Taulignan

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Taulignan

Taulignan est une commune du canton de Grignan

- Taulinanum, 1276 (Bibl. nat., mss. fonds lat., 9239, n° 7). 
- Taulinhacum, 1283 (Pilot de Thorey : Inv. des sceaux relatifs au Dauphiné). 
- Castrum de Thaulinhano, 1284 (Valbonnais, II, 118). 
- Castrum de Teulinhano, 1291 (Cart. de Montélimar, 32).
- Castrum. de Toloniano, 1294 (Inv. des Dauphins, 243). 
- Castrum de Teolignano, 1295 (ibid., 241). 
- Toulignone, 1295 (Pilot de Thorey Inv. des sceaux). 
- Castrum de Theulinhans, 1324 (Duchesne : Comtes de Valentinois, 29).
- Castrum de Tauligniaco, 1343 (Cart. de Montélimar, 54). 
- De Toulinhano, 1352 (Long, not. à Grignan). 
- Tolinhan, 1355 (Gall. christ., XVI, 594.) 
- Tolinian, 1383 (arch. de la Drôme, E 5876). 
- Tolignan, Tholignen, 1424 (Duchesne : Comtes de Valentinois,57). 
- Castrum Toulignani, 1442 (Choix de docum., 279). 
- Taulinhacum, 1488 (arch. de la Drôme, E 5955). 
- Teulinhanum, 1560 (ibid., 5956). 
- Tolignan, 1587 (Inv. de Bologne). 
- Theolignan, 1697 (arch. de la Drôme, E 6844).

Avant 1790, Taulignan était une communauté de l'élection, subdélégation et sénéchaussée de Montélimar, formant une paroisse du diocèse de Die, dont l'église dédiée à saint Vincent, Ecclesia Sancli Vincentii Theolinhani 1509 (vis. épisc.), était celle d'un prieuré de l'ordre de Saint-Augustin, congrégation de Saint Ruf, Ecclesia de Tauliniaco, 1128 (J. Chevalier: Hist. de Die, I, 460), Ecclesia de Taulinhano, 1119 (Cart. de Die, 45),  Prioratus de Tholinhans, XIVe siècle (Pouillé de Die), Prioratus de Thionlinhan, 1449 (Pouillé hist.), Prioratus de Theolinhano 1455 ( rôle de décimes ), Prioratus de Taulignano 1519 (ibid.), qui fut uni au séminaire de Die en 1777, et dont le titulaire avait les dimes de cette paroisse.
Au XVIe siècle, le service paroissial se faisait dans une église, sous le vocable de saint Pierre.
Il y avait en outre, à Taulignan, un couvent d'augustins réformés, fondé en 1628 par les Grolée-Viriville, seigneurs du lieu.

Au point de vue féodal, Taulignan était une terre qui dépendait pour moitié de la baronnie de Montauban et pour moitié du comté de Valentinois, celle-ci appartenant tout d'abord à une famille du nom de Taulignan. Les comtes de Valentinois qui possédaient l'autre, pour laquelle ils firent hommage aux Dauphins dès le commencement du XIIIe siècle, donnèrent en 1284 une charte de libertés municipales aux habitants de Taulignan, puis acquirent en 1295 la seconde moitié et, devenus ainsi maitres de toute la terre, en apanagèrent successivement divers de leurs cadets. 
En 1373, ils en dotèrent une de leurs filles mariée chez les Bressieux, dont cette partie de l'héritage fut recueillie en 1410 par les Monteynard, et de ces derniers, Taulignan passa en 1408, par alliance, aux Alleman. 
Il fit ensuite retour aux Monteynard, qui le donnèrent en dot (1613) à une de leurs filles mariée chez les Grolée-Viriville, et ceux-ci s'éteignirent, en 1711, chez les Olivier de Sénozan, qui eurent eux-mêmes pour héritiers, en 1779, les Talleyrand-Périgord, derniers seigneurs de Taulignan.
En 1790, Taulignan devint le chef-lieu d'un canton du district de Montélimar, comprenant les municipalités de Montbrison, la Roche-Saint-Secret, Salles, Taulignan et Teyssières, et il continua de l'être après la réorganisation de l'an VIII, qui retrancha de ce canton la commune de la Roche-Saint-Secret et y ajouta celles de Chamaret, Chantemerle, Colonzelle, Gérignan, Réauville, Roussas, Rousset, Saint-Pantaléon et Valaurie. Mais le 9 frimaire an X, ce chef-lieu fut transféré à Grignan.
En 1698, il y avait à Taulignan 400 chefs de famille taillables, c'est-à-dire payant l'impôt, et, dix ans après, la population de cette communauté était de 1700 âmes.

Les éléments remarquables visibles à Taulignan:

Le château
Taulignan est un bourg castral : le village entourait le château. Le donjon se trouvait à votre droite, à l'emplacement de la salle paroissiale. On distingue encore sa base à votre gauche.
Un fragment rempart existe toujours derrière vous : il sépare la sacristie de l'ancien presbytère. Une tour existait à l'emplacement du chœur actuel de l'église.
Le donjon a été détruit 'au moment de la Révolution. La tour n'a été détruite que lors de l'agrandissement de l'église, vers 1845. Les restes des remparts et des bâtiments ont été progressivement remplacés par de nouvelles constructions mais ils ont laissé une empreinte forte dans le tracé du cadastre actuel : voir les deux plans ci-dessous.
La porte d'Anguille
Le nom d'Anguille donné à cette porte était aussi celui du quartier avoisinant au début du XVe siècle. La première mention dans les archives d'un portail d'Anguille date de 1487 mais il est vraisemblable que cette porte soit plus ancienne.
Sous sa forme actuelle, une voûte encadrée par deux belles tours en fer à cheval, elle a probablement été fortement modifiée voire reconstruite au XVIe siècle.
Son aspect défensif encore bien visible (herse, archères, mâchicoulis) date de cette époque marquée par les troubles dus aux guerres d'Italie et de Religion.
Le trou des Pics
L'origine de cette porte ouverte à la base des remparts a donné lieu à des hypothèses variées.
Le plan du projet d'alignement des secondaires de 1853-1862 montre une impasse aboutissant à un escalier montant sur le rempart et parle d’un projet d’ouverture. Le trou des pics n’existait donc pas encore à cette époque.
La large ouverture prévue en 1862 n’ayant finalement pas été réalisée, il est probable que la porte piétonne actuelle a été ouverte à la fin du XIXe siècle. Les deux maisons situées au sud-ouest ont été démolies à la même époque et ont laissé place au jardin actuel. Ce qui permet de voir l’intérieur du rempart et de mieux comprendre son organisation.
Quant à l’origine du nom, les recensements de l’époque donnant plusieurs familles Pic habitant à proximité, l’une d’elle a peut-être donné son nom à la nouvelle ouverture.
La Poterne ou Pousterle
Cette entrée du bourg fortifié, qui est aujourd'hui la plus large et la plus fréquentée par les véhicules, est en fait assez récente par rapport aux deux portes historiques (portes Boucharde et Anguille). 
Elle n'a été ouverte qu'à la fin du 16e siècle, sur la demande du seigneur de Taulignan, Antoine Alleman, pour son usage personnel. 
Elle était en effet située juste en face du portail du château, qui donnait sur l'actuelle place du château.
Cette ouverture fut décidée le 1er octobre 1579 suite au refus des habitants, quatre mois auparavant, d'ouvrir les portes de l'enceinte du village au seigneur, protestant, en raison des risques encourus en cette période de troubles religieux.
Cette poterne était défendue par une tour demi-ronde qui a servi de prison au XVIe siècle avant d'être rasée pour élargir l'ouverture.
La montée de la Tour
Le nom de la montée de la Tour rappelle le souvenir de la tour qui se trouvait à cet emplacement et qui a été démolie à la fin du XIXe. Cette grosse tour gênait la circulation dans la rue des Petits Remparts (voir le plan d'alignement ci-dessous). Comme son accès se faisait par l'arrière (impasse Georges), sa démolition a permis l'ouverture d'un nouvel accès au bourg fortifié.
Les gravats de démolition ont servi de remblais pour l'édification de la place de la République, vers 1865-1866.
Les fondations de cette tour existent toujours juste sous la chaussée et ont été en partie visibles lors des travaux de réfection de la rue fin 2018 : important massif de pierres et de mortier de chaux, en bas à gauche de la photo ci-dessous.
Le vallat du Loup
La partie des remparts situés derrière vous a été fortement remaniée au XIXe siècle. Ces « petits remparts » étaient bordés par des jardins situés de part et d'autre d'un fossé, le vallat (ou valat) du Loup, bien visible sur plusieurs plans du 19e siècle.
Ce vallat, bordé par les murs des jardins, récoltait les eaux provenant du village (par la porte d'Anguille) et du faubourg nord. Le vallat du Loup se jette dans la Rialhe un peu plus au sud.
À la fin du XIXe siècle, dans le cadre d'un plan d'alignement général du bourg, les jardins situés entre les remparts et le vallat ont été supprimés et remblayés et le fossé lui-même a été recouvert sur toute sa longueur.
L'ouverture récente, protégée par une grille, permet de voir la confluence de ses deux bras.
La maison Soudan
Maison d'un grand marchand du XVe-XVle siècles. La maison incluse entre deux soustets (constructions enjambant la rue) est remarquable pour son avant-toit débordant sur aisseliers en bois contemporain de la façade, avec laquelle il forme un tout à but ostentatoire. C'est un exemplaire devenu rarissime de charpente médiévale méridionale.
A la base de l'avant-toit on peut voir, de gauche à droite : un écu, un chapiteau, deux anges face à face, et une lionne.
Les traces d'ancrages verticaux entre les fenêtres non couvertes à gauche indiquent que l'avant-toit se poursuivait sur toute la façade.
La maison organisée autour d'une cour intérieure et d'un escalier en vis recèle également des graffitis hébraïques.



Source:
- Dictionnaire topographique du département de la Drôme par J. Brun-Durand trouvé sur Gallica.fr 
- Panneaux situés dans le village fortifié disponibles pendant la visite

Photos:
- Jimre (2023)

Posté le 05-11-2023 15:38 par Jimre