employait dès 1594 à ramener le Chablais au catholicisme. Influencé par ses paroles, mais aussi en raison de ses intérêts, Antoine de St Michel adjura le protestantisme à Turin, le 26 août 1596, devant le nonce apostolique.

Théodore de Bèze, calviniste et ami jusque là du Baron d’Avully, devint furieux à l’annonce de sa conversion et lui adressa les plus vifs reproches.

En réponse, le seigneur publia à Lyon en 1602, une lettre intitulée : « Armes offensives et défensives contre les calvinistes ». Antoine de St Michel s’éteignit en 1610. L’échec de l’"Escalade de Genève" repoussa au-delà des Alpes les ambitions et les intérêts de la Maison de Savoie.

Les seigneurs d’Avully n’occupèrent leur demeure que pendant la belle saison, le reste du temps étant passé à la cour de Turin où richesses, honneurs et postes importants leur furent octroyés. Antoine de St Michel saura garder à sa maison son rang de somptueuse résidence, servie et entretenue par de nombreux serviteurs.

Après la famille de St Michel, le château passa en d’autres mains, celles des Scaglia par héritage et des Ferrod de Sarres par rachat. En mars 1756, il fut acheté par François de Sales, seigneur de Brens, dont une des maisons fortes se situe au pied de la colline de Langin.

Il resta dans cette famille jusqu’en 1896, date à laquelle il fut vendu aux Mouchet, de Saxel, gros marchands de bois. Pendant la révolution, le château doit à la municipalité de Brenthonne d’avoir échappé à une destruction totale.

En effet, grâce au peu d’empressement à exécuter les ordres des révolutionnaires, il put conserver ses tours mais son donjon fut décapité et les fossés comblés. Il faut signaler que le Maire Guarin Lacroix, ancêtre du propriétaire actuel, y habitait avec sa famille en tant que fermier. Le comte de Foras, auteur de l’Armorial de Savoie, note qu’en 1860 les archives d’Avully étaient très complètes et magnifiquement tenues.

Malheureusement le fermier de l’époque, sommé de quitter les lieux, les brûla intégralement. De fermiers en fermiers, sans aucun entretien, ruiné et solitaire, malmené par les vandales, visité par les amateurs de vieilles pierres, servant de carrière, il parvint jusqu’à nous à l’état de ruine.

Après 30 années de travaux, le Château d’Avully retrouvera l’aspect qu’ont admiré les gens du temps où Louis de Savoie résidait au Château de Ripaille, où Jean de Vernay, où Guillaume d’Allinges, Baron de Coudrée, séjournaient dans le château fort de la Rochette.

Cette réhabilitation n’aurait pas été possible sans le soutien éclairé de nombreux amis de l’Histoire de Savoie et, en particulier :

- Conseil Général de la Haute-Savoie

- Henri Baud, Sous Préfet

- Dr Jacques M et - Prof. Tanner, Uni Genève

- Charles Bonnet, Archéologue Cantonal

- M. Michaud, Architecte des Monuments Historiques

- 07 Février 2024. A la demande de son fils P. Guyon, qui nous a  fait part d'un oubli dans la documentation utilisée, nous rajoutons son père Jean-Marie Guyon qui a été un piler de la restauration du château. Voici ce que nous en dit son fils:

"A la fin des années 60, les anciens propriétaires (Famille Mouchet de Thonon) ont été mis en demeure de restaurer le château par le Ministère des Affaires Culturelles et mon père a hésité pendant plusieurs mois avant de l’acquérir (puisque qu’il a été mis en vente en fin de compte) malgré les conseils prodigués par son ami de toujours : le Docteur Miguet de Douvaine ainsi que l’appui culturel et amical de l’ancien Sous-Préfet de Thonon et grand résistant : M. Henri BAUD avec le concours également de M. Michaud Architecte des Monuments Historiques à l’époque !

Seul un homme de caractère bien trempé (ancien du 27ème BCA ayant combattu à Narvik en 1940) et fabricant industriel  de fours de boulangerie avec une formation de tailleur de pierres et de maçon  pouvait relever le défi (puisqu’avant la seconde guerre il montait des fours en pierres maçonnées avec mon grand-père Alexandre, ancien combattant de 14-18).

Sa formation de tailleur de pierres lui a ainsi permis ce remonter ce monument puisqu’il taillait régulièrement des embrasures de fenêtres ou de cheminées avant cette acquisition !

40 années et une grosse partie de sa fortune engloutie dans cette restauration et nous continuons à le faire prospérer en organisant des mariages, des animations musicales et médiévales ainsi que beaucoup de visites d’écoles  !

Une seule anecdote parlante : la visite de S. A. R. la Reine d’Italie Marie-José (dernière Reine en exercice) qui est venu inaugurer la salle des Dames en 1978 avec sa Cour Princière !

C’est le seul bâtiment historique ayant gardé son architecture et son caractère fondamentalement de type moyen-âgeux avec un fossé périmétrique qui a été remis à jour et procure ainsi une véritable machine à remonter le temps dès que vous pénétrez dans la cour intérieure étroite qui vous procure une très forte sensation de protection comme dans les temps reculés sans oublier une imagination fertile qui vous trotte dans la tête avec des scénarios divers de vie à ces époques !

Mon père est décédé en Mars 2017 et Grande Justice serait de lui rendre cet hommage et je vous en remercie par avance du fond du coeur !"

Voilà qui est fait!!

- N’oublions pas les Compagnons du Devoir : tailleurs de pierre, maçons, charpentiers, ouvriers spécialisés, etc, qui, tous, dans l’esprit de leurs collègues du Moyen-Âge, eurent à cœur de réaliser de « la belle ouvrage ».

Avully, La Rochette, Buffavent, Langin, les Allinges, Ripaille, Coudrée, Rovorée, Yvoire, le canton de Vaud, Valais, le Piémont nous rappellent que la Savoie au XVe siècle avait un territoire plus grand que la France.

Autrefois résidence privilégiée de quelques familles nobles, il est maintenant à la disposition de nombreux visiteurs, venant admirer les magnifiques jardins, le donjon, la tour en amande, les échauguettes, les douves, etc ..."


Posté le 11-05-2013 16:09 par Jimre

Avully


Le château se situe à 500 m à l'Est du bourg.

Avant 1310, il est fait mention d'une famille d'Avully, vassale de celle de Faucigny. Ils font vers 1323 hommage de leur maison forte aux comtes de Savoie et en 1336 aux Dauphins. A cette occasion, on précise que la place doit être fortifiée et son revenu s'élève à 10 livres.

Par mariage, la maison forte échoit au XVe siècle à la famille de Boëge. Jacquemette de Boëge, fille de Jean de Boëge, en fait reconnaissance et la donne le 23 mai 1441 au duc de Savoie Louis, qui la lui revend le 29 mai de la même année. Elle est vendue en 1499 à un bourgeois de Genève, Boniface de Saint-Michel. La maison forte sera fortement remaniée au XVIe siècle.

Le château est constitué d’une enceinte quadrangulaire large de 26 m et longue de 34 m, entouré de douves, flanquée à l'angle nord d'une tour en amande et au sud d'une tour carrée couronnée de mâchicoulis. Des échauguettes carrées à encorbellements munissent les angles est et ouest.

L’intérieur est agencé autour d'une étroite cour dans laquelle on pénètre par une tour-porte de 5,50 par 10 m dont la base date du XIVe siècle. Le corps de logis comprend, au rez-de-chaussée, la salle des gardes et de la salle des écussons, au premier étage les salles des dames et du Cruet, et au second la salle des messieurs et la salle de chasse.

L’extérieur comprend les jardins et la cour basse.



Sources:

- Wikipedia


Photos:

- Jimre(1999; 2013)


Vidéos:

Nous vous présentons une vidéo YouTube,  tournée par Edssio dans laquelle on peut voir le château d'Avully il y a quelques années.

N'hésitez pas à aller faire un tour dans notre playlist Rhône Médiéval pour voir nos autres vidéos ainsi que sur la playlist "Les Invités de Rhône Médiéval" pour voir des vidéos réalisées par d'autres personnes sur la même thématique…

Si vous voulez voir les vidéos que nous faisons lors de nos déplacements en dehors de cette thématique, la playlist des "Videos de vacances" est également disponible.

Posté le 11-05-2013 15:51 par Jimre