Aumelas

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Aumelas

Un article trouvé sur Persée et cité en source, ne manquez pas d'aller faire un tour sur ce site 8;-))

Aumelas fait partie de ces châteaux des montagnes languedociennes à première vue décevants pour l'amateur d'ensembles architecturaux « spectaculaires » : pas de tours flanquant de fières courtines crénelées, pas de logis valorisés par de délicats ornements sculptés... 

Il faut avoir à l'esprit que les solutions défensives élaborées, le flanquement systématique des courtines, le commandement des ouvrages les uns par les autres, n'ont été que très rarement adoptées par les châtelains du Midi languedocien, et quand ce fut le cas, après la conquête française. Les grandes forteresses royales des Corbières, dont l'étude a été renouvelée par R. Quehen et D. Dieltiens , n'ont pas été une source d'inspiration majeure pour les propriétaires qui construisaient ou reconstruisaient leur château ; le piètre niveau économique d'une bonne part de la noblesse est une explication, mais il reste aussi que jamais dans la région les constructions n'ont été systématiquement conçues, ni les sites choisis, par rapport à de possibles guerres de siège; en même temps que quelques « nids d'aigle », ordinairement peu durables, il a toujours existé des châteaux situés de telle façon qu'une machine montée à proximité en aurait eu facilement raison seulement la guerre n'était pas censée revêtir ces modalités . 

Aumelas est représentatif de ces châteaux languedociens ; encore que des moyens relativement importants, par rapport à la moyenne de ce qui est observable par ailleurs dans le reste des montagnes, lui aient été consacrés. 

Situé au bord d'un plateau aride, le château était constitué de bâtiments appuyés à une enceinte polygonale, non flanquée, le tout bâti avec un bel appareil régulier. Les logis ont malheureusement pratiquement disparu, mais la chapelle seigneuriale, Saint-Sauveur, reste intéressante.

Tout d'abord par son existence même : différenciée dans les textes dès le début du XIIe siècle de l'église paroissiale du lieu (Sainte-Marie), il semble bien que son usage seigneurial, «privé », puisse être affirmé; ce qui n'est pas le cas de la plupart des chapelles dites de façon ambiguë « castrales » de la région. Seules les plus grandes familles ont installé des lieux de culte d'usage indubitablement restreint dans leurs châteaux. Malgré quelques cas douteux, il semble que les autres ouvraient manifestement plus souvent que l'on ne croit les portes de ces églises « castrales » aux habitants non nobles alentour. 

L'architecture de Saint-Sauveur est soignée mais d'esthétique très simple. Deux travées y étaient séparées par de simples piliers, éclairées de fenêtres plein-cintre à la stéréotomie de qualité, doublement ébrasées, sous archivolte plein-cintre intérieure. Un bandeau mouluré en reglet et chanfrein marque la naissance de la voûte (disparue), à l'intérieur comme à l'extérieur. L'abside semi-circulaire est encore voûtée en cul-de-four. 

La citerne qui s'appuie à l'extérieur de la chapelle présente un dispositif remarquable : sa voûte rampante était intérieurement doublée d'un clayonnage noyé dans l'enduit; une tentative pour une meilleure isolation ? 

Pour ce qui est de la datation, si l'existence de Saint-Sauveur est attestée dès 1114 , l'édifice parvenu jusqu'à nous me paraît quant à lui pouvoir être raccordé à la deuxième moitié du XIIe siècle. A la fin de ce siècle, on sait que l'un des possesseurs du château a laissé ses filles dans une situation financière embarrassée, notamment à cause de ruineuses dépenses en fait de constructions ; peut-être celles-ci ont-elles concerné en particulier cet édifice. 

A une époque plus tardive, peut-être le XIVe siècle, une deuxième enceinte, sommant l'escarpe d'un fossé, protégea le château côté plateau. Elle est percée d'une série de courtes ouvertures pour armes à feu à piédroits monolithes. S'y rattache l'église paroissiale d'Aumelas, Sainte-Marie, citée dès 1118 mais dont l'architecture paraît se rapporter à la fin du XIIIe ou au XIVe siècle. 

Pour terminer cette revue très succincte des principales transformations analysables du château, il faut dire que la chapelle fut, peut-être au début des temps modernes, réutilisée comme une petite forteresse : son mur sud fut reconstruit, ce qui indique qu'alors le château devait être en ruines, et sa partie haute surhaussée, tout cela de façon peu soignée et avec un appareil assez fruste ; l'abside devint un réduit défensif autonome, muni de meurtrières donnant vers l'intérieur du bâtiment. On pense bien sûr à une occupation pendant les guerres de religion. 

En dehors du château mais voisinant avec lui, l'église paroissiale pré-citée est à associer avec un village, aujourd'hui très ruiné, dont quelques vestiges de qualité laissent supposer une occupation en partie noble. 

L'activité économique autour d'Aumelas est mal connue mais l'on sait qu'elle dut être en partie drapière . 

L'étude de la population noble laisse place aussi à bien des questions. En 1036, date de la première mention connue du château , Aumelas est dans l'obédience du vicomte de Béziers, mais au début du XIIe siècle il est passé aux Montpellier qui se l'approprient purement et simplement. Des personnes dont on ne connaît que le prénom leur rendent hommage pour le château; parallèlement, le patronyme d' « Omelas » est attesté, porté par des témoins à divers actes; on peut supposer que ces personnes occupent le château. Dans la deuxième décennie du XIIe  siècle, le château est donné comme héritage à un cadet de la famille de Montpellier, qui prend le patronyme d'Omelas. Résidait-il à la fois à Aumelas et à Montpellier? Son fils Raimbaud, célèbre troubadour préféra sa résidence d'Orange héritée de sa mère, et finit mise en gage après mise en gage par transmettre le château à son beau-frère (1171-1172). Et c'est le fils de celui-ci qui se ruina en dispendieuses constructions, peut-être au château même. Mais pendant ce temps des hommes portant le nom d’Omelas sont toujours cités ; qui sont-ils par rapport à la première famille fondatrice du château ? ne sont-ils que des chevaliers ? vivaient-ils dans des maisons nobles au village ou avaient-ils un logement au château ? Le « fonctionnement » de l'habitat seigneurial n'est toujours pas bien connu. 



Source:
- Journot Florence, Notes sur quelques « monuments méconnus » du Languedoc : Aumelas, Villemagne-l'Argentière, Montpeyroux (Hérault). In: Bulletin Monumental, tome 151, n°1, année 1993. pp. 303-310;
doi : https://doi.org/10.3406/bulmo.1993.3344
Persée: https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1993_num_151_1_3344

Posté le 21-03-2023 11:58 par Jimre

AUMELAS

Situation :

L’imposante silhouette du « castellas » d’Aumelas trône sur le causse et la plaine depuis bientôt 1000 ans. Le mot « castellas » est un terme occitan désignant une fortification médiévale. En vallée de l’Hérault, les castellas d’Aumelas et de Montpeyroux, mais aussi le site fortifié du Rocher des Vierges à Saint-Saturnin de Lucian, sont de véritables modèles du genre.

Symboles du pouvoir seigneurial émergeant dès le Xème siècle dans la vallée. Ces châteaux paraissent encore surveiller les plaines et causses qui les entourent, et ne dorment que d’un œil. Toujours debout malgré les outrages du temps, ce sont eux les premiers que l’on aperçoit au loin depuis bientôt mille ans.

Souvent, ces anciennes places fortes ont été remplacées par de véritables demeures seigneuriales. Axés sur le confort des lieux et la réception d’hôtes, on abandonna les anciennes places fortes pour créer de nouveaux lieux de résidence. Il existe deux cas de figure distincts. On a pu à certains endroits, modifier un site médiéval pour le mettre au goût du jour à l’époque moderne. Ailleurs, on a préféré déserter le « castellas » pour s’installer plus loin, en un lieu moins escarpé et plus facile d’accès.

Castellas et châteaux sont aujourd’hui les témoins du riche passé médiéval de la Vallée de l’Hérault, dont les traditions ont perduré jusqu’à la révolution.

Histoire d’Aumelas:

Lorsqu’après quatre siècles de troubles, qui ont succédé à l’effondrement de l’empire romain, la jeune dynastie capétienne essaie de rétablir un certain contrôle sur le pays, elle s’appuie, entre autres, sur les abbayes qui ont peu à peu investi les campagnes.

Pour s’assurer de leur fidélité, elle leur donne en fiefs de nombreuses bourgades. Ainsi l’abbaye d’Aniane reçoit des droits sur Aumelas dès la fin du VIIIe siècle. Ses abbés les conserveront jusqu’au Xe siècle, moment où les seigneurs commencent à contester le pouvoir des moines et à récupérer leurs biens.

Le château d’Aumelas a été construit par les Guilhem d’Aumelas en 1036 pour contrôler la vallée de l’Hérault.

Le sieur d’Aumelas avait pris, en 1122, sous sa protection, en qualité de baron, tout l’honneur de Carcarès compris entre Saint–Bauzille et les limites d’Aumelas, et depuis Garcias; jusqu’à l’Hérault, moyennant l’albergue de douze chevaliers, ou douze sols melg. A son choix. Cette transaction, qui fut faite entre Guillem d’Aumelas et Pierre, abbé d’Aniane, fut approuvée par la mère de Guillem et du seigneur de Montpellier

La Vicomté d'Aumelas était constituée des châteaux et lieux de : Aumelas, Le Pouget, Pouzols, Saint Bauzille, Vendémian, St Paul et Valmalle, Paulhan, Adissan, Plaissan, Tressan, Popian, St Amans de Teulet, Jourmac, Carabotte, Montarnaud, Cabrials.

Aumelas passe ensuite sous l’autorité des vicomtes de Béziers puis de la lignée des Guilhem de Montpellier. L’histoire d’Aumelas sera dès lors liée à celle de Montpellier avec qui le fief passe sous la tutelle du roi d’Aragon puis de Majorque avant de devenir propriété directe du roi de France en 1349.

Seigneurie puissante, elle a été à l’origine de la famille Orange-Nassau, familles royales des Pays-Bas et d’Angleterre.

Aumelas fut aussi la résidence du troubadour Raimbaut d’Orange et fut érigé en vicomté au XIVe siècle.

Le château connaît des fortunes diverses, les habitants se plaignent souvent que les engagistes (particuliers qui disposent de l’usufruit du fief) l’entretiennent bien mal, voire pillent ses plus belles pierres !

Son rôle de place forte se termine quand Richelieu ordonne son démantèlement : elle avait eu le tort d’abriter des Protestants lors des guerres de religion. 

A partir de 1682, Aumelas redevient une vicomté jusqu’à la Révolution.

Il est aujourd’hui classé monument historique.

Repères chronologiques et Anecdote historique sur la vicomté d'Aumelas expliquant les liens (biens lointains) entre Guilhem d'Aumelas (seigneur d'Aumelas et des villages voisins dont Plaissan) et les cours royales européennes du XXe siècle:

Un relevé archéologique fait apparaître sur le site "des Termes" un ensemble de fosses datant du Néolithique final (3000 à 2500 avant JC) ainsi qu'un ensemble de vestige d'habitations appartenant à des exploitations agricoles des VI, VIIe siècles et époque carolingienne.

Egalement du coté "des Palisses" de nombreux aménagements ruraux datant du Moyen Âge.

Villa Plaxano est connue au début du IXe siècle (829), par des dons à l'abbaye de Gellone d'une ferme et d'une vigne située à coté de cette ferme appartenant déjà à cette abbaye (don de la part de dame Berthilde à l'abbé Ermenaud).

Vers l'an 1128 Guilhem d'Aumelas épouse Tiburge d'Orange. Ils ont quatre enfants (Deux garçons et deux filles). L'un d'eux Raimbaud hérite du nom d'Orange et des biens d'Aumelas et d'une partie des biens d'Orange, mais décèdera sans descendance (Son frère également n'a pas de descendance). Ses biens furent partagés entre ses deux soeurs, l'une (Tiburge de Murviel) hérita des biens d'Aumelas, et l'autre (Tiburge veuve Mornas) des biens d'Orange . Les descendants de Tiburge veuve Mornas prirent ensuite le titre de Prince d'Orange aujourd'hui détenu par la maison NASSAU famille royale des Pays Bas.

Notons également que Guillaume II de NASSAU et prince d'Orange eut pour fils Guillaume III, roi d'Angleterre et ancêtre de la reine d'Angleterre.

Tiburge de Murviel eu pour fils Raymond ATON.

En 1187 Raymond Aton fait don de ses possessions d'Aumelas et de ses dépendances (Plaissan,et les villages voisins), à Guillem VIII de Montpellier.

Entre 1197 et 1329 Plaissan est rattachée à la seigneurie de Montpellier. Le village fut fortifié certainement à cette époque là.

En 1329 Plaissan est séparé du comté d'Aumelas, en effet Jacques II de Majorque seigneur de Montpellier céda Plaissan à Guillaume de Narbonne. Plaissan est une possession de la famille de Narbonne jusqu'en 1384 où les sires d'Arpajon en font l'acquisition. Les sires d'Arpajon sont seigneurs de Plaissan jusqu'en 1624. Puis ce furent successivement les Bézard sieur de Maders et les sieurs de Mirman.

En 1679 La vicomté de Plaissan est érigée par Louis XIV afin d'honorer François de Mirman, elle est formée des terres de Plaissan, Bélarga, Lavagnac, Abeilhan ,Adissan , Roquemengarde et Agusa.

En 1727 Le comte de Polastron seigneur de Montagnac devient seigneur de Plaissan.

En 1765 Le prince de Conti succédé au comte de Polastron.

En 1779 Le Prince de Ventournon sera le dernier seigneur de Plaissan

Surplombant Plaissan, une belle demeure de la fin du XVIIIe siècle dite "Le Château" à certainement succédé à une résidence seigneuriale.

Au XIX siècle l'essor économique à entraîne un développement de l'habitat hors les murs.

S'y rendre

De Montpellier prendre direction Gignac via l’A750. Prendre ensuite la direction d’Aumelas / Le Pouget sur la droite. Une fois entré dans le hameau d’Aumelas, prendre à gauche en direction du Mas de la Grande Rompude. Parking à 500m. Rejoindre le castellas à pied en suivant le chemin.

Aumelas est un endroit idéal pour une découverte dynamique d’un de nos trésors médiévaux. Le site est accessible en randonnée depuis le bas du village.

Aujourd’hui les ruines du château sont toujours en place et on découvrira sur place des fortifications toujours debout, ainsi qu’une partie du donjon et de l’ancienne chapelle castrale Saint Sauveur, tous deux d’architecture romane. A noter de nombreuses ruines fragiles au bas du château alors faites attention!!!

L’église Sainte Marie ou Notre Dame, construite plus tard au XIIIème siècle, est, elle, toujours intacte. La dernière partie du chemin pédestre qui permet de monter au château a été récemment aménagée en sentier botanique composé d’essences méditerranéennes.

Sources:

- Wikipedia

- Vicomte d'Aumelas

- Demeure historique

- Henrydarthenay

- Les châteaux médiévaux

- Saint Guilhem - Vallée de l'Hérault

http://jp.cabrol.pagesperso-orange.fr/

- LaGénéalogie.com

Remerciements à Mr Paré, rencontré, sur les lieux, qui nous a donné et fait parvenir des documents sur le site. 


Photos:

- Jimre (2011, 2023)


Video:

Une vidéo réalisée par nos soins d'Aumelas et une vidéo réalisée par  Image In Air sur le même site. 

N'hésitez pas à aller faire un tour dans notre playlist Rhône Médiéval pour voir nos autres vidéos ainsi que sur la playlist "Les Invités de Rhône Médiéval" pour voir des vidéos réalisées par d'autres personnes sur la même thématique…

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Posté le 06-11-2011 19:41 par Jimre