Anse

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Seguin de Badefols

Parmi les personnages ayant traversé notre région, on trouve Seguin de Badefols ou Badefol, dont le nom revient souvent lorsqu'on évoque  la Guerre de Cent Ans et les "Routiers".

Seguin III de Badefols est né en 1330, dans le château de Badefols sur Dordogne, non loin de Bergerac. Il était fils de Seguin de Gontaut et Marguerite de Bérail, et fût surnommé "Chopi" ou "Chopin", sobriquet qui signifie "Boiteux" en raison probablement d'une anomalie physique constatée et reconnue par son entourage. D'un esprit probablement guerrier sinon belliqueux, il prit la tête de nombreux "Routiers".

Il est pratiquement impossible d'écrire l'histoire de Badefols, sans évoquer plus amplement le personnage le plus
connu de cette famille, Seguin III, surnommé le roi des Grandes Compagnies.

En tant que fils cadet, et selon les coutumes de l'époque, il ne devait pas porter les armes pleines de la maison
Gontaut de Badefol, celles-ci étant réservées à l'aîné de la famille, en l'occurrence Pierre I, frère de Seguin. Il devra
donc briser les armes paternelles, et il ne trouvera rien de mieux que de changer les six châteaux en huit besants d'or.
Lorsque l'on connaît la carrière de ce personnage, il est évident que son choix était prémonitoire.
Pour comprendre comment Seguin est devenu le chef d'une armée d'aventuriers qui a fait trembler tout le sud de la France, y compris l'armée française et le pape Innocent VI, il est important de savoir comment et pourquoi les Grandes Compagnies furent créées.

Nous sommes en pleine guerre de Cent Ans, et pour combattre leurs ennemis, les deux camps, anglais et français, lèvent des troupes de mercenaires à la tête de laquelle il nomment un capitaine. Ces derniers appartiennent le plus souvent à des cadets de famille ou seigneurs au fief trop étroit. Seguin entrait dans les deux critères, il avait donc toutes les prédispositions pour être un chef de mercenaires. Dans les premiers temps ces troupes se composaient de quelques centaines d'hommes, mais au fil des conflits, l'effectif grossissait. L'appât du gain, lorsqu'ils mettaient à sac un pays, attirait tous les soudards, bandits de grands chemins ou autres brigands de l'époque.


Le traité de Brétigny, signé le 8 mai 1360, impose le licenciement des Grandes Compagnies. Tous les mercenaires se retrouvent à la dérive et au chômage et le contrôle de ces bandes divaguantes va vite devenir impossible. Les hommes n'étant plus payés et dans l'ordre très précaire que fait régner le traité, ils vont vite se transformer en pillards. C'est dans cette confusion que Seguin de Badefols va devenir le plus terrible des capitaines.
Le premier fait d'arme où il apparaît date de 1356, à la bataille de Poitiers, où 10.000 anglais vont battre 50.000 français. Certains historiens rapportent que Seguin était alors dans le camp anglais. Ce qui est probable, car quelques temps après nous le voyons à la tête de 3000 hommes servir les Anglais. Mais sa réputation de roi des Grandes Compagnies va commencer après 1360. A la tête de son armée, qu'il appelle la Margot en souvenir de sa mère Marguerite de Bérail, il va devenir le chef de bande le plus craint de France.
En 1361, Seguin est dans le Midi, où il pille la région de Nîmes, et de Beaucaire. Le pape Innocent VI l'excommunie mais ça ne le chagrine point car ses troupes rançonnent tous les villages autour d'Avignon, lieu où réside alors le Pape. Il poursuit ensuite ses exploits en Languedoc, en Roussillon et en Velay.

Il se lia avec Périn de Sasine d'origine gasconne, alias "Petit-Meschin", lequel combattit aux côtés de "du Guesclin" après avoir été son Valet d'Armes. Forts de cette alliance, les deux chefs de mercenaires furent victorieux dans la bataille qui les opposa en 1362 avec leurs 15.000 hommes, à Brignais près de Lyon, aux troupes du Roi de France (30.000 hommes).  C'est au cours de cette bataille que Jacques 1er de Bourbon (Comte de la Marche), Connétable de France, ainsi que son fils, furent mortellement blessés.

C'est grâce à un habile stratagème imaginé par Seguin que ses 15000 hommes réduisent en miettes les 30.000 hommes du roi de France. Après cette terrible bataille, Seguin est comparé au diable en personne.

Toutes les villes tremblent et se renforcent à l'idée d'apercevoir son étendard à proximité de leurs murs. La ville de Lyon prend d'énormes précautions pour contrecarrer une attaque du routier Seguin. Mais il a filé vers le sud, où il menace la ville d'Alès. Les habitants paient une forte rançon pour le faire déguerpir. Seguin décide alors de remonter vers le Velay.

Il est accompagné de son ami Bertrucat d'Albret et s'empare de Montbrun, ravage les faubourgs de Saint-Flour, et rançonne la ville de Murat. Puis il pille les monts d'Aubrac, alors que son frère Thonet, ravage le causse de Sauveterre. En septembre 1363, Seguin et sa troupe campent devant Brioude. Il investit la ville sans problème à la faveur de la nuit. Cette ville va lui servir de base de repli pendant neuf mois, d'où il va organiser une foule d'expéditions. Mâcon est rançonnée, l'abbaye de Savigny est ravagée, ainsi que tous les villages aux alentours. Seguin a sous ses ordres, 2000 lances, sans compter les archers et les gens de pied, auxquels viennent s'ajouter 1000 chevaux. C'est une armée de 5000 à 6000 soudards qui n'ont peur de rien. Ils sont redoutables.
En 1364, le Périgourdin investit la ville d'Anse, au nord de Lyon, ce qui lui permet de contrôler les rives de la Saône et les embarcations qui descendent vers Lyon. De la base d'Anse, Seguin et ses hommes vont s'emparer de plus de 60 châteaux, tout l'arrière pays est dévasté, pillé ou rançonné. Mais la chance va tourner. Le roi charge Du Guesclin de remettre de l'ordre dans cette région, et Seguin connaît la valeur de l'armée de Du Guesclin. Il sait qu'il va devoir négocier sa reddition. 40.000 florins, lui sont promis pour qu'il libère Anse et quitte la France. De plus, il faut qu'il renonce aussi à toute guerre, à moins qu'elle ne soit juste, et le pape exige que son père et son frère soient gardés en otages, jusqu'à ce que le routier et ses hommes aient regagné l'Espagne.
Lorsqu'il reçoit une partie de la rançon, Seguin fait un geste inexplicable à ce moment là. Alors qu'il a eu toute la région sous sa botte, il donne 850 florins au nouveau capitaine d'Anse chargé de le remplacer, afin qu'il règle une dette à un changeur lyonnais qui lui avait vendu deux superbes rubis.
Seguin prend finalement la route de l'Espagne où de nouvelles aventures l'attendent, notamment avec la guerre qui affronte le roi de Castille et le roi d'Aragon.

Mais avant, Seguin veut récupérer l'argent que lui doit son ancien commanditaire, Charles II de Navarre dit le Mauvais. Il veut aussi obtenir du Mauvais, un des nombreux châteaux que celui-ci possède.
Le roi de Navarre le reçoit et une discussion enflammée s'engage entre les deux anciens compères. Charles le Mauvais est très irrité par les exigences du périgourdin, mais il n'en fait rien paraître et invite Seguin à le suivre à Falces. C'est là que, le soir, au cours du repas, Charles le Mauvais fait empoisonner les fruits confits que l'on sert à son ancien complice.


Seguin va mettre près d'une semaine à mourir dans des souffrances atroces. Il rend son dernier soupir le 18 janvier 1366. C'est ainsi que fini à l'âge de 34 ans le roi des Grandes Compagnies. Entre 1356 à 1365, il a battu les armées du roi de France, rançonné les plus hauts dignitaires de l'Église, bravé tous les périls, et il meurt d'un péché de gourmandise.


Charles le Mauvais savait que le met préféré de Seguin de Badefol était les fruits confits.
Le châtiment de Charles est venu le 1er janvier 1387. Alors qu'il était fortement épuisé à cause de ses débauches permanentes, ses médecins le firent envelopper dans un drap imbibé d'eau de vie. Ceci étant censé lui redonner de la vigueur. Mais un valet mit le feu au drap accidentellement et le roi de Navarre fut brûlé vif. Il succomba dans d'insupportables souffrances, les mêmes que celles qu'il avait fait subir à ses victimes, et qui lui ont valu le surnom de Mauvais. Charles II de Navarre ne sera affublé du surnom de Le Mauvais qu'à partir du XVI e siècle suite aux écrits d'un chroniqueur espagnol. Il fut nommé ainsi à cause de la cruauté avec laquelle il s'était toujours débarrassé de ses ennemis.

Source:

- http://seguin-de-france.com/anecd/actu/partout5b.htm

- http://www.mairie-badefols.com/zfiles/19.pdf?PHPSESSID=058b2e1198bf1c215905a3e2fe0bc078


Posté le 19-02-2013 14:33 par Jimre

Anse - château des Tours


Bâti entre 1213 et 1218 par Renaud de Forez, Archevêque Comte de Lyon, le château d'Anse symbolise la puissance lyonnaise, face au Beaujolais. Composé d'un donjon cylindrique et d'une tour semi-circulaire, reliés par un corps central rectangulaire, sa fonction militaire était uniquement défensive. Il s'agit de l'un des plus vieux châteaux dans son état d'origine.

Le château est ensuite transformé au fil des siècles, en fonction des goûts et des besoins de ses propriétaires successifs.

Le 1er Novembre 1364, Seguin de Badefols s’empara d’Anse, place forte du chapitre qui commandait la Saône et la route de Paris (voir histoire de Saint Cyr au Mont d' Or et de Chazay)

Obsolète du point de vue militaire, il devient uniquement résidentiel au XVe siècle. Le seigneur aménage la cour intérieure, construisant un escalier à vis et une galerie.

Au XVIème siècle, on essaie de renforcer le caractère militaire du château, en dotant la tour d'archères, canonnières et bretèches.

Par la suite, le château n'est plus entretenu. A la Révolution, il est racheté par la municipalité d'Anse. Depuis 1979, l'édifice a connu plusieurs campagnes de restauration. Il abrite désormais des salles d'exposition. Une mosaïque gallo-romaine, découverte en 1843, orne l'une des salles du château. Elle représente des proues de navires stylisées ornées d'un oeil.

L'étude archéologique de la tour a montré qu'elle a gardé un hourd intact depuis 1217. La partie en surplomb de ce dernier fut supprimée au XVIe siècle et remplacée par un mur. Mais la charpente, composée d'un assemblage complexe de pièces de bois, a été conservée.

Source:

Vu sur les panneaux autour du château.


Photos:

- Jimre (2013)


Posté le 17-04-2009 17:46 par Jimre