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Vauvenargues

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Les Patouches (2023) 

Posté le 04-09-2023 11:35 par Jimre

Abbaye de Saint Michel de Frigolet

Norbert, le fondateur

Norbert est né sers 1080 à Xanten, non loin de Cologne, dans une famille de haute noblesse germanique.

Sa carrière est toute tracée : placé dès l'enfance à la collégiale de Xanten, il reçoit une éducation soignée.

Le jeune chanoine laïc, intelligent, charmant, est bientôt chapelain la cour de l'archevêque Frédéric de Cologne, puis, en 1110, auprès de l’empereur Henri V.

C'est l'époque où l'Église cherche à se libérer de l’entrave des pouvoirs civils pour retrouver la sève évangélique. Norbert, clerc et courtisan, hésite.

Vers 1115, un jour d’orage printanier dans la forêt de Freden, la foudre tombe au pied de son cheval et le renverse.

L'ecclésiastique mondain et riche entend le Seigneur lui demander ce qu'il fait de sa vie et c’est la Conversion immédiate. Norbert abandonne fortune et carrière, reçoit l’ordination sacerdotale. Pieds nus, à marche forcée dans la neige, il traverse la France pour demander au pape Gélase I ‘autorisation de prêcher.

1121, les vœux religieux

Les pérégrinations apostoliques de Norbert se terminent en 1119 au concile de Reims, où le pape Calixte Il confie ce pèlerin « fou de Dieu » aux bons soins de Lévêque de Laon, Barthélemy de Joux. Celui-ci l'installe à Prémontré, dans la forêt de Saint-Gobain (Aisne). Recruteur charismatique, Norbert est rejoint par de nombreux compagnons. Tous s'engagent par les vœux religieux, pour la première fois dans l'histoire de l'Ordre, à Noël 1121.

1126, archevêque de Magdebourg

En 1125, à Rome. Norbert obtient l’approbation papale pour sa nouvelle famille, qui compte déjà huit maisons.

Mais l’année suivante, de façon imprévue, sa vie change : il est élu archevêque de Magdebourg, dans la lointaine Saxe encore à évangéliser. Le 18 juillet 1126, il entre, vêtu comme un pauvre, dans sa ville épiscopale, affirmant ainsi sa volonté de réformer les mœurs du clergé enrichi.

Les huit années de son épiscopat sont riches en projets missionnaires (la conversion des Wendes) pour lesquels il appelle â son secours des frères de Prémontré, fondant des monastères à Magdebourg, à Pöhlde ou Gottesgnaden. 

Norbert, archichancelier de l’Empire, est honoré de la confiance de l'empereur Lothaire.

Il intervient, avec son ami Bernard de Clairvaux, pour défendre le pape Innocent contre l'antipape Anaclet.

Il meurt de la malaria, contractée en Italie, le 6juin 1134.

Travaux 2021 - 2023 concernant la Restauration de la basilique

« Nous avons besoin de vous !!! »

Abbaye saint-michel de Frigolet

« Je partis pour un endroit nommé Saint-Michel de Frigolet...

Ô arômes ! Ô clartés ! Ô délices ! Ô mirages !  Ô paix de la nature douce ! »

C'est par ces vers que Frédéric Mistral (Prix Nobel de littérature en 1904) chantait cette abbaye où il avait étudié enfant (1839-1841).

Située au cœur de la « Vendée provençale » dans le massif de la Montagnette, entre Avignon et Tarascon, l'abbaye Saint-Michel de Frigolet est là depuis près d'un millénaire après toutes les vicissitudes de l'histoire (Révolution française, expulsions...)

Grâce à un air embaumé de parfums de thym, de romarin, de pins..., au chant des cigales, elle jouit d'un cadre exceptionnel.

Travaux

Le budget des travaux de restauration se présente ainsi :

1.- Dépenses : 1.100.000 € pour Couverture, clochers, façade

2.- Recettes

Subventions : 1.100.000 € dont Emprunts 400.000 €, Fonds 300.000 € et Fonds recherchés 400.000 €

La complexité des constructions témoigne des multiples occupations qu'elle a connues. Il est bien difficile de dater les différentes parties anciennes de l'abbaye, à l'exception :

- de l'église Saint-Michel et du cloitre qui datent du XIe siècle,

- de la chapelle néo-romane de Notre-Dame du Bon Remède, et de la salle du chapitre du XVIIe siècle

Les constructeurs de chaque époque ont pris soin de bâtir dans la continuité des édifices précédents jusqu'aux derniers aménagements du Père Boulbon, qui ont donné à l'abbaye de ce caractère de forteresse dépeint par les artistes du XIXe siècle.

Les derniers travaux de restauration (2013) se sont inscrits dans une démarche de revalorisation du bâti du XIXe siècle, en permettant de redonner à lire pour chaque bâtiment la période qui lui est caractéristique, de manière à retrouver le caractère de l'abbaye de telle qu'elle était la fin du XIXe siècle

Opération de restauration de la basilique

L'Ordre Religieux des Prémontrés, propriétaire dc l'abbaye, a délégué la maitrise d'ouvrage de cette restauration à l'association - loi 1901 – « Frigolet, Culture, Patrimoine, Nature » dont la mission est de promouvoir le site.

Le maitre d'œuvre est le cabinet RL&A, architecte D. REPELLIN.

Les travaux dc restauration prévus concernent une première phase du schéma directeur élaboré en 2017. Ils correspondent essentiellement à des travaux situés sur :

- la couverture de la nef soumise à de fortes sollicitations en lien avec le mistral,

- les 2 clochers et leurs flèches,

- la façade ouest.

Reduction fiscale

En adressant vos dons pour la « Restauration de l'Abbaye de Frigolet » aux organismes d'intérêt général, vous bénéficiez d 'importants avantages fiscaux

• 66% à déduire de votre impôt surle revenu,

• 75% de votre IFI,

• 60% de l'impôt sur les sociétés.

Comment faire ?

Adresser vos dons ou legs avec la mention « Restauration de l'abbaye de Frigolet » â :

- Frigolet Culture Patrimoine Nature

St Michel de Frigolet, 13150 TARASCON

Tel : 04 9095 7007

IBAN : FR76 1460 7002 2300 2316 8000 038

www.frigolet.com

Ou

- Fondation des Monastères

14, rue Brunel 75017 PARIS

Tel : 01 45 31 02 02


Source:

- Panneaux trouvés lors de la visite


Photos:

- Jimre (2023)

Posté le 08-05-2023 08:47 par Jimre

Vitrolles

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- Jimre (2011)

Posté le 16-12-2021 11:39 par Jimre

Vernegues

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- Jimre (2009)

Posté le 16-12-2021 11:38 par Jimre

Saint Andiol

Photos:

- Jimre (2020)

Posté le 16-12-2021 11:34 par Jimre

Roquemartine

Photos:

- Jimre (2009, 2010)

Posté le 16-12-2021 11:33 par Jimre

Puyricard

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- Jimre (2010)

Posté le 16-12-2021 11:31 par Jimre

Miramas le Vieux

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- Jimre (2011)

Posté le 16-12-2021 11:30 par Jimre

Jouques

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- Jimre (2019)

Posté le 16-12-2021 11:26 par Jimre

Eyguieres

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- Jimre (2018)

Posté le 16-12-2021 11:25 par Jimre

Allauch

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- Jimre (2012)

Posté le 16-12-2021 11:15 par Jimre

Boulbon

C’est une carcasse vide que cet ancien château des sires de Bourbon, un nom compromettant modifié sur le tard. Son donjon fantôme et sa courtine aux corbeaux inutiles n’enferment plus qu’herbe et roche nue.

Boulbon coupe du donjon d'après les sources

De son histoire, on sait seulement qu’aux frontières de la Provence, il vit passer les soudards de Raimond de Turenne, seigneur des Baux, et qu’au XVIIe siècle, les barons de Raousset y adjoignirent un beau logis et d’aimables jardins en terrasse.

Le tout partit en fumée avec la Révolution, ne laissant qu’éboulis confus.

Gaston de Raousset-Boulbon, ultime héritier quelque peu flibustier, rêvait, lui, de devenir roi au Mexique. Il y finit fusillé en 1854.


Source:

- livre "500 châteaux de France, un patrimoine d'exception" de Josyane et Alain Caissagne, textes de Sophie Bogrow, éditions de La Martinière.

- Plan fourni par Nano.M d'après Dictionnaire des châteaux et fortifications du moyen âge en France, Charles-Laurent Salch, éditions Publitotal. 


Posté le 12-10-2021 16:12 par Jimre

Tarascon

Ses lignes épurées, presque aériennes, se reflètent dans les eaux du Rhône. Tarascon, puissante forteresse, est un château-île, bâti dans un calcaire blanc, autrefois éclatant, aujourd’hui doucement patiné par les ans.

Tarascon plan du château d'après les sources

Bâti sur un rocher baigné par les eaux du Rhône, le château est séparé de la terre ferme par un profond fossé creusé dans le roc. Le bâtiment principal, haut de 45 m relie ses trois tours carrées à deux tours rondes. Une terrasse, que le roi René surnommait « mon haut retraict », offre une vue imprenable sur toute la région. Au nord, une avant-cour est enveloppée de courtines peu élevées qui, grande innovation, sont de plain-pied avec les quatre tours regardant la ville, facilitant ainsi la tâche des défenseurs.

Authentique forteresse, Tarascon n’en néglige pas moins l’un des apports de l’art militaire de la fin du XIIIe siècle, l’artillerie. En effet, aucun aménagement n’a été réalisé pour accueillir des canons.

Nous sommes en 1480, et sur la route qui mène de Tarascon en Avignon, toute proche, une charrette transporte un cadavre volé : c’est celui de René Ier le Bon, comte de Provence, roi détrôné de Naples, qui vient de trépasser. Dans son testament, le roi René a prévu un minutieux partage de sa dépouille.

Ses entrailles resteraient à Aix, auprès de ses chers sujets provençaux, mais son cœur reviendrait aux Angevins. Une telle pratique parait macabre aujourd’hui mais elle était courante au Moyen Age.

Quoiqu’il en soit, peu satisfaits de cette partition, les Aixois prétendent conserver le royal cadavre tout entier dans leur cathédrale C’est compter sans la ténacité de la veuve du roi défunt. En effet, Jeanne de Laval, sa seconde épouse, organise un enlèvement en pleine nuit. Dissimulé dans une barrique de vin d’Anjou, le corps de René le Bon est transporté jusqu’à la Cité des Papes, et de là, embarqué vers Angers. Il y reposera paisiblement jusqu’à la Révolution, où son tombeau sera profané et ses ossements dispersés.

Curieux destin que celui du roi René qui, après une vie d’errance, tarda même à trouver le repos éternel !

Héritier du comté de Provence, duc d’Anjou et duc de Lorraine par alliance, René Ier le Bon (1409-1480), il dut faire face aux visées d’un cousin mécontent, de surcroit allié au puissant duc de Bourgogne, qui lui déclare la guerre. Capturé en 1431, libéré six ans plus tard contre une forte rançon, le prince dépossédé, qui a accueilli entre-temps le double héritage angevin et provençal, entreprend sans succès de faire valoir ses droits sur la couronne de Naples contre Alphonse d’Aragon. Longtemps le mirage italien continuera de hanter l’imagination de ses cousins les rois de France. René vint terminer à Tarascon une vie d’ambitions déçues fertile en pérégrinations.

Dans cette existence riche en rebondissements, Tarascon fut, avec ses résidences d’Aix et d’Angers, l’un de ses seuls points d’attache. Il faut dire que le sort s’acharna sur ce cadet à la physionomie peu aimable mais à l’intelligence affutée, qui ne cessa d’hériter de possessions dont des concurrents jaloux n’eurent de cesse de le dépouiller.

C’est Louis II d’Anjou, père de René, qui entreprend à partir de 1400 la reconstruction de Tarascon.

Place forte stratégique, elle marque, face à Beaucaire la Française, la frontière occidentale de la Provence. Après l’édification de l’enceinte et des tours, achevées en 1406, les travaux se poursuivent sous Louis III, entre 1426 et 1435. C’est le maitre architecte Jean Robert qui donne les plans de l’étroite cour intérieure, remarquable pour son style flamboyant et des ailes est et sud-est. Le château est pratiquement terminé lorsque Louis III, parti guerroyer à Naples, y trouve la mort.

La femme de son frère, Isabelle de Lorraine, s’y installe en attendant la libération de son mari, René le Bon, alors prisonnier du duc de Bourgogne.

René séjourne entre 1447 et 1449 à Tarascon, dont il parachève l’aménagement intérieur, digne des somptueuses résidences de ses cousins Orléans et Berry. Ornées de riches tapisseries, les salles du château, qui reçurent bien des hôtes de marques, comme le poète Charles d’Orléans, résonnent du bruit des fêtes fastueuses, tandis qu’à l’extérieur se déroulent joutes et tournois.

Resté dans les annales, le tournoi du Pas de la Bergère ne dura pas moins de trois jours.

Si le roi René se fait plus rare, en Provence jusqu’en 1470, date à partir de laquelle il s’y fixe définitivement, l’attachement des Provençaux au roi René ne semble pas seulement relever de la légende.

Le roi se montre simple et bonhomme, attentif à la vie du petit peuple et aux traditions provençales, prétexte à réjouissances populaires. Fin lettré, le roi s’entoure de grands artistes comme le peintre Nicolas Froment et compose lui-même, outre des rondeaux et des cantiques, un traité des tournois, un roman, le Livre du cœur d’amour épris ainsi qu’un dialogue mystique, dont la paternité lui est cependant contestée.

La Provence étant revenue à la Couronne de France peu après le décès du roi René et la mort de Charles du Maine, son héritier, Tarascon perd tout intérêt stratégique. Transformé en prison, le château accueille en 1642 le favori de Louis XIII, Cinq-Mars, et son complice De Thou, convaincus de trahison par Richelieu, alors qu’on les emmène vers Lyon où ils seront décapités. Dix ans plus tard, il subit un bref assaut pendant la Fronde, puis sombre définitivement dans l’ennui de la vie carcérale. Il faudra attendre le XXe siècle pour que les pouvoirs publics entreprennent une restauration systématique. 


Sources:

- Fiche sur Tarascon de la collection Châteaux Passions aux Editions Atlas

- Plan fourni par Nano.M d'après Dictionnaire des châteaux et fortifications du moyen âge en France, Charles-Laurent Salch, éditions Publitotal.

Posté le 08-10-2019 20:11 par Jimre

Marseille au Moyen Age

Les invasions barbares (414-536)

Entre 414 et 536, les peuples "barbares" se succèdent en Basse-Provence marquant la fin du monde gréco-romain qu'avait connu Marseille depuis près d'un millénaire.

Les Wisigoths, après avoir conquis et pillé l’Italie sous la conduite d'Alaric Ier envahirent le sud de la France et l'Espagne (412-415) chassant les Vandales et les Suèves. Ils firent le siège de Marseille en 414 mais ne réussirent pas à pénétrer dans la cité. Rome les installa en tant que fédérés dans la Septimanie (Languedoc et Roussillon) et en Espagne.

Les Burgondes dont le roi était Gondebaud, qui dominaient la Lyonnaise, le Dauphiné, la Savoie traitèrent en 472 avec le roi des Wisigoths, Alaric II, pour la possession de la Basse-Provence et de Marseille, où ils entrèrent en 474. Puis, les Ostrogoths, pénétrèrent à leur tour en Provence ; leur roi Théodoric le Grand négocia avec les Burgondes et acquit la possession de toute cette région, y compris Marseille (512). Théodoric nomma Marobodus gouverneur de Marseille et établit dans cette ville de vastes entrepôts de grains et de munitions.

Les Francs de Clovis qui avaient battu les Wisigoths à Vouillé en 507 s'avancèrent à leur tour vers la Basse-Provence. Vitigès, chef des Ostrogoths voulant réserver toutes ses forces contre Bélisaire qui occupait Rome pour le compte de l'empereur d'Orient Justinien, traita avec eux et leur céda toute la Provence avec Marseille (536).

Pendant toute cette période, Marseille avait maintenu sa prospérité commerciale, et relativement son indépendance culturelle. Au milieu du VIe siècle, Marseille intègre le monde Franc et l'emprise de la chrétienté s'affermit.

L'âge d'or du VIe siècle

Marseille se développe à nouveau à partir du Ve siècle de notre ère. À l'intérieur de la ville, la construction d'une première grande cathédrale marque la puissance de l'évêque, probablement Proculus, qui tient à rivaliser avec Arles. Deux basiliques funéraires ont été retrouvées en fouille. L'une, hypothétique, fouillée pour moitié dans l'emprise des immeubles du cours Belsunce par J. et Y. Rigoir en 1959 et par G. Bertucchi dans la construction du Centre Bourse en 1974. La seconde est clairement attestée par la fouille de M. Moliner, rue Malaval (2003-2004), avec la découverte d'une memoria intacte sous le chœur.

Sur la corne du port, comblée, se développe un habitat dont on retrouve la trace, hors les murs, jusqu'à l'actuelle bibliothèque de l'Alcazar (fouille M. Bouiron). Sur ce site, on a pu mettre en évidence une continuité directe avec les constructions romaines ; un groupe de bâtiments se développe progressivement entre le Ve siècle et le VIIe siècle, avec dans un dernier état, un vaste bâtiment de type entrepôt. Les bâtiments sont abandonnés au début du VIIIe siècle.

La vitalité du commerce est perceptible par les découvertes de productions céramiques venant de toute la Méditerranée, témoins privilégiés des marchandises qui affluent à Marseille durant la période ostrogothique et mérovingienne. Puis, prise dans les remous des conflits entre rois francs, la ville semble perdre de son importance à partir de la reprise en main de la Provence par Charles Martel et le pillage de la ville qui l'accompagne.

Les temps troubles (VIIIe et IXe siècles)

En 737, les Francs prennent la ville, la pillent, mettent fin à ses velléités d'indépendance. Il existe peu d'informations sur la Marseille carolingienne, mais il semble que la ville connait ses heures les plus sombres. Les évêques, souvent moines de Saint-Victor comme vers 780, Mauront ou Wadalde (entre 814 et 818) s'efforcent de maintenir leur église. C'est une période très difficile pour la ville, qui est régulièrement pillée par les Sarrasins en 838, par les pirates byzantins en 848, et de nombreux raids sarrasins jusqu'en 923. La population se replie sur une étroite portion de la ville, dit Château Babon : un réduit fortifié construit entre l'entrée du port et la place de Lenche.

En 843, avec le partage de l'Empire carolingien au Traité de Verdun, Marseille fait partie de la Lotharingie et restera Terre d'Empire jusqu'au XVe siècle. Marseille se relèvera lentement de ces deux siècles de dévastations. Dès 904, l'abbaye de Saint-Victor se voit dotée de la rive sud du port par le roi de Provence Louis l'Aveugle. L'absence de mentions dans les chroniques nordiques ne permet pas toutefois d'imaginer que Marseille perd sa place de porte vers la Méditerranée. Il faut toutefois admettre que l'époque reste incertaine, avec les démêlés des derniers carolingiens tout entiers tournés vers l'Italie et n'hésitant pas à traiter avec les Sarrasins lorsque leurs ambitions le nécessitent. Ainsi en 923, ils dévastent le monastère de Saint-Victor et le territoire marseillais. À partir du milieu du Xe siècle, la situation se stabilise. Le comte de Provence choisit un frère de l'évêque Honoratus de Marseille, fils d'Arlulf de Marseille, Guillaume, comme vicomte de Marseille. Ses descendants seront pendant plusieurs générations, soit évêques, soit vicomtes de Marseille.

La topographie de la ville se laisse difficilement percevoir. Il existe une fortification réduite sur le sommet de la butte Saint-Laurent, c'est le château Babon (castrum Babonis) des textes du XIIe siècle. Le nom de Babon fait référence à un évêque, mentionné à propos d'un polyptyque perdu de l'abbaye de Saint-Sauveur, et qui pourrait avoir exercé au cours du IXe siècle. La délimitation de cette enceinte est difficile car cette fortification a déjà pratiquement disparu à la fin du XIVe siècle. Aucun vestige n'en est connu. Englobant une partie de la ville haute appartenant à l'évêque, elle devait contenir la zone du fort Saint-Jean et arriver jusqu'à la rue Fontaine-des-Vents, au voisinage de l'actuelle place de Lenche. M. Bouiron a mis en évidence, au contact de cette fortification, un deuxième ensemble fortifié centré autour de la Major, le bourg de la Major qui contient une partie de la butte des Moulins. La mention dans la charte de 904, d'un castrum, a été interprétée anciennement comme une mention du Château Babon. Il semble plus vraisemblable de voir, en association avec d'autres mentions d'archives, une troisième fortification, celle-ci relevant du comte, autour de l'ancienne porte d'Italie et du Tholonée, lieu de perception du péage. Ainsi se dessine une ville multipolaire, à l'image de tant d'autres villes du haut Moyen Âge.

Marseille médiévale

Passé l'an mille, Marseille se révèle à nouveau un port florissant qui participe aux Croisades. Les Marseillais sont présents en Afrique du Nord et possèdent un quartier à Saint-Jean d'Acre. Si la prise de cette dernière met un terme à l'aventure en Terre Sainte, leur présence est largement attestée en Méditerranée tout au long du Moyen Âge. La prise de la ville par les Catalans en 1423 et la destruction qui s'est ensuivie ont occasionné un profond déclin à la fin du Moyen Âge.

La puissance de Saint-Victor (950-1150)

Durant la première moitié du XIe siècle, la stabilité politique et le développement de l'abbaye de Saint-Victor renforcent le développement de la cité. L'indivision entre évêques et vicomtes profite à l'ensemble de la cité, dont la division héritée du haut Moyen Âge s'estompe progressivement. La refondation du couvent de Saint-Sauveur (à l'emplacement de l'église des Accoules), vers 1030, au centre de l'espace situé entre l'ancienne ville comtale et l'ancienne ville épiscopale, a dû s'accompagner d'une renaissance de l'habitat dans cette zone.

À la fin de cette période, la vie s'organise à Marseille entre trois pouvoirs stables, les vicomtes, l'évêque et l'abbé de Saint-Victor. En 976, l'évêque Honorat quitte le monastère et une nouvelle communauté monastique se reforme. L'évêque de Marseille Honorat, introduisant la règle de saint Benoît à l'abbaye de Saint-Victor par une charte du 31 octobre 977. Cette règle implique la mise en place de la libertas sur tous les plans, judiciaire comme économique. Aussi, en 1005, avant de quitter sa charge et de la transmettre à son neveu, Pons Ier, Honorat sépare les menses épiscopales et abbatiales. Les moines choisissent alors comme abbé Guifred, qui dirigeait déjà la communauté depuis l'abbaye de Psalmodie, dans le Gard.

Cette installation des bénédictins inaugure une période brillante pour Saint-Victor, sous la conduite d'hommes remarquables comme les abbés Wilfred ou Guifred (1005-1020) et Isarn (1020-1047). Ce dernier est très lié à Odilon, abbé de Cluny : « Ces deux lumières du monde ne formaient qu'un seul cœur, une seule âme ».

Le fort rayonnement de l'abbaye est également dû aux liens qui unissent les abbés de Saint-Victor aux vicomtes de Marseille et à l'aristocratie provençale, ce qui favorise l'accroissement de son pouvoir temporel et de son patrimoine foncier. Durant cette période où l'abbaye exerce une profonde influence spirituelle et culturelle dans une Provence en pleine réorganisation politique et religieuse, les possessions territoriales de l’abbaye s’accroissent considérablement : rien que dans le diocèse de Marseille, 440 églises et prieurés dépendent de Saint-Victor aux XIe et XIIe siècles. L’abbaye compte également des dépendances dans ceux d’Aix, Fréjus-Toulon, Riez, Gap, Embrun et Vaison-la-Romaine et jusques dans les diocèses d'Auvergne (Saint-Flour, Mende, Rodez), du Languedoc (Nîmes, Béziers, Agde, Narbonne, Albi, Toulouse) en Bigorre et en Catalogne (Barcelone). Elle obtient des possessions jusqu'en Sardaigne (Cagliari, Sassari) et en Castille (Tolède).

À Marseille, toute la rive sud du Vieux-Port appartient désormais aux moines, en particulier la zone sud-est jusqu'à l'actuelle rue Beauvau, où se trouvent de riches salines qu'ils conservent jusqu'à ce que François Ier les annexe en 1518 pour agrandir l'arsenal des Galères. Ils obtiennent le privilège de l'eau jusqu'à la mer. Peu à peu, ils essaiment à travers tout la vicomté, créent plus de soixante prieurés et deviennent l'un des principaux aménageurs agricoles du sud de la Provence. Plus d'une soixantaine de moines et vingt novices vivent à l'abbaye. Saint-Victor redevient un grand centre spirituel et de formation.

L'église supérieure est entièrement reconstruite et est consacrée par le pape Benoît IX, le 15 octobre 1040. Bien que cet acte soit apocryphe, on en a conclu que les scribes ont utilisé un original qu'ils ont modifié pour renforcer le rôle de Saint-Victor au détriment d'Arles, en accordant à l'abbaye le titre de « Secunda Roma ».

Au cours de la deuxième moitié du XIe siècle, les abbés de Saint-Victor sont Pierre (1047-1060), Durand (1060-1065), Bernard de Millau (1065 - 1079) et Richard de Millau (1079-1106). Ce dernier est déjà cardinal lorsqu'il est désigné par le pape pour succéder à son frère Bernard. Il est un des agents les plus actifs de la réforme grégorienne et un des meilleurs auxiliaires des papes Grégoire VII et Urbain II.

Saint-Victor bénéficie d'un avantage exceptionnel en relevant directement du Saint-Siège et non de l’évêque grâce à une bulle du pape Léon IX. Les papes successifs donnent mandat à l'abbaye pour réformer nombre d'anciens monastères. Cardinal lors de son élection en 1079, Richard de Millau devient légat du pape Grégoire VII, puis archevêque de Narbonne, continuant à diriger la communauté. Les abbés de Saint-Victor deviennent au XIe siècle les hommes les plus puissants de la région. En 1073, c'est Raymond, un moine de l'abbaye qui devient évêque de Marseille.

La réalisation du grand cartulaire de Saint-Victor vers 1070-1080 marque l'aboutissement du processus par lequel l'abbaye rompt tous ses liens formels avec l'évêque de Marseille et la famille vicomtale, et s'érige en seigneurie monastique directement soumise au pape. Toutefois à la mort de Grégoire VII, les monastères réformés par Saint-Victor reprennent leur indépendance.

La rivalité des comtes et des évêques

Le caractère turbulent de la cité apparaît de manière récurrente dans l'histoire de la ville. La topographie et le caractère marin des marseillais font que les comtes de Provence ont du mal à contrôler Marseille grâce à leur indépendance commerciale. De nombreux conflits éclatent au xiiie siècle. En 1209, la ville est « interdite » par le légat du pape. Excommunication d'Hugues Fer. En 1216, les habitants de la basse ville entrent en révolte contre l'évêque. En 1218 puis en 1229, après une nouvelle révolte contre l'évêque, l'« interdiction » de la ville et l'excommunication de ses habitants sont prononcées. Elle reconnaît la suzeraineté de Raymond VII de Toulouse. Elle refuse celle de Raimond Bérenger V. L'affrontement se calmera en 1252 avec les premiers accords de paix entre Charles d'Anjou et Marseille, qui s'est soumise.

Autre malheur, la grande peste pénétra en Europe par le port phocéen en 1347.

Le sac de Marseille en 1423

Il a été perpétré par les troupes du roi Alphonse V d'Aragon entre les 20 et 23 novembre 1423.

La seconde maison d'Anjou-Provence et la maison d'Aragon déjà détentrice de la Sicile, s'opposent pour la possession du royaume de Naples.

Le roi de Naples Ladislas, le vainqueur de Louis II d’Anjou, meurt à Naples le 6 août 1414. N'ayant pas d’enfants, il a pour successeur sa sœur Jeanne II, âgée d’environ quarante-cinq ans et veuve du duc Guillaume d'Autriche. Elle est reconnue comme reine de Naples par le pape Martin V élu au concile de Constance qui met fin au Grand Schisme d’Occident. Elle est couronnée reine de Naples le 28 otobre 1419 par Morosini légat du pape.

Mais Jeanne II et Martin V ne conservent pas de bons rapports, et le pape change d'avis. Il transfère alors la couronne à Louis III d'Anjou, fils de Louis II. Grâce au concours des galères génoises et marseillaises, Louis III part pour l'Italie du sud et arrive devant Naples le 15 août 1420. Jeanne II appelle alors à son secours Alphonse V d'Aragon qui arrive avec ses propres galères devant Naples assiégée par Louis III et libère la ville. Mais l'entente ne dure pas entre Jeanne II et Alphonse V car ce dernier ne veut pas se contenter de sa situation d'héritier du trône mais veut prendre le pouvoir. Jeanne II change à nouveau d'alliance et adopte à son tour Louis III en renouvelant le 21 juin 1423 au profit de ce dernier la donation du royaume que la reine Jeanne Ire de Naples avait autrefois signée en faveur de Louis I. Cet acte faisait du roi d'Aragon l'ennemi implacable de la maison d'Anjou.

Le pape Martin V et Louis III interviennent auprès de Filippo Maria Visconti, duc de Milan, pour qu'il réunisse à Pise une flotte pour attaquer Naples. Devant cette menace et sachant que son beau-frère le roi de Castille menace ses États, Alphonse V décide en octobre 1423 de retourner en Aragon. Sachant que la ville de Marseille est en partie désarmée pour soutenir la campagne d’Italie de Louis III, il décide sur le chemin du retour d'attaquer cette ville.

Le gouvernement municipal marseillais n'ignore pas la menace que faisait planer sur la ville le passage de la flotte ennemie le long des cotes provençales. Cette flotte composée de dix-huit galères et de douze vaisseaux avait été aperçue à Nice puis à Toulon. Les Marseillais en avaient été avertis.

Dès le mois d'octobre le trésor de l'abbaye de Saint-Victor ainsi que les reliques de Saint Louis d’Anjou conservées au couvent des frères mineurs sont mis à l’abri à l’intérieur des remparts.

Malheureusement la ville ne disposait pour défendre les remparts que de trois cent soixante hommes médiocrement armés. Mais aussi et surtout Marseille était privée de sa flotte, Louis III ayant sans doute emmené avec lui à Naples les meilleurs navires du port. De plus, les bâtiments qui avaient échappé à cette réquisition avaient probablement regagné le port pour y être désarmés en vue de l'approche de l’hiver.

La ville médiévale est située entièrement sur la rive nord du Vieux Port. Elle se concentre autour des buttes de Saint-Laurent, des Moulins et des Carmes. Les remparts commençaient à peu près au bas de l'actuelle Canebière, suivaient le cours Belsunce, atteignaient le rivage au niveau de la cathédrale de la Major puis rejoignaient la tour Maubert, actuellement tour du roi René à l'intérieur du fort Saint-Jean. Au fond du port mais à l'extérieur des remparts, se trouvait à l'emplacement de l'actuel quai des Belges, le plan Fourmiguier réservé à la construction navale. La rive sud de la ville située au nord du Vieux Port n'était pas protégée par des remparts. Toute la rive méridionale du Vieux Port appartenait à l'abbaye de Saint-Victor et n'était pas urbanisée.

Le système de défense du port tel que l'on peut le reconstituer à partir de documents d'archives était tout entier concentré au niveau de la passe. L'entrée du port large d'une centaine de mètres se composait de deux parties bien distinctes. La partie sud sur environ soixante dix mètres était obstruée par des rochers plus ou moins affleurants interdisant le passage des navires. Seule la partie nord sur une largeur de trente mètres environ constituait la passe navigable.

Pour contrôler le passage une chaîne amovible barrait cette passe ; mais la difficulté de tendre une chaîne sur une trentaine de mètres avait conduit à diviser la passe en deux chenaux à peu près égaux. Pour cela une tour probablement en bois est construite au milieu ; deux chaînes de quinze mètres environ permettent d’interdire ou d’autoriser le passage dans le port.

Le 18 novembre 1423, les surveillants des postes de guet de Marseilleveyre et de la Garde signalent l'arrivée de la flotte aragonaise au large de la ville. Le 20 novembre un premier contingent de soldats débarque dans une anse située à l’ouest de Saint-Victor, probablement l'anse des Catalans (qui ne prendra cette dénomination qu'au xviiie siècle et pour une autre raison car c'est dans cette crique que des pêcheurs catalans s'installèrent après la peste de 1720). Les Aragonais prennent possession de l'abbaye de Saint-Victor et de la chapelle Saint-Nicolas.

Malgré une résistance farouche des défenseurs de la tour Maubert qui se trouvait à l'emplacement de l’actuelle tour du roi René dans le fort Saint-Jean, la lourde chaîne qui barre l'entrée du port est brisée et les galères catalanes pénètrent dans le port. La nef de Bertrand Forbin qui avait été placée devant la chaîne pour interdire l'entrée du port est coulée par quatre galères catalanes.

Le pillage de la ville

La rive nord du vieux port actuel est réservée au commerce et à l'accostage des navires pour le chargement et le déchargement des marchandises ; elle est dépourvue de remparts de protection. Les habitants se défendent maison par maison, mais les Catalans y mettent le feu. Les habitations aux fortes charpentes de bois s'embrasent d’autant plus facilement que le feu est attisé par un vent violent. Le pillage et l'incendie durent trois jours. Les Aragonais dévastent le couvent des frères mineurs pour s'emparer de la châsse et des reliques de Saint-louis d’Anjou. Malgré les précautions prises pour mettre ces reliques en lieu sûr, elles sont découvertes grâce à une indication obtenue par les pillards.

La ville privée de navires, de soldats et d'armes alors employés aux opérations napolitaines subit un désastre ; malgré le courage des habitants, ce handicap est accentué par l'incapacité des autorités à coordonner l'action de la milice urbaine. Le viguier de la cité, Arnaud de Villeneuve, jeune chevalier d'une vingtaine d'années, le premier syndic Gaspard de Ricavi (seigneur de Fuveau) et le second syndic Gabriel de Sarda semblent avoir rapidement fui la ville13.

Alphonse V rappelle ses hommes le 23 novembre et fait mouiller ses galères aux îles du Frioul. Il repart en Aragon à la fin du mois de novembre en emportant comme trophée les reliques de Saint-Louis et les deux parties de la chaîne du port. Les malheurs de la ville ne sont pas pour autant terminés car après le retrait des soldats, des malfaiteurs de la ville et des environs continuent le pillage. Le viguier d’Aix-en-Provence, Louis de Bouliers, vicomte de Reillanne, arrive un peu plus tard pour faire enfin cesser le pillage.

La perte des reliques de Saint Louis d’Anjou toucha vivement la population, profondément attachée au souvenir de ce saint, surtout depuis le transfert de ses restes, en présence de son frère le roi Robert le Sage, dans le couvent des frères mineurs. En vue de récupérer ces reliques, la ville entreprend de 1424 à 1431 de nombreuses démarches auprès d'Alphonse V, du cardinal Pierre de Foix légat de Martin V auprès d’Alphonse V, de Martin V et de Charles VII roi de France. Toutes ces démarches seront vaines. Ces reliques seront en partie restitués le 24 juin 1956 et seront vénérées dans l’église Saint Ferréol-les Augustins.

La chaîne qui gardait l'entrée du port de Marseille est toujours exposée dans la cathédrale de Valence en Espagne.

Le lent retour des habitants

Les marseillais furent lents à revenir dans leur ville. Devant cette réticence, le 24 mai 1426, la reine Yolande mère de Louis III, donne l'ordre aux habitants qui avaient fui au moment de l'invasion, de regagner leur maison pour les reconstructions nécessaires sous peine de confiscation de leurs biens. Le roi de France Charles VII autorise le transport, en franchise de taxes, des bois du Dauphiné afin de reconstruire les charpentes des maisons détruites.

La ville s'occupe en priorité de la défense de la cité en achetant de nouvelles armes et des pièces d'artillerie ; pour cela elle contracte un important emprunt auprès des banquiers avignonnais. Pour assurer la sécurité de l'entrée du port, un navire est affecté à la garde de la passe puis en 1425 une chaîne est réinstallée dans la passe. La réfection de la tour Maubert étant trop onéreuse, le pivot défensif de la passe est transféré en face au niveau de la chapelle Saint Nicolas. Ce n’est que plus tard sous le règne de René d'Anjou, frère de Louis III, que la tour sera reconstruite de 1447 à 1452 et incorporée au fort Saint-Jean.

La ville de Marseille équipe à ses frais des vaisseaux spécialement affectés à la guerre de course contre les navires catalans. L'audace des capitaines est grande : Boton n'hésite pas à s'introduire dans le port d’Aigues-Mortes qui fait alors partie du royaume de France pour capturer une nef de Collioure au risque de provoquer une crise diplomatique entre la France et la Provence. Cependant Marseille confirme son attachement viscéral à la libre circulation entre la ville et le port ; en effet le nouveau viguier Astorge de Peyre doit renoncer à transformer en rempart la première ligne de maisons longeant le quai au nord du Vieux Port.

Pour remédier aux graves dommages causés au commerce aragonais, les Catalans organisent une expédition de représailles en débarquant à l’embouchure du Rhône et en assiégeant Marseille, mais le gouvernement du Comté est sur ses gardes et repousse l’ennemi. Une trêve est enfin conclue le 5 juin 1451. Une paix précaire s’installe : un des signes de ce retour à la paix est la création d’une juridiction fameuse, celle des prud’hommes pêcheurs de Marseille. Le commerce reprend peu à peu.


Le "bon" roi René

Le 15 décembre 1437, le comte de Provence René d'Anjou, qui a succédé à son frère Louis III d'Anjou, comme roi de Sicile et duc d’Anjou, arrive à Marseille, et favorise par des privilèges le relèvement de la ville, qu'il considère comme une base maritime stratégique pour reconquérir son royaume de Sicile.

Les Marseillais, en contrepartie, se chargent de la reconstruction des remparts. Le roi René, qui souhaite équiper l'entrée du port d'une solide défense, décide de faire construire sur les ruines de l’ancienne tour Maubert, une nouvelle tour plus importante. Jean Pardo, ingénieur, en conçoit les plans et Jehan Robert, maçon de Tarascon, exécute les travaux. Cette construction s’échelonne de 1447 à 1453. Le Roi fait édifier les fondations du piédestal, puis les travaux sont suspendus faute de crédits et c’est finalement grâce à l’aide des habitants de Marseille et notamment de la corporation des pêcheurs qu’ils peuvent reprendre. Cette tour, dite tour du roi René, sera englobée au XVIIe siècle dans le fort Saint-Jean construit sur ordre de Louis XIV.

Le rattachement à la France

L'indépendance économique et politique de Marseille par rapport à la France perdure jusqu'à la fin du XVe siècle. Il faut attendre Charles Ier d'Anjou pour que Marseille perde l'autonomie qu'elle a acquise en rachetant les droits seigneuriaux aux vicomtes de Marseille. La cour comtale est installée à Aix-en-Provence. Lors de la transmission au royaume de France du comté de Provence (1481), les institutions provinciales restent dans cette ville. Cette rivalité Aix / Marseille trouve plusieurs échos dans l'histoire des deux villes, notamment lors du retrait du pouvoir épiscopal de Marseille. Cette rivalité est encore palpable de nos jours.


Sources:

- Wikipedia ici et .


Posté le 07-07-2019 09:25 par Jimre

Marseille du XIe au XVIe siècle

Marseille n’est pas une ville comme les autres. Quand d’autres habitats étaient encore des villages ou des oppidums, Marseille était déjà un des grands ports grecs de la Méditerranée. 

Ce destin exceptionnel n’a pas empêché la ville médiévale de tomber dans les divisions féodales. Deux seigneurs, le vicomte et l’évêque, se partagent d’abord, au XIe siècle, l’agglomération en « ville haute » (ville épiscopale) et « ville basse » (ville vicomtale). Puis chacune des parts est encore subdivisée, celle des vicomtes étant partiellement acquise par la puissante abbaye Saint Victor, qui domine la hauteur méridionale du port, celle de l’évêque n’échappant pas à la répartition de la mense épiscopale, une portion allant au Chapitre de la cathédrale.

Contrairement à d’autres villes fractionnées entre plusieurs seigneurs, ces différents « quartiers » seigneuriaux n’étaient pas délimités sur le terrain au moyen de fossés ni d’enceintes particulières. Aucune division politique ne réussit à rompre l’unité urbaine et l’enceinte de défense reste commune (même si les habitants des divers quartiers n’ont pas les mêmes droits). Cette conscience unitaire se traduit aussi par un assez rapide développement du mouvement communal. Dès le XIIe siècle, les bourgeois sont organisés en Confrérie, seule organisation tolérée par les puissances tutélaires, qui sert de couverture à un syndicat communal. La richesse accumulée par les négociants et les armateurs leur permet d’acquérir des parts de la puissance seigneuriale et de peser dans les luttes politiques aussi bien locales (entre vicomte, abbaye et évêque) que régionales (rivalités entre le comte de Provence-Barcelone et les marquis de Provence-Toulouse).

La situation particulière de Marseille est aussi la source de sérieux problèmes de défense.

La ville féodale a succédé à la ville antique avec la construction de fortifications : 

Le château Babon, occupant le promontoire Saint Laurent. Son enceinte partait de l’église Saint Laurent et se raccordait aux remparts antiques pour atteindre la mer, qu’elle bordait. Le nom du château vient de l’évêque de Marseille, en 870, qui se prénommait Babon, et sa construction remonterait ainsi d’après certains historiens à la période 848-860, à la suite du pillage de la ville en 838 par les Sarrasins.

Le château de Tolonée, construction massive en forme de tour, d’après l’historien Ruffi. Ce château était situé dans la ville basse des vicomtes, à proximité de l’enceinte hellénistique et au sud de l’église Saint Laurent.

Le château de Saint Marcel est situé sur un sommet rocheux de la chaine de saint Cyr, surplombant l’étranglement de la vallée de l’Huveaune. Il formait un quadrilatère de 60m de long. Son enceinte était flanquée de tours cylindriques, excepté à l’angle nord-ouest surplombant la falaise. Il était le siège d’une importante seigneurie qui eut pour seigneurs les évêques de Marseille, les abbés de saint Victor, les vicomtes de Marseille et par la suite la famille des Baux, héritière de la famille vicomtale, les comtes de Provence et les échevins de la ville de Marseille.

En ce qui concerne la ville, l’avantage de la position vient des faibles dénivelés (entre 24 et 42 m d’altitude pour les points les plus hauts de la ville antique et médiévale) permettant un facile et harmonieux développement urbain et une planification cohérente de la fortification urbaine. L’enceinte renforcée de tours est régulièrement entretenue et modernisée. Ainsi, à la fin du XIVe siècle, elle est doublée de fausses-braies à la fois pour protéger les fondements contre la sape, pour créer un chemin de ronde d’inspection et une lice de tir évitant ainsi d’affaiblir la base des murs en les perçant de meurtrières. L’armement aussi est adapté et les canons font tôt leur apparition, y compris les gros calibres, les bombardes, sur les plates-formes voutées des tours. Le plus gros désavantage du point de vue de la défense vient paradoxalement de la situation particulièrement bien abritée de son port. S’il offre un refuge très favorable à la navigation, il est par contre très vulnérable en cas de guerre. En effet les assaillants peuvent y accéder sans être repérés. Il a fallu par conséquent mettre en place tout un réseau de vigies et de farots pour signaler les approches ennemies. Ces postes ont dû exister très tôt, même s’ils ne sont précisément indiqués dans les textes qu’à partir de 1260 environ et surtout en 1302. Encore n’est-il pas certain que nous les connaissions tous. Ce dispositif de « tours à signaux » est en tout cas une des grandes particularités du port médiéval de Marseille.

Au XVe siècle, on est en outre contraint de renforcer la surveillance d’accès au port lui-même en construisant une nouvelle tour contrôlant la chaîne qui barre l’entrée du port (tour Saint Jean). Enfin, à l’aube des temps modernes, sous le règne de François Ier, lorsque Marseille devient l’un des principaux ports de guerre du Royaume, il est nécessaire de faire face à l’augmentation de puissance de feu des flottes, aux troupes nombreuses de mercenaires défilant comme des ouragans et à la plus grande portée des canons. Deux puissants châteaux-forts complètent alors le bouclier militaire : l’un sur la hauteur, à Notre Dame de la Garde, l’autre au large, sur l’île d’If.

Marseille reste un modèle exemplaire de défense médiévale urbaine et portuaire. Les remparts renforcés de tours sont appuyés sur des châteaux et des défenses extérieures (parmi lesquelles il faut aussi ranger l’abbaye fortifiée de Saint Victor). L’accès au port peut être barré par une chaîne défendue par une tour, et son approche est contrôlée par un réseau de vigies, complété au XVIe siècle par des châteaux d’artillerie. 


Source:

- Article écrit d'après le sommaire et les informations contenus dans la revue "Marseille, Châteaux-forts du XIe au XVIe siècle" de Anne-Marie Durupt, Chateaux-forts d'Europe n°19 - 2001.


Photos:

- Jimre (2017)




Posté le 06-07-2019 16:24 par Jimre

Peypin

Le Merlançon, affluent de l'Huveaune, est dominé sur sa rive droite par la chaine de colline qui porte Peypin, village surmonté des ruines d'un château du XIIe siècle, démoli sous la Ligue.


Source:

- Livre trouvé sur Google: "Itinéraire général de la France, de Paris à la Méditerranée, Deuxième partie: Auvergne, Bourbonnais, Dauphiné, Languedoc, Lyonnais, Corse, Comtat Venaissin, Alpes Maritimes" par Adolphe Joanne, Edition Hachette et Cie, 1865.


Photos:

- Jimre (2012)

Posté le 01-05-2019 18:53 par Jimre

Orgon

Orgon est situé sur la rive gauche de la Durance. Les ruines du château dominent le village. Il fut possédé successivement par tous les souverains qui régnèrent sur la Provence car c'était une place stratégique qui contrôlait le passage d'une voie de circulation utilisée depuis les temps les plus anciens.

Un auteur dit:"Ce château parait dater des derniers temps de l'empire romain. C'était probablement une citadelle destinée à défendre le passage le plus important de la voie Aurélienne".

Il fut rasé en 1483 et reconstruit par la suite pour être démoli de nouveau sous Louis XIII. Ses ruines, qui portent le nom de "fort du duc de Guise", consistent en une grande citerne et quelques pans de murailles.

Au dessus du village et du château, sur la colline dite de Notre Dame de Beauregard, se trouvent les restes de la forteresse primitive.


Source:

- Livre trouvé sur Google: "Itinéraire général de la France, de Paris à la Méditerranée, Deuxième partie: Auvergne, Bourbonnais, Dauphiné, Languedoc, Lyonnais, Corse, Comtat Venaissin, Alpes Maritimes" par Adolphe Joanne, Edition Hachette et Cie, 1865.


Photos:

- Jimre (2012)

 


Posté le 01-05-2019 18:44 par Jimre

Fort d'Ancize

Photos:

- Jimre (2018)


Vidéo:

Des images animées réalisée par drone du fort d'Ancize, verrou sur la route d'Eyguières et Eygalières.


N'hésitez pas à aller faire un tour dans notre playlist Rhône Médiéval pour voir nos autres vidéos ainsi que sur la playlist "Les Invités de Rhône Médiéval" pour voir des vidéos réalisées par d'autres personnes sur la même thématique...


Posté le 16-02-2018 20:38 par Jimre

Arles dans l'Histoire

Les textes de ce chapitre ont été écrits par : Jean-Maurice Rouquette, Claude Sintès, Patrick Jourdan, Elisabeth Sauze, Paul Allard, Odile Caylux. [Extrait de «Arles, histoire et continuité d’un patrimoine», juin 1999; chapitre «Arles et son histoire»]

Le patrimoine architectural d'Arles s'inscrit dans l'Histoire, depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine. La ville doit son importance, à travers les siècles, à sa position géographique, sur une colline rocheuse au bord du Rhône, à la rencontre de la mer. Ville au milieu des marais, elle possède, dès l'époque romaine un immense territoire, qui explique encore aujourd'hui qu'Arles soit la plus grande commune de France. A sa hauteur, le Rhône, en venant buter contre le rocher, décrit une large et majestueuse courbe propice à l'établissement d'un pont et à la création du port que les bras du fleuve et les étangs intérieurs mettent en liaison avec la Méditerranée.

Cette vocation de carrefour d'une route terrestre Italie-Espagne et d'une voie fluviale pénétrant au coeur de la Gaule est le fondement de la prospérité arlésienne dans l'Antiquité. La ville s'enrichit alors de superbes monuments : forum, temples, théâtre, amphithéâtre, cirque, thermes...

Sous le règne de Constantin, elle connaît une vigoureuse croissance urbaine sur les deux rives du Rhône, devenant pleinement cette ville double que célébrait le poète Ausone. La prospérité de la société arlésienne s'exprime, alors, par le rythme des importations de somptueux sarcophages de marbre. Dès le IIIe siècle, l'église d'Arles s'organise. La nécropole chrétienne des Alyscamps, où est enterré Saint-Genest, martyr arlésien, prend une ampleur exceptionnelle. La cathédrale primitive trouve place près de l'enceinte de la ville. Au Ve siècle, elle est transférée à proximité du Forum, et prend le nom de Saint-Etienne. Il existe peu de documents sur le rôle politique de la ville pendant la période du Haut Moyen Age.

Par contre, son importance religieuse se confirme, et la place de l'Archevêché d'Arles croit pendant toute l'époque médiévale, pour connaître son apogée au XIIe siècle. C'est à l'emplacement de l'église Saint-Étienne qu'est édifiée la primatiale Saint-Trophime et les bâtiments canoniaux, autour d'un cloître. Tout près se dressent de nombreuses églises et couvents dont le plus célèbre est celui de Saint-Césaire. En plein essor économique et géographique, Arles accueille les pèlerins qui se dirigent vers Saint-Jacques de Compostelle. Après une période de récession à la fin du Moyen Age, la ville connaît, au milieu du XVIe siècle, un moment de prospérité où peut s'épanouir une Renaissance toute imprégnée de culture antique. L'un des plus beaux fleurons en est la Tour de l'Horloge, édifiée de 1543 à 1553 sur le modèle du mausolée romain de Saint-Rémy. La période de reconstruction des XVIIe et XVIIIe siècles a donné à Arles son image actuelle : l'Hôtel de Ville, la plupart des hôtels particuliers, des maisons, des églises, bordant les rues du secteur sauvegardé, datent de cette époque. Les volutes, rinceaux et lambrequins des façades, notamment de l'Hôtel de Mandon, rappellent les décors des bannières qui y étaient suspendues les jours de fête.

Au début du XIXe siècle, l'aristocratie et la bourgeoisie affirment leur goût pour le style néoclassique en élevant de vastes demeures comme l'Hôtel de Chartrouse. L'institut de Recherches sur la Provence Antique construit par H. Ciriani, sera la marque du XXe  siècle.

I - LA PERIODE PRE-ROMAINE

Les civilisations successives se sont inscrites tour à tour dans le paysage d'Arles, par une occupation continue toujours renouvelée. Dès le Vie siècle avant J.C., l'éminence rocheuse est occupée par des indigènes. Les fouilles ont montré pour cette période une grande abondance de vaisselle et d'amphores liées au commerce des navigateurs Grecs, en particulier ceux de Massalia.

Dès 500 avant J.C., une première urbanisation est mise en place dans les quartiers sud (fouilles du jardin d'hiver en 1975) et plusieurs autres sondages ont montré les restes d'un habitat organisé dans le centre du site. Au IVe siècle avant J.-C., l'habitat et la nature des vaisselles utilisées semblent indiquer la prédominance d'une vie indigène (celto-ligure). Dès le IIe siècle avant J.-C., on constate une très forte présence italienne dans l'Arles préromaine, présence économique, et peut-être déjà culturelle.


II - L'ANTIQUITE ROMAINE

ARLES AU Ier SIECLE

La fondation de la colonie romaine d'Arelate en 46 avant J.C. par Jules César, avec les vétérans de la Vie légion, conduits par Tiberius Claudius Nero, entraîne une véritable réorganisation de la ville indigène. La mise en place du réseau viaire, de l'enceinte et des principaux monuments n'est pourtant datée que de la fin du Ier siècle avant J.-C., sous le principat de l'empereur Auguste. Ce premier plan d'urbanisme se caractérise, de manière classique, par un système de quadrillage de rues organisé autour de six axes principaux nord-sud (le cardo) et est-ouest (le decumanus), encore bien perceptibles au centre de la ville actuelle. Les monuments publics s'inscrivent dans cette trame : le forum (centre politique et religieux) situé au coeur de la cité, et le théâtre, construit au flanc de la colline (entamée pour loger les premiers gradins), en sont les témoignages les plus parlants. La ville était entourée par une enceinte, dont la datation n'est pas assurée, mais que la  comparaison avec les murailles de Nîmes et d'Orange permet d'attribuer à l'époque augustéenne.

Cet ouvrage, construit en petit appareil, est particulièrement bien conservé à l'est, là où le tracé n'a jamais changé au cours des âges. La découverte, sous l'hôpital Van Gogh, d'une grande voie qui se dirige vers le sud-ouest suggère aussi que le quartier de la Roquette était plus urbanisé qu'on ne le croyait naguère. Enfin, un arc de triomphe marquait un point important près du Rhône : passage du fleuve et changement d'orientation du quadrillage. A Trinquetaille, les traces d'une occupation de la fin du Ier siècle avant J.-C. sont pauvres, mais indiscutables ; il faut, à ce propos, citer la consolidation des digues par des rangées d'amphores plantées dans le sable. Des restes de docks et d'autres installations portuaires ont été trouvés, confirmant ainsi l'importance vers l'amont, du port et des chantiers navals d'Arles, réputés à juste titre depuis César, qui avait pu y faire construire en un temps très bref douze galères, au moment de sa lutte contre Pompée.

ARLES DE LA FIN DU Ier SIECLE AU IIIe SIECLE

Après l'époque augustéenne, moment où la ville se dote des éléments principaux de son infrastructure, on observe une nouvelle étape de construction à la fin du I er siècle. La création la plus spectaculaire de ce second plan d'urbanisme est celle de l'amphithéâtre, édifié vers 80 : son implantation a d'ailleurs nécessité la démolition d'une partie de l'enceinte et son installation en léger biais par rapport à l'organisation rigoureuse de la trame urbaine. C'est seulement à partir de 149, et non vers 90-100, comme on le croyait jusqu'à présent, que le cirque va être à son tour construit le long du Rhône, à l'extérieur des murailles car sa grande superficie lui interdisait de prendre place au centre, comme l'amphithéâtre. Mais ce ne sont pas seulement les grands équipements qui montrent l'extrême vitalité d'Arles à l'époque des empereurs Flaviens. Le cœur de la cité est remodelé comme l'a montré la fouille de l'hôpital Van-Gogh ; au sud, le rempart est percé tandis qu'un quartier suburbain se développe dans le prolongement du cardo, avec quelques maisons (dont les mosaïques polychromes retrouvées attestent la richesse) et qu'un nouvel établissement thermal est créé. A Trinquetaille, l'occupation assez limitée du I er siècle se transforme en un vaste quartier résidentiel doublé d'un quartier artisanal et commercial auquel il faut rattacher, sans doute, la cour à portiques fouillée près du Rhône. Au IIIe siècle, les constructions publiques se raréfient et seul l'habitat privé, dont le décor s'enrichit, continue à s'étendre jusque vers les années 260-275, moment où les quartiers périphériques des deux rives du Rhône seront sérieusement sinistrés. Ce phénomène, qui affecte plusieurs autres villes de la vallée du Rhône et des régions limitrophes, revêt cependant à Arles une ampleur et une violence particulières. Les causes de ces incendies ne sont pas complètement élucidées mais sont peut-être à chercher dans les troubles provoqués par les incursions barbares de la seconde moitié du IIIe siècle.

ARLES AU IVe SIECLE

Les destructions de la fin du IIIe siècle ne semblent pas avoir touché le coeur de la ville, ni affecté sa puissance économique. Dès le début du IVe siècle, le rôle commercial, politique et religieux d'Arles se renforce, comme le montrent le transfert d'administrations impériales, les séjours de l'empereur Constantin dont le fils Constantin II naît à Arles au début de l'année 317, et la tenue de conciles, tel celui, très célèbre de 314. Cette situation a eu des effets sur la topographie et on constate la mise en place d'un programme de constructions monumentales civiles, caractérisées par l'emploi d'assises de briques typiques de l'architecture du temps. Le plus célèbre de ces édifices reste les thermes du nord, construits le long du Rhône, et également connus comme «thermes», voire «palais de Constantin». Si l'interprétation thermale ne fait pas de doute, il est possible que la notion palatiale (que la plus ancienne tradition situe dans ce quartier) doive être appliquée à un bâtiment mitoyen situé plus au sud. Cet édifice rectangulaire nouvellement découvert et remarquablement bien conservé ressemble d'ailleurs beaucoup à la basilique civile de Trèves et a peut-être eu la même fonction de salle de réception. Enfin, l'aménagement d'une galerie à arcades, au nord des cryptoportiques, de même que l'élévation d'une façade réemployée dont une moitié est encore conservée sur la place du Forum, font peut-être également partie de cette phase de construction.

En ce qui concerne la topographie religieuse et cémétériale, on suppose que le premier groupe épiscopal (église, baptistère, logis de l'évêque) était situé dans l'angle sud-est de la ville, près du rempart, à l'endroit où s'élèvera plus tard le monastère de Saint-Césaire. A l'extérieur des murs, deux nécropoles prennent une ampleur considérable grâce à la vénération du martyr Saint Genest, greffier romain décapité à Trinquetaille puis enterré aux Alyscamps. La nécropole du cirque est également utilisée jusque vers la fin du IVe siècle.

ARLES AUX Ve ET VIe SIECLES

Vers la fin du IVe ou de début du Ve siècle, un événement historique important se produit : le transfert de la préfecture des Gaules depuis Trèves, suivi par l'installation de l'Assemblée des Sept Provinces, en 418. Arles devient alors une capitale administrative et politique, et même, de temps à autre, une résidence impériale. L'élément topographique le plus notable est la construction d'une enceinte réduite, faite de gros blocs arrachés aux monuments proches, et qui permettait de limiter le territoire à défendre en cas d'attaque. Le tracé de la courtine est maintenant mieux connu, mais sa datation est problématique. Quelques autres constructions civiles ou agrandissements (comme ceux des thermes du nord) témoignent d'une certaine vitalité, c'est cependant sur le plan religieux que l'aspect urbain a le plus changé. On pense que sous l'épiscopat de Saint-Hilaire (430-449) que la cathédrale a été déplacée de la périphérie vers le centre, près du forum, à l'endroit où s'élève actuellement l'église Saint-Trophime. Au début du VIe siècle, saint Césaire fonde un monastère de femmes dans l'angle sud-est du rempart et on peut supposer la présence d'autres églises dans cette partie haute de la ville. A l'ouest, comme sur la rive gauche, sont créés des monastères dont l'emplacement exact est encore un sujet de débat. A cette période, la nécropole de Trinquetaille semble abandonnée mais celle des Alyscamps reste très en faveur auprès des Arlésiens, même si l'on a constaté que la belle série de sarcophages en marbre s'arrêtait au début du Ve siècle. Enfin, les fouilles récentes ont montré à plusieurs reprises que des bâtiments ou espaces publics (cirque, forum, amphithéâtre...) sont utilisées à des fins d'habitat.

Cette augmentation soudaine de la population pourrait être mise en rapport avec le transfert de la préfecture des Gaules et l'arrivée de réfugiés fuyant les envahisseurs. Il est significatif de constater que cet habitat disparaît vers le milieu du Vie siècle, peut-être au moment où est construite l'enceinte réduite. Dernière ville romaine en Gaule, Arles tombera dans les mains des Wisigoths en 476.

III - LE MOYEN-AGE

LE REPLI DU HAUT MOYEN-AGE

Seules les mentions des guerres et de la dizaine d’épidémies de peste qui ravagent la ville percent le silence presque total des textes pour cette période d’insécurité où le véritable danger est constitué par les Sarrasins qui pillent la cité et dévastent même la tombe de Saint Césaire. L’agriculture arlésienne est ruinée ; la famine règne ; les paysans se réfugient à l’intérieur de la cité dont la vocation défensive devient primordiale. 

Les murailles antiques sont restaurées et les Arlésiens se replient à l’abri de cette enceinte, abandonnant les quartiers périphériques comme le montrent les fouilles de l’Esplanade pour la façade méridionale de la cité. Des textes des IXe et Xe siècles mentionnent la présence d’un rempart, percé d’un certain nombre de portes, qui suit le tracé de l’enceinte romaine, sauf au sud où il englobe le portique du Théâtre dont une travée a été transformée en tour de défense. Mais ce dispositif est insuffisant pour arrêter les envahisseurs - puisque avant 883 les Sarrasins ont ravagé le Grand Couvent. Aussi les Arlésiens transforment-ils en forteresses les grandes ruines antiques et tout spécialement l’amphithéâtre dont le portique joue admirablement ce rôle de protection. Arles du Haut Moyen Age est une citadelle dominant un terroir déserté.

L’ESSOR MEDIEVAL

Malgré sa médiocrité, Arles reste la plus grande cité provençale, d’autant qu’au Xe siècle les attaques des Sarrasins se limitent surtout à la Provence Orientale. Avec le retour de la sécurité, les premiers signes de la reprise ne tardent pas à se manifester. Dès la fin du Xe siècle, un certain nombre de maisons s’implantent en dehors des remparts, près de Saint-Laurent ou hors de la Porte Saint-Étienne (rue Jean Jaurès) et au début du XIIIe siècle les textes montrent l’existence d’un véritable quartier, le «Vieux Bourg - La Roquette», qui renferme des maisons, un four, deux églises, une forteresse et la chapelle Saint-Maurice appartenant à la famille des Porcelets, seigneurs du Bourg. Cité et Bourg sont donc deux réalités topographiques distinctes, séparés par une zone intermédiaire, le Méjan dont les habitants des deux quartiers se disputent la possession, quelquefois les armes à la main. Mais dans le courant du XIIIe siècle, au temps du Consulat, le Bourg s’est entouré d’un rempart et s’est efforcé d’annexer le Méjan, prenant la physionomie qu’il gardera jusqu’au Bas Moyen Age. Dans le même temps, au nord de la ville, près du château des Comtes des Baux, se constitue un nouveau quartier avec des rues, des maisons, des églises, un hôpital, la commanderie des Templiers et des boutiques de marchands. Il prend le nom de Bourg Neuf. On est frappé par la précocité et l’ampleur du développement urbain d’Arles. A la fin du XIIe siècle, elle possède pratiquement son enceinte définitive, toutes ses églises paroissiales sont fondées et sa superficie a doublé depuis le Haut Moyen Age : (36 hectares contre 18). Le mouvement continue pendant une partie du XIIIe siècle, marqué par la fondation de nombreux couvents et de plusieurs hôpitaux. Un quartier entier s’urbanise en dehors des remparts, vers les Alyscamps et une chapelle du cimetière. Notre Dame de Beaulieu sera en 1271 l’une des quinze paroisses d’Arles. La rive droite du Rhône, Trinquetaille, participe également à ce renouveau urbain. Ancien fief de la Maison des Baux, dont le château a été démoli après une de leurs rebellions en 1161, et racheté en 1300 par l’archevêque, Trinquetaille a  son territoire propre, entouré de murs et de portes, avec sa Cour et son pilier de justice. La paroisse est l’église romaine Saint-Pierre, flanquée d’un hôpital des pauvres et d’une maladrerie. Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem sont installés depuis le XIIe siècle et les Frères Mineurs les rejoindront au XIIIe siècle. Vers 1320 la population d’Arles peut être évaluée entre 8 000 et 15 000 personnes, ce qui en fait une grande ville du Comté de Provence, que Marseille seule semble dépasser en chiffre de population.

Si Arles a connu un développement d’une ampleur et d’une précocité très remarquables, il faut aussi remarquer que cette extension s’arrête plus tôt qu’ailleurs. Au milieu du XIIIe siècle, les grandes lignes du paysage urbain sont fixées et l’enceinte qui, vers 1251, unit définitivement le Vieux Bourg à la Cité en passant par la Porte du Marché Neuf, ne subira pratiquement plus de modifications dans son tracé jusqu’à l’époque moderne.

LE REFLUX

Brutalement au milieu du XIVe siècle, Arles se trouve confrontée à des difficultés qui se prolongent jusqu’à la fin du XVe siècle. En 1348 la grande peste inaugure une célèbre trilogie qui s’abat sur l’Occident : guerre, famine, épidémies. La guerre fait son apparition dans la région d’Arles en 1355. Pendant plus d’un siècle la ville sera menacée par les «Grandes Compagnies» et les «Tuchins», routiers qui combattent pour Charles de Duras, ainsi que par les Catalans. Si la guerre n’est pas  meurtrière, elle est destructrice, l’insécurité touche l’ensemble des activités. Tous les quartiers extra-muros sont ruinés. La paroisse de Notre Dame de Beaulieu disparaît en 1365. Les établissements ecclésiastiques abandonnent les faubourgs pour se replier à l’intérieur de l’enceinte, après trois siècles et demi d’expansion. Arles est à nouveau une citadelle dominant un territoire déserté. Les disettes paraissent cependant moins graves qu’ailleurs. La fertilité du terroir arlésien avantage notre ville que sa situation de port renforce également. En revanche, les épidémies périodiques,  particulièrement la peste, sont plus meurtrières et entraînent un véritable effondrement démographique qui doit atteindre plus de la moitié de la population. Après 1348, Arles est une ville qui meurt ; la très lente reprise qui s’amorce autour de 1440 n’est due qu’à l’afflux d’étrangers.

IV - LA RENAISSANCE (1450-1650)

On peut noter, durant cette période où la noblesse domine le terroir tandis que la bourgeoisie du négoce joue un rôle prépondérant dans la cité, une série de points forts liés le plus souvent aux moments de prospérité marqués, par le développement de la création architecturale et artistique. Ainsi en est-il des dernières années du XVe siècle et du début du XVIe. En 1497, on agrandit la place située devant la Cathédrale Saint-Trophime, opération d’urbanisme avant la lettre qui crée un nouvel espace public. Quelques années plus tard, les grandes familles reconstruisent leurs demeures. Ce sont les hôtels de Varadier Saint-Andiol, Arlatan, Laval-Castellane qui traduisent le goût de ces familles pour la monumentalité et la magnificence, notamment par la régularité dans le traitement des façades, l’ampleur de la cour et des traits d’italianisme, rares en Provence. Au tournant des années 1550, la prospérité va s’installer en Arles provoquant une modernisation systématique de la ville qui se pare d’un nouveau beffroi (1543-1553) et surtout de nombreuses maisons que nobles et bourgeois veulent dignes de leur rang et de leur culture.

L’aristocratie amorce dès lors un repli au coeur du centre historique, autour de l’hôtel de ville et de la place du Forum, où s’édifient des demeures somptueuses qui se distinguent de la maison bourgeoise par la qualité, la variété et l’opulence du décor architectural et pittoresque qui développe largement l’emploi des ordres, pilastres et chapiteaux et les agrémente d’une sculpture décorative et raffinée quand il n’utilise pas ou ne copie pas les vestiges antiques, comme à la maison des Amazones ou à l'Hôtel de Donine.

Les limites de la ville à l’époque de la Renaissance et à l’époque classique demeurent celles du Moyen Age. On y distingue toujours les quatre quartiers principaux : la Cité, le Vieux Bourg, le Bourg Neuf et le Marché Neuf. Une quinzaine de portes, en majorité situées le long du Rhône, permet l’accès à la ville entourée de remparts médiévaux. La Cité regroupe la plupart des édifices publics : l’hôtel de Ville et le Beffroi, la Maison du Roi (ancien Palais des Podestats), la maison consulaire et des édifices religieux. Autour du prestigieux groupe archiépiscopal, se regroupent des couvents, des églises, deux des quatre confréries de Pénitents fondées au XVIe siècle, des Ecoles, des prieurés et des Commanderies. C’est un quartier à la fois aristocratique, autour de la maison communale et de la place du Setier (place du Forum) où se logent les représentants de la noblesse terrienne qui exploitent les riches étendues de la Crau et de la Camargue et exercent les fonctions consulaires.

Ce sont essentiellement des ouvriers agricoles et des bergers qui habitent sur l’Hauture, autour de l’église de la Major et notamment dans les Arènes, près des portes. Le Vieux Bourg est le quartier populaire, peuplé de marins, de portefaix, des ouvriers du port et des agriculteurs à l’est et au sud.

On y trouve deux couvents, deux paroisses. Le Bourg Neuf est le quartier des «affaires», du commerce ; il rassemble la bourgeoisie du négoce et des professions libérales, les hommes de loi en particulier, vers la place du Saint-Esprit et sur la rue du Quatre Septembre actuelle, mêlée ici aussi à une population laborieuse, essentiellement agricole. Le quartier abrite quelques fondations religieuses et une école. Dans le Bourg Neuf s’élèvent également de belles maisons dont l’ampleur est fonction de la richesse de leurs propriétaires, une travée et demie, deux le plus souvent, et pour les plus importantes, une situation privilégiée, aux croisements de rues.

On retrouve un grand nombre de ces maisons à travers toute la ville, sauf dans le Vieux Bourg dont l’habitat est plus populaire, ce qui prouve une certaine aisance dans les couches moyennes au milieu de ce prospère XVIe siècle. Le Marché Neuf est le quartier des auberges, aux portes de la Cité, des artisans, autour de deux établissements qui en occupent la plus grande partie, les Trinitaires, administrant un hôpital pour les pèlerins qui deviendra l’Hôtel Dieu, et les Grands Carmes. La fin de ce siècle est plus sombre, affectée par les luttes religieuses et politiques mais surtout par la peste très meurtrière des années 1580.

V - LES XVIIe et XVIIIe SIECLES ARLESIENS

Le début du XVIIe siècle, et plus particulièrement les années 1620-1640, voient apparaître une phase d’intense activité architecturale, qui est le fait essentiellement de la classe dirigeante celle-ci éprouve le besoin de remettre au goût du jour les bâtisses de la génération précédente ou de se rapprocher, selon le mouvement entamé le siècle précédent, du centre civique, mais aussi le fait du clergé qui, dans l’élan de la contre-réforme, multiplie ses fondations et modernise les églises et couvents déjà existants.

La venue de Louis XIII, en 1622, n’est pas étrangère à cette volonté de renouveau, les Arlésiens se replongent dans les traités d’architecture et de décoration pour composer l’entrée royale, suite de fabriques éphémères et de représentations sur un thème mythologique, en l’honneur du Roi, et découvrent ainsi un nouveau répertoire qu’ils utilisent dans leurs constructions. Culture livresque bien vivace parmi les gentilshommes arlésiens qui nombreux possèdent bibliothèques, cabinets de curiosité, collections d’antiques et qui bientôt fonderont leur Académie.

En cette première moitié du XVIIe  siècle, le Maniérisme «bourguignon», introduit par les Sabatier en leur château de l’Armellière, proche de la ville, fait triompher un art fleuri et capricieux dans la majorité des réalisations civiles et religieuses. Le style sévère des façades des églises de la Major et de Sainte-Anne (vers 1620) succède au savoureux portail latéral des Dominicains, élevé en 1608, dans le style que l’on retrouve aussi dans la Chapelle des Rois Mages à Saint-Trophime, aménagée par l’archevêque du Laurens, entre 1620 et 1627, autour de l’Adoration des Mages du peintre Finsonius (1614). Dans l’architecture civile, ce maniérisme bourguignon extrêmement pittoresque se répand sur les façades des demeures nobles de la rue Royale qui devient alors la rue aristocratique, mais aussi ailleurs ; il s’exprime en volutes, rinceaux et lambrequins sur les fenêtres, rappelant les décorations de tissus, de passementeries et de feuillages que l’on plaçait aux façades les jours de fêtes. Mais les vestibules et les escaliers se parent aussi de gypseries, sculptures dans le plâtre de scènes mythologiques ou de savantes compositions de trophées, telles qu’on peut encore les admirer dans plusieurs hôtels.

Jusqu’aux années 1650-1660, la demeure aristocratique évolue vers une facture plus classique, sa façade sur rue se dilate en hauteur, lui donnant l’apparence d’un palais romain, le décor devient plus simple, plus nerveux, les formes se gonflent, mais subsistera encore longtemps la cour archaïque ; l'Hôtel de Castillon marque bien ce passage à la période baroque du deuxième dix-septième.

Cette période voit s’achever la ségrégation sociale des quartiers avec la fin de la concertation aristocratique entre la rue Jouvène et la chapelle que les Jésuites édifient en 1654. Rien de comparable dans le Bourg Neuf où un seul édifice de prestige sera construit vers 1740 par les Abbés de Montmajour, pas plus que dans le Vieux Bourg où les Pérignan délaissent leur demeure, qui deviendra bientôt le bureau de tabac, pour la rue de la République. On assiste à une relative paupérisation de toute la périphérie malgré quelques monuments.

Le baroque va peu à peu pénétrer dans la ville à la faveur d’aménagements dans les églises : ainsi à Saint-Trophime, Jean Dedieu édifie le tombeau du Monseigneur de Laurens (1677) et on lance dans les croisillons du transept de larges tribunes sur trompes. Ailleurs, se construisent des chapelles, celles des Jésuites, des Carmélites (La Charité), des Carmes déchaussées, ces deux dernières, hors les murs. La fin du siècle et le début du suivant font un accueil favorable aux modèles du Classicisme parisien que l’on trouve en particulier au nouvel Hôtel de Ville qui, sur les dessins de Peytret, guidé par Hardouin-Mansart, apporte dans la ville d’Arles un morceau du Versailles de Le Vau. Sur la place de l’Hôtel de Ville actuelle se crée un nouvel espace de vie mondaine, devant la vénérable cathédrale et le somptueux palais des prélats Grignan, inspirateurs de ces embellissements, bientôt orné de l’obélisque exhumé dans un jardin de la ville. 

Dans le Bourg Neuf, l’église Saint-Julien et l'Hôtel de Grille participent du même courant. C’est bien ici l’apogée de cette brillante société arlésienne où érudits, lettrés, bibliophiles, amateurs d’art, fondent en 1666 une Académie, première de toutes les académies provençales. Certains se tournent vers Aix où ils achètent les charges parlementaires, ils partagent les chaperons de consuls avec une bourgeoisie très éloquente qui rivalise de culture et d’ambition.

Malheureusement, la peste de 1720 va durement toucher la population arlésienne et notamment la noblesse qui est décimée : de 56 familles en 1655, elle passe à 39 en 1789 dont 23 sont de création récente. Malgré le dépeuplement très sensible de la ville dans les trente dernières années de l’Ancien Régime, la construction marche bien dans la deuxième moitié de ce siècle : dans les couches  populaires, bon nombre de petites maisons étroites, pas très hautes, aux fenêtres cintrées sont de cette époque. La bourgeoisie construit elle aussi. La façade de la maison bourgeoise, que ses proportions raisonnables distinguent de la demeure noble, s’agrémente toujours d’un élément de décor, rocaille, un mascaron à la clé de la porte ou, plus tard, une jolie guirlande néoclassique sur le linteau. Quelques somptueuses maisons apparaissent encore sous le règne de Louis XVI, le vaste hôtel très sévère de la famille de Lagoy ou celui des d’Antonelle, rue de la Roquette. La construction publique suit le mouvement tout au long du siècle avec la Grande Boucherie, terminée en 1724, la Grande Poissonnerie, en 1728, la maison consulaire en 1731 sur la place du Forum. Alors que les Abbés de Montmajour se donnent un nouveau logis dans le Bourg Neuf, les Jésuites ouvrent leur collège sur la rue Royale par une monumentale façade bien parisienne.

A la fin du siècle, la société mondaine et raffinée se distrait à la salle des spectacles (détruite depuis lors) et dans les clubs, celui du Waux-hall construit vers 1760 (disparu) et le monumental Cercle de la Rotonde (aujourd’hui le Temple) très bel et étonnant édifice à la Ledoux bâti entre 1790 et 1791, lieu de spectacles et de jeux. Ce néoclassicisme de très grande qualité de la fin du XVIIIe siècle va passer la période troublée de la Révolution sans trop de heurts. La population arlésienne connaît une phase florissante durant la première moitié du XIXe  siècle : de nombreuses maisons expriment le goût de sobriété et de travail soigneux de la bourgeoisie.

Mais, encore une fois, l’aristocratie s’affirme dans une somptueuse demeure, peut-être la plus vaste de la ville, en ce style néoclassique des années 1820, c’est l'Hôtel du Baron de Chartrouse, ce maire qui entreprend en 1824 le dégagement des Arènes et qui atteste de l’intérêt que portent encore les Arlésiens à leur passé prestigieux en remettant en valeur les monuments antiques mais aussi en restaurant ici et là les demeures de la Renaissance et de l’âge Baroque comme les témoins d’une époque révolue. 

VI - LA PERIODE 1850-1940

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la vie d’Arles est bouleversée par des changements irréversibles. Vieille ville portuaire, Arles perd son monopole de la navigation sur le Bas-Rhône, les chemins de fer dès 1848, et Saint-Louis à partir de 1882, lui retirent toute son importance passée. La Roquette, quartier traditionnel de la marine, se vide de ses marins qui représentaient avec leurs familles près du tiers de la population de la ville au temps de la prospérité. Arles, port de cabotage, a vécu. Mais la ville trouve un second souffle dans l’industrie, les chemins de fer, qui ont failli la ruiner, lui apportent leurs ateliers et dès 1848 ceux-ci commencent à recouvrir les Alyscamps et à attirer une nouvelle population qui peuple la vieille ville mais aussi des quartiers nouveaux hors des remparts. Un peu plus tard, des ateliers de construction navale apparaissent à Barriol et des dragues fabriquées à Arles sont livrées dans le monde entier.

Durant cette période également, la population rurale, qui constituait encore 40 % des habitants de la ville vers 1850, quitte la cité pour aller vivre sur le terroir. En moins d’un demi-siècle Arles est ainsi devenue une ville ouvrière. L’architecture porte les traces de ces mutations. L’activité est intense : à l’extérieur, de nouveaux quartiers sont construits, dans la cité quelques constructions nouvelles et de nombreux remaniements de façades témoignent de cette activité, signe des temps, de nouveaux bâtiments à usage collectif apparaissent : la poste, les écoles primaires de la IIIe République, le  théâtre municipal, la caserne, des magasins, etc ...

Durant le Second Empire, comme dans beaucoup d’autres villes, on réalise quelques percées comme la rue Gambetta et la rue Jean Jaurès. Le décor architectural, après une phase néoclassique dans la première moitié du XIXe siècle, devient plus «éclectique» après 1850 et emprunte son vocabulaire à toutes les sources passées : romane, gothique, renaissance, classique et fait appel aussi à des éléments pittoresques ou familiers, telles ces maisons rue Anatole France avec des têtes symbolisant les continents et les saisons. On rencontre deux types de réalisations :

1. Des restaurations : par exemple addition d’un deuxième étage au 1, place du Forum – pastiche pur et simple ;

2. Des réalisations originales associant dans une composition très forte des éléments de décor hétéroclites néo renaissants tel l’hôtel de Luppé (palais florentin), ou néoclassiques comme les pilastres et les médaillons de la banque, 6, rue Dulau, ou encore avec frontons inspirés du XVIIe siècle, au 28, rue Portagnel.

Vers la fin du siècle, le style «éclectique» est associé à des structures entièrement nouvelles : grands magasins, usines, gares, et à des techniques industrielles : fontes, verrières. Mais les premiers éléments d’architecture préfabriquée reproduisent des formes anciennes. Le petit habitat, très nombreux dans toute la ville, mais aussi dans les nouveaux quartiers évolue moins, son décor très réduit (encadrement de baies) et très simple suit néanmoins le courant général. La structure évolue peu. Cependant les terrasses peu nombreuses dans la période antérieure, au contraire d’une ville comme Aix, font leur apparition. Leur adjonction est visible dans de très nombreux cas avec des garde-corps en balustrade en fonte, des pavillons, des pergolas en fer forgé ou en maçonnerie. Le changement est dû à la disparition progressive de la population rurale et à son remplacement par une population plus urbaine désireuse de profiter de l’air et du soleil pendant les heures de loisirs.

Autre changement dans les structures, l’apparition des boutiques dans lesquelles la devanture joue un grand rôle avec ses éléments ajoutés dans un matériau différent : bois, métal, briques, céramiques, pierre «exotique». Dans les années 1910-1930, le quartier de Chabourlet, au sud du boulevard des Lices, voit la construction de villas individuelles au riche décor «Art-Déco».

VII - L’APRES GUERRE

Après la seconde guerre mondiale, Arles connaît la période de la reconstruction avec les architectes Vago et Van Migom (années 1950). De nouveaux quartiers se créent : quartier du Trébon (1960), quartier de Griffeuille (1965), quartier de Barriol (1970), caractérisés par la construction de logements H.L.M. Une nouvelle gendarmerie est bâtie, entraînant la destruction de la caserne Calvin. D’autres bâtiments publics voient le jour tels que les P.T.T., le parking du Jardin d’Hiver, les piscines municipales etc…Le Musée de l’Arles antique, inauguré en 1995 et conçu par l’architecte Henri Ciriani marque l’ouverture d’Arles à la grande architecture contemporaine.

Sources:

- Reproduction autorisée avec la mention "site patrimoine de la ville d'Arles- www.patrimoine.ville-arles.fr"


Photos:

- Jimre (2014)

Posté le 10-09-2016 10:33 par Jimre

Saint Gabriel

On ne connait rien ou presque de son histoire, la chapelle de Saint Gabriel fut donnée en 855 par Charles le Chauve, aux moines Bénédictins de l'abbaye de Saint Maurice de Vienne (à propos de Saint Maurice, voir article sur Surieu).

En 1015, Bermond, fils de Guiniman de Rians et de Marie, son épouse, propriétaires de la terre de LANCAÏCUS (plus vieux nom de LANSAC), rejoint le monastère Saint Victor de Marseille, en apportant aux moines le site Lansac - Saint Gabriel... De fait, en 1030, Saint Gabriel apparait dans une charte de l'abbaye Bénédictine de Saint Victor de Marseille. 

Une question se pose : doit-on parler du château de Saint-Gabriel ou de celui de Lansac, le hameau le plus proche du site qui nous intéresse ? Tant il est vrai qu'à Lansac, une des plus puissantes commanderies Templières de Provence, dont Saint Gabriel est une des terres, il n'existe pas de château, si ce n'est cette tour dite de Saint Gabriel  ... 

 On sait qu'en 590, un château est construit à Lansac pour surveiller la plaine. Mais où ? Ce château, ne peut avoir été construit dans la plaine de Tarascon, alors marécageuse à souhait, (bien que l’on trouve les deux lieux dits du Petit et du Grand Castelet, non loin du Rhône) alors même qu'il existe tout proche de Lansac, le versant ouest des Alpilles...

D'un autre côté, on constate que le château n'a pas été construit au sommet de la colline, mais à mi-chemin du sommet... Pourquoi ?    Il en reste aujourd'hui une tour, un fossé et des murs. A l'angle sud-ouest de la tour est gravée une inscription hébraïque, attestant une présence juive sur le site, qui pourrait être la date 901.

Plus tard, le comte Alphonse II, à l'occasion d'un traité de paix avec Guillaume IV de Forcalquier, remet LANSAC à Rostang de Sabran, et en 1234, Hugues des Baux le cède  aux Templiers, qui en font une commanderie très importante, voire peut-être la plus importante de la Langue de Provence...

On ne sait pas grand-chose sur l'histoire du lieu, si ce ne sont quelques bribes de phrases trouvées de çi de là... 

- Un manuscrit découvert à Lansac vers 1815, nous raconte l'histoire suivante... " A l'époque de la première Croisade, la localité est dirigée par un Comte de Lansac, proche de Raymond de Saint Gilles; avec son épouse, ils ont un fils Florestan et une fille Laurette... De toute évidence, le Comte de Lansac n'est pas un catholique romain mais bien un catholique orthodoxe (religieux qui à l'époque étaient appelés les "philosophes", peut-être un cathare non-avoué); de fait, il fut rejeté par le clergé catholique romain local (certains moines et tout le clergé séculier) et poussé à partir avec son fils en Palestine, peut-être pour racheter son âme, mais certainement pour avoir la paix et conserver ses terres ... De plus le Comte est décrit comme un poète, voire un troubadour... 

Le fils est fiancé à une certaine Gabrielle, fille d'un baron catholique, c'est lui qui sous la pression de sa bien-aimée prendra le premier la décision de partir; le père décidera de partir, dans le but de protéger son fils...

Durant le voyage vers la Terre Sainte, il semble que le Prélat (l’évêque du Puy) qui les accompagne va faire ou vouloir refaire l'éducation religieuse du fils du Comte... Et il va réussir : le philosophe va faire place au chrétien ! "Gabrielle a maudit les infidèles" disait-il sans cesse et "malheur à cette race impie! Mon bras n'épargnera ni la vieillesse, ni l'enfance; les ennemis de Gabrielle sont indignes de pitié" (les Croisés coupaient les mains et les pieds à leurs ennemis et les abandonnaient sur les routes)....

Arrivés en Grèce, l'empereur (orthodoxe)  accueillit en libérateurs l'armée du Comte de Toulouse et Raymond fit la promesse de le défendre contre ses ennemis...

Florestan fut indigné par le penchant de son Prince; il disait aux chrétiens romains de la Croisade "qu'une ligue avec des schismatiques est une ligue impie : ils sont maudits comme le sont les infidèles. Loin de leur prêter l'appui de votre bras, frappons, au contraire ces fils désobéissants, précipitons du trône de Constantin ces empereurs"...

 Une scission s'était donc produite dans l'armée de Raymond; le Comte de Lansac mourut sous le fer sarrasin, peu de temps avant d'arriver à Jérusalem ... 

- En 1359 une Ordonnance du Roi Louis, Comte de Provence et de la reine Jeanne, à la réquisition des habitants de Tarascon, contenant des plaintes contre les " Hospitaliers " qui avaient fait bâtir un château à Lansac, ordonne à ses officiers d’informer et de faire démolir le dit château. (Livre rouge, Arch. de Tarascon AA 9 F° 222 V°).

On y parle des Hospitaliers certes, mais n'oublions pas qu'en Provence, ces derniers héritèrent de la totalité des biens du Temple et ce à peine un demi-siècle auparavant ...

Si à propos du château de Saint Gabriel, nous parlons bien de celui de Lansac, on peut  donc estimer que sa destruction a eu lieu vers 1360. Peut - être qu'il fut reconstruit vers 1369 par Pons de Ulmo, abbé de Montmajour, date à laquelle sera édifiée, également en pierres à bossage, la tour du célèbre monastère....

Le déclin de la communauté va se produire avec l'assèchement progressif du marais qui la rend inutile. La population déserte progressivement le village laissant une église au milieu des oliviers.

La Tour

Pour les regards non-initiés, il ne reste du château que cette imposante tour-donjon ... 

Une porte d'entrée est érigée dans les années 1950...! Qui donne accès à une salle basse (certainement une ancienne citerne) dont le plafond est voûté : 

Ce château de Lansac - Saint Gabriel semble un contemporain de l'époque des Croisades en général et de celle de l'édification du château du Mont Pélerin (Tortose, Comté de Tripoli) en particulier et doit être analysé dans le contexte de  l'environnement Templier local ...

Le 21 avril 1102, Raymond de Saint-Gilles aidé de la flotte génoise s'empara de Tortose. Ce fut la première ville qu'occupèrent définitivement les croisés sur le territoire qui devait devenir le comté de Tripoli. On ne sait à quelle date les Templiers élevèrent la forteresse. Ils y étaient installés en 1169 et sans doute auparavant. Au début de mars 1098, les Croisés décidèrent d'élever sur la rive droite de l'Oronte, près de la porte du Pont, sur une hauteur, un château que Raymond de Saint-Gilles s'offrit à construire. On manquait de matériaux et d'ouvriers, mais une flotte anglaise venait d'arriver au port Saint-Siméon; Raymond de Saint-Gilles et Bohémond s'y rendirent avec une escorte pour y recruter des marins charpentiers et des outils.

Le château fut vite édifié; il était terminé le 5 avril 1098; se trouvant au voisinage de deux mosquées, on le nomma la Mahomerie, et comme il était l'œuvre de Raymond de Saint-Gilles, il fut aussi appelé le château Raymond. Enfin pour achever le blocus on éleva au sud un troisième bastion qui fut confié à la garde de Tancrède. 

Cette construction avec son grand appareil à bossages est une oeuvre du XIIe siècle. Ce fut la principale place forte de l'Ordre du Temple. Il n'en reste que peu de vestiges. Pour élever le Mont-Pèlerin, Raymond obtint l'aide de l'empereur Alexis Comnène qui fit envoyer par le gouverneur de Chypre, Eumathios Philocalès, une flotte avec des ouvriers et des matériaux de construction. On sait que le 16 janvier 1103, Raymond datait un acte : « In Monte Peregrino, ante portam Tripolensem. »    

Située à quelques centaines de mètres au-dessus de la chapelle, la tour est si mystérieuse qu'elle n'a pas de nom propre. On l'appelle donc la tour de Saint Gabriel. Elle est longtemps passée pour une construction romaine mais date en fait de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIe siècle. Elle se caractérise par ses pierres en bossages qui portent de curieux monogrammes. Ces "marques de tâcherons" permettaient au tailleur de pierre de percevoir son salaire en fin de semaine en rapport du nombre de pierres taillées. Il était payé "à la tâche".

Sous cette tour il y a un accès à l'un des nombreux aqueducs souterrains qui truffent les Alpilles et qui alimentaient en eau claire et limpide les installations d'Arles quand elle était romaine. 

Cette tour est flanquée de deux autres plus petites, plus simples et moins bien conservées.

La Chapelle

La chapelle Saint-Gabriel est une chapelle romane située au sud-est de Tarascon, près de Saint-Étienne-du-Grès dans le département français des Bouches-du-Rhône et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le touriste qui passe en voiture fait souvent demi-tour lorsqu’il aperçoit cette superbe chapelle entourée  d’oliviers. Surtout s’il passe un peu tard dans l’après–midi quand  la teinte inimitable de la pierre lui saute immédiatement aux yeux. C‘est qu’elle est bien belle notre chapelle ! Ou plutôt notre église car ses dimensions sont généreuses. 

Aujourd'hui on peut s'étonner de l'implantation de cette église d'une grande qualité architecturale à l'écart de Tarascon sans qu'on puisse attacher au monument un pèlerinage quelconque pouvant le justifier.

Une explication se trouve à l'intérieur de l'église, gravée sur un cippe funéraire de l'époque impériale. Julia Nice y fait une dédicace à la mémoire de son cher époux, Marcus Frontonius Euporus, qui avait occupé des fonctions de sévir augustal de la colonie Julia Augusta, et avait été naviculaire marin à Arles, curateur de la corporation et patron des nautes de la Durance et de la corporation des utriculaires3 d'Ernaginum.

De fait, le lieu a été à l'époque romaine au point de rencontre de deux branches importantes de la voie Héracléenne. Le tracé de ces routes est donné sur la carte de Peutinger indiquant qu'elles passaient par Ernaginum pour aboutir à la traversée du Rhône. L'une de ces voies, la via Domitia, suivait la Durance qu'elle traversait à Cabellio (Cavaillon) par le Nord des Alpilles et passait par Glanum (actuel Saint-Rémy-de-Provence) puis Ernaginum. L'autre venait du littoral, passant par la plaine de la Crau, et constituait aussi la branche Nord de la via Aurelia venant d'Aix-en-Provence, aboutissait à Saint-Gabriel devant une zone marécageuse importante. Une troisième voie reliait Avignon à Arles. C'est le franchissement de cette voie marécageuse qui nécessitait l'intervention des utriculaires pour assurer le transbordement des personnes et des marchandises. Il y avait donc en ce lieu une communauté de nautes et d'utriculaires permettant le franchissement du marais et assurant la circulation des marchandises venant des Alpes sur la Durance et le Rhône.

Des recherches archéologiques autour de la chapelle ont mis au jour des fondations de maisons qui ont montré l'ampleur de l'agglomération antique. Elles ont permis de trouver un cimetière paléochrétien qui permet d'affirmer que ces activités n'ont pas disparu avec les Invasions.

Le visiteur qui connaît l’art roman est tout de suite étonné par la richesse du décor de la façade, rare pour une construction romane de la fin du XII siècle.

D'ailleurs, Prosper Mérimée dans son ouvrage " notes d'un voyage dans le Midi de la France " de 1835 parle bien d'une église.

Ce même Prosper Mérimée ayant constaté l'importance de cet édifice, l'a inclus dans la toute première liste des monuments historiques établie en 1840. St Gabriel apparait, (sous le nom de chapelle) dans cet inventaire avec 933 autres constructions méritant d'être entretenues pour être conservées. Elle figure au côté de cathédrales telles que celles de  Laon, Narbonne, Aix en Provence, Angoulême, Senlis, Auxerre, Sens, Notre Dame des Dons à Avignon mais aussi d'Abbayes comme Conques ou plus près d'ici Montmajour, de châteaux tels que ceux d'Amboise, Chinon, Chenonceau, Chambord ou Blois, d'arènes comme celle d'Arles et de Nîmes, du pont du Gard, du pont d'Avignon et même du palais des papes. Un environnement plutôt haut de gamme...

Cette chapelle du troisième quart du XIIe siècle constitue un des plus beaux exemples d'art roman provençal inspiré de l'antique, au même titre que la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux, l'église de Saint-Restitut, le prieuré du Val des Nymphes, la Cathédrale Notre-Dame des Doms d'Avignon, la chapelle Notre-Dame d'Aubune et l'église Notre-Dame-du-Lac du Thor.

Les études architecturales ont souligné la parenté de l'architecture et la sculpture de la chapelle Saint-Gabriel avec la galerie nord du cloître de Saint-Trophime d'Arles et le portail occidental de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

Les études faites par M. Alain Borg suggèrent que le maître de Saint-Gabriel a d'abord travaillé à la primatiale de Saint-Trophime d'Arles avant de quitter la région des Alpilles pour aller sur le chantier du portail occidental de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Sachant que l'aile nord du cloître de Saint-Trophime a été réalisée vers 1170 et le portail occidental de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux vers 1180, la date probable de la chapelle Saint-Gabriel se situe autour de 1175.

Cette période correspond à une recherche de classicisme par les architectes provençaux. Ils pouvaient encore admirer de nombreux vestiges de l'architecture romaine à Arles.


Sources:

Ne manquez pas d'autres infos sur ces sites qui contiennent d'autres informations sur Saint Gabriel et sur la région.

- Site Camargue Insolite .

- Site Monumentum.

- Site les Amis de Saint Gabriel.

- Site Culture et Communication

- Site Wikipedia


Photos:

- Jimre (2013)

Posté le 15-09-2013 17:17 par Jimre

La Barben

Le château de La Barben est situé entre Salon de Provence et Aix en Provence, en région PACA. Le célèbre peintre aixois Marius Granet, qui y fit de nombreux séjours, écrit "La Barben est le plus pittoresque et le plus ancien château de Provence".

L'emplacement de ce château, situé dans un environnement grandiose surplombant un oasis de verdure dû aux eaux abondantes du Vallon de Maurel et de La Touloubre, serait selon certains auteurs l’ancienne Pisavis près de laquelle passait la voie Aurélienne.

On ne connaît pas sa date de construction, probablement antérieure à 1000.

En 1064, le territoire du castrum de La Barben appartient  à l'Abbaye de Saint Victor de Marseille. Le "castrum de Barbentum" y est en effet mentionné pour la première fois à cette date dans un cartulaire de cette abbaye, alors propriétaire des terres.

Le Château appartient en 1143 à Pierre de Pontevès, Seigneur de Lambesc.

En 1387, la terre de La Barben est enlevée à Guillaume de Pontevès, adversaire de Louis II d’Anjou, selon Nostradamus.

Le Roi René réunit la terre au Domaine et devient propriétaire du château en 1439. Il cède le château le 18 Juin 1453 à sa fille Yolande de Lorraine qui, en 1474, l'échange avec son père contre le château de Valbonette. Le Roi René vend le 10 Juin 1474 le Château de La Barben à Jean II de Forbin, frère de Palamède dit "Le Grand", qui joua un rôle primordial dans la réunion de la Provence et du Royaume de Louis XI. Il en résulte la devise des Forbin présente dans tout le château "tu m’as fait Comte, je te fais Roi".

La famille Forbin sera propriétaire du château durant cinq siècles.

En 1909, un important tremblement de terre secoua la région. La tour Ouest médiévale dite "Palaméde" fut détruite. Deux ans après, sur le même rocher, les propriétaires la firent reconstruire.

En 1963, le marquis de Forbin vend la propriété à Mr André Pons ingénieur agricole qui, très vite, l'ouvre au public. Mr André Pons s’y installa avec sa famille et y créa une atmosphère chaleureuse et accueillante afin de transmettre à chaque visiteur, adultes et enfants, son amour et son respect pour ce château, joyau du patrimoine provençal qu’il fit revivre durant 35 ans.

Sa fille aînée, diplômée de l'Ecole du Louvre, ancien Conservateur de Musée et son mari continuent cette tradition d'accueil et désirent développer tout le potentiel qu'un tel patrimoine peut apporter dans différents domaines tant historiques que culturels, touristiques ou événementiels.

Château fort conçu pour la défense, il fut bâti sur d’énormes rochers qui le rendent imprenable. Ses tours, tourelles et terrasses suspendues, se marient avec la nature pour former une unité qui confère à ce site sa beauté et son mystère.

Dès la première poterne franchie, on découvre tous les éléments architecturaux des forteresses médiévales : tours de guet avec poulies de l'ancien pont-levis, créneaux et mâchicoulis, meurtrières, blason et devise des Seigneurs des lieux…

Par un escalier monumental on accède à la terrasse d'honneur où une vue splendide s'étend au-delà de Salon de Provence et de l'étang de Berre. De cette terrasse on accède à la chapelle gothique. Au Sud, entre des tours médiévales, émerge un ravissant petit château de plaisance avec fenêtres et balcons en fer forgé d'Epoque Classique flanqué d’un superbe escalier à double révolution Henri IV. L'origine de la transformation des lieux est due à une importante révolte contre l'Edit des Elus émanant de Richelieu en 1630. C'est ainsi qu’une bande dite des «Cascavéous« marchant sur La Barben incendia la forêt et une partie du château fort. Le roi Louis XIII condamna les communautés d'Aix ayant participé à cette émeute à indemniser le Seigneur de La Barben. Gaspard de Forbin reçut 1.500.000 livres pour restaurer son château. La forteresse médiévale campée sur ses rochers profita alors pleinement du siècle des Lumières et devint un château où austérité et classicisme s'allient pour donner à ce bâtiment un charme et un pittoresque uniques.


Les armes peuvent se blasonner ainsi :

« Parti: au premier de gueules au pont d'une arche cousuede sinople maçonné de sable, au second d'or au chevron d'azur accompagné de trois têtes de léopard de sable lampassées de gueules qui est Forbin »


Sources:

- Site du château

- Wikipedia


Crédits Photos:

- M. ROBLES (2013)

- Y. ROBLES (2013)



Posté le 17-06-2013 10:35 par Jimre

Ventabren


Au Xe siècle, les maisons de village se groupent autour du château construit depuis peu. Les Sarrazins dévastent les villes, chassant les populations qui cherchent sur les hauteurs une sécurité qu'ils ne trouvent plus dans la plaine. On peut donc considérer la naissance du village de Ventabren vers 920-940.

A ce moment, Guillaume 1er, Comte de Provence, dit "Guillaume le Libérateur" ayant définitivement chassé les Sarrazins, fit distribuer à ses compagnons d'armes les terres libérées. Ces derniers construisent alors des ouvrages fortifiés dont le château de Ventabren, dénommé à cette époque: le château royal. C'était un imposant ensemble encadré de tours et de remparts totalement inaccessible du côté du couchant.

Il est donc vraisemblable que le village se soit construit à l'emplacement actuel à cette période, en se mettant le plus près possible, à l'abri du château. De nombreuses caves témoignent encore par leurs vestiges (piliers, voûtes en plein cintre ou ogives ) du passé médiéval.

La possession seigneuriale de Ventabren apparaît dans un document testamentaire de Raymond des Baux en 1170.

Le château fort constituait un ouvrage défensif considérable:

Son architecture était d'une grande simplicité, ses murs construits avec des matériaux de choix avaient une toise d'épaisseur. Son enceinte était flanquée de tours rondes et carrées.

Le château n'avait qu’une seule porte du côté du levant. Les autres côtés, bâtis sur des rochers à pic, étaient absolument inaccessibles. A l'intérieur, il y avait des caves et une immense citerne, une chapelle était attenante au château.

La Reine Jeanne

Reine de Jérusalem et de Sicile, Comtesse de Provence, de Forcalquier et de Puymont, fille de Charles Martel, Duc de Calabre et petite-fille de Robert d'Anjou devint Reine de Naples à 14 ans.

En tant que Comtesse de Provence, chacun de ses actes fut apprécié par les populations. Elle réunit plusieurs fois les Etats de Provence, afin d'aviser les mesures à prendre pour la défense du pays. C'est à partir de ce moment-là que le château primitif prit de l'importance.

En 1345, à Naples, la reine Jeanne fait assassiner son époux, André de Hongrie, par son amant. Elle épouse ce dernier, mais en danger de mort, elle quitte Naples pour la Provence, fin 1347. Trois galères pavoisées, portant gammes, ors, chamarrures, entrèrent dans le port de Marseille où la ville toute entière l'accueillit sur le quai. Les maisons étaient décorées de branches de buis et de cyprès. Les vivats couvraient les fifres et les tambourins.

En 1349, elle nomme Raymond des Baux, Sénéchal de Provence, avant de repartir pour Naples. Elle meurt en 1382 à l'âge de 58 ans.

En 1381, son fils adoptif, Louis d'Anjou, fait donation du château à Bertrand d'Agoult, membre d'une puissante famille provençale. Plusieurs familles se succèdent avec des fortunes diverses dans la possession de Ventabren.

En 1425, le château devient propriété des Quinqueran.

En 1472, celle des Bardelins.

En 1591, il appartient aux Gaillard-Longjumeau qui détenaient leurs terres d' Henri IV. Ce sont les derniers seigneurs de Ventabren. Dés le début du 18ème siècle, ils n'habitent plus le château mais leur maison de La Baronne.

La forteresse résiste aux guerres et aux temps, mais c'est la République, qui en 1794, dépêche un nommé Micoulin pour détruire ce château «qui rappelait des souvenirs fâcheux ». Les habitants du village de cette époque, soit par intérêts, soit pour réparer leurs maisons, soit par peur, aidèrent à la démolition. On trouve, à l'heure actuelle dans les murs de plusieurs maisons, de nombreuses pierres taillées qui manifestent ces évènements. 

En 1851, on compte 327 maisons dans le village.

Le 31 août 1857, on inaugure l'arrivée du chemin de fer.

Au 19ème siècle, Ventabren compte quelques usines et fabriques. Une usine travaillant le minerai de cuivre, une fabrique de papier, une blanchisserie pour les draps, 4 minoteries, 6 huileries (salle des fêtes, la Recense, galerie VAC, les Brès, Pieulle…).

En 1924, l'éclairage électrique arrive dans le village.

En 1962, la commune comptait 603 habitants. Depuis, l'attractivité du village a conduit de nombreuses personnes à choisir ce village, réputé pour son cadre de vie, pour s'y installer. 


Héraldique :

Les armes peuvent se blasonner ainsi :

D'azur, à une haute montagne, d'argent, sur une rivière du même et un chef cousu de gueules, chargé d'un soleil d'or.


Sources :

- Site de Ventabren

- Wikipedia


Photos:

- Jimre (2009)


Posté le 01-05-2013 21:55 par Jimre

Les Baux de Provence

Le site des Baux de Provence est un des lieux médiévaux les plus visités de Provence. Nous avons donc choisi de faire une compilation de ce que l'on peut trouver sur Internet. Vous pourrez constater l'importance du rôle de ce château dans la construction de la Provence et du royaume de France médiévaux.

N'hésitez pas à aller consulter ces sites.

Bon surf 8;-))

http://les-baux-de-provence.leprincenoir.fr/

AU HASARD, BALTHAZAR

L'ancêtre le plus lointain de la famille des Baux dont l'histoire ait gardé la trace se nommait Poncius. Il vivait au milieu du IX° siècle. Un de ses descendants Poncius le jeune, né vers 950 et mort vers 1026, épousa Profecta, fille de François 1er, chef de la puissante et riche famille de Marignane. Toute la fortune de la maison des Baux, au début polarisée sur son nid d'aigle, vient de ses alliances. Le fils cadet de Poncius et de Profecta épousa Inauris de Cavaillon il s'appelait Hugues et fut le premier à porter le nom des Baux. C'est comme « Seigneur de Berre et de Marignane » et non comme maître de la terrible redoute des Alpilles que Raimond des Baux, petit-fils d'Hugues, épousera Etiennette de Provence et jus­tifiera ses prétentions à la couronne comtale. C'est par son mariage avec Tiburge d'Orange, fille de Guil­laume de Montpellier, que Bertrand des Baux devint prince d'Orange. De telles unions fournirent à la famille des Baux l'assiette territoriale qui lui manquait et contribuèrent puissamment à la formation des terres baussenques, théoriquement libres de toute suzeraineté. Au nombre pensait-on de 79 mais le décompte paraît modeste, les possessions des Baux étaient répandues sur toute la Provence et notamment sur les actuels départements des Bouches-du-Rhône, de Vaucluse, du Var, des Alpes de Haute Provence et de la Drôme. Le Bourg-Neuf d'Arles et Trinquetaille, l'étang de Vaccarès et la Camargue, Berre, Martigues, Mari­gnane, Miramas, Saint-Chamas, Rognac, Vitrolles, Cey­reste, Aubagne, Auriol, la Cadière, la principauté d'Orange relevaient, entre autres, de leur autorité.

A l'origine le nom de Baux ne désignait qu'un simple Castrum. Le terme géographique venait de Bale signifiant escarpement, précipice, défilé. Bale a donné en latin Balchius, Baucius, puis en provençal Bau. Adopté par Hugues le nom de Baux suggéra l'idée à la famille de se rattacher au roi mage Balthazar (en provençal Bautezar), origine fabuleuse bien dans le goût du Moyen Age et qui donna naissance aux armes parlantes de la maison « de gueules à une comète à 16 raies d'argent » et à sa devise « à l'asard Bautezar ». Cette confusion s'explique par la croyance alors vivace en la valeur significative des calembours. C'est ainsi que Joseph de Maistre méditera au XIXe siècle sur l'étymologie donnée par le Moyen Age au mot cadavre que l'on donnait comme issu de la locution « Cara data vermibus », soit chair donnée aux vers. Ce qui conférait un sens profond à une simple rencontre de mot.

La devise tirée de Sources discutables devint pour les hardis soldats de la dynastie des Baux une véri­table maxime. Toujours luttant contre leur voisin, disputant leurs droits à des familles souveraines, puis une fois perdue la partie sur leur propre terre s'en­gageant dans des querelles en Italie pour la maison de Naples, les princes de la maison des Baux justifièrent par leur exemple la maxime qu'ils s'étaient donnée, pleine de défi et d'audace.

Les guerres baussenques

L'origine de ces guerres doit être recherchée dans la rivalité qui opposait la maison de Toulouse, puis­samment assise entre les Pyrénées, la Mer, le Massif Central et les Alpes, à la maison de Barcelone, établie dans la vallée de l'Ebre, sur la marche d'Espagne, au contact de l'Islam. Arrêtés vers le sud, les comtes catalans tournaient leurs ambitions vers le littoral méditerranéen, au pied des Cévennes et jusqu'au Rhône. L'opposition des intérêts et leur commune application créèrent le conflit.

Le mariage en 1112 de Raimond Béranger de Bar­celone avec Douce, fille de Gerberge qui possédait le comté de Provence, le Gévaudan, le Carladais et une partie du comté de Rodez, valut au comte catalan un surcroît d'autorité en Provence. Il conduisit Alphonse Jourdain, de la maison de Toulouse, à signer en 1125 un traité délimitant les zones d'influence de chacun. Tout le pays au nord de la Basse Durance et sur la rive droite du Rhône, les châteaux de Beaucaire et de Valabrègue, l'Argence étaient dévolus au comte de Toulouse  c'était le marquisat de Provence. La partie comprise entre le Rhône, la Durance, les Alpes et la mer fut la part du comte de Barcelone. Avignon, Pont de Sorgues, Caumont et le Thor restaient indivis.

Le XIIe siècle sera rempli de querelles successorales, conséquences du régime féodal et de la diversité des coutumes. Douce avait une sœur cadette, Etiennette, qui à la mort de son aînée pouvait revendiquer l'héritage de Gerberge, Si l'on maintenait la succession en ligne directe. En revanche, si l'on acceptait le trans­fert des biens par alliance, c'est au mari de Douce que revenait le comté de Provence. C'est sur cette seconde conception que tablait Raimond Béranger et si, jusqu'en 1127, date de la mort de Douce, les chartes concernant leurs domaines furent signées à la fois par Douce et par son mari, elles ne portent plus après cette date que la signature de Raimond Béranger qui se substitua entièrement à sa femme. Tant que Raimond Béranger vécut, Etiennette n'aura pas de revendication, il n'en fut pas de même quand les biens de sa mère revinrent à ses propres neveux et qu'à la suite d'un partage la Provence échut à l'un d'eux.

Or Etiennette avait épousé Raimond des Baux qui ne se fit pas faute de soutenir les droits que sa femme tenait de sa mère Gerberge. Du coup, le Midi se divisa en deux clans  d'une part, celui du neveu d'Etiennette, cadet de la maison de Barcelone, soutenu par son frère aîné, ainsi que par les vicomtes de Carcassonne, de Béziers et de Nîmes ; d'autre part, celui d'Etiennette et de son mari, soutenu par les Toulousains, le comte de Foix et même les Génois, à qui on peut imputer le débarquement au cours duquel périt le neveu d'Etiennette.

Raimond des Baux pour consolider sa position s'adressa à l'empereur Conrad III, qui possédait sur la région une autorité plus théorique que réelle, afin qu'il reconnût les pouvoirs qu'Etiennette et lui-même tenaient de l'héritage de Gerberge. Par acte du 4 août 1145 l'empereur valida leurs titres, sans en préciser trop le contenu, et leur donna le droit de battre monnaie, avantage attaché à la souveraineté. Mais les armes ne devaient pas ratifier cette décision, d'ordre juridique, et dès le début de 1147, la maison de Bar­celone à nouveau en guerre avec Raimond des Baux, emporta un succès décisif, dû en grande partie à l'absence du comte de Toulouse, occupé à la croisade. Son impuissance convainquit Raimond de composer et l'incita à négocier avec Barcelone : il fit sa Soumis­sion et mourut avant que les conditions de paix fus­sent arrêtées. Etiennette, et ses quatre fils : Hugues, Guillaume, Bertrand et Gilbert n'eurent d'autres res­sources que de renoncer à leurs droits sur le comté de Provence. Le traité mettant fin à ce premier épisode sera signé à Arles en 1150.

La trêve ne devait guère durer. Après cinq années d'attente, Etiennette et ses fils relancèrent les dés. Allié au comte de Toulouse, Hugues obtint un pre­mier succès d'ordre diplomatique, et reçut de la part de l'empereur germanique, Frédéric Barberousse, confirmation des titres de sa maison. Mais les hosti­lités une fois encore tournèrent à sa confusion. La maison des Baux dut s'avouer battue et s'engager à ouvrir le château de Castillon et diverses places fortes à première réquisition. Le château des Baux et quelques-unes de ses défenses avancées étaient exclus de cette humiliante condition.

En 1162, troisième et dernière tentative, d'un règlement par les armes : les catalans s’assuraient défini­tivement de leurs adversaires. Le château des Baux fut rasé et le territoire avoisinant ravagé.

La maison de Barcelone voulut faire reconnaître sa victoire militaire par les chancelleries. Hugues des Baux, s'empressa de contrarier cette démarche, et fit état auprès de Frédéric Barberousse des deux diplô­mes pourvus de la bulle d'or impériale, émanant l'un de Conrad, l'autre de Frédéric Barberousse lui-même. Ce fut peine perdue. Frédéric Barberousse ergota, fit valoir que le nom de la Provence ne figurait pas dans les actes précités et se garda bien de donner raison au vaincu.

Pendant près de vingt ans (1142-1162) la maison des Baux avait tenté de s'imposer. Les droits nés d'un mariage s'éclipsèrent dans un mariage. L'empereur donna sa nièce à Raimond Béranger III, de la maison de Barcelone, fidèle au prénom porté par le mari de Douce. Maîtresse des champs de bataille, la dynastie catalane se couvrait d'une reconnaissance impériale, à la vérité plus flatteuse qu'efficace.

Evincés par la maison de Barcelone, les seigneurs des Baux durent un temps se contenter des seconds rôles, peu conformes à leur caractère et à leurs visées.

Celui qui va maîtriser le destin et offrir à sa famille, guidée par l'étoile des mages, de nouveaux champs de gloire et de profit fut Barral, homme profond et poli­tique (1217-1268). Marié à Sibylle d'Anduze, nièce de Raimond VII, comte de Toulouse, il fut d'abord aux prises avec Charles d'Anjou, frère de Saint-Louis. Charles avait reçu en apanage le Maine et l'Anjou. Sa mère, Blanche de Castille, lui avait fait épouser, avec l'aide du pape, la quatrième fille de Raimond Béran­ger V, Béatrice (1246). Le changement de dynastie, aggravé de l'absence prolongée de Charles qui suivît son frère le roi à la croisade d'Egypte, créa la plus grande confusion en Provence. Les Castellane prirent une attitude hostile. Les grandes communes, Arles, Avignon, Mar­seille s'érigèrent en véritables républiques gouver­nées par des consuls et formèrent, pour trente ans, une ligue défensive, sous la direction de Barral. Occupé en terre sainte, Charles d'Anjou, dut atten­dre 1251 pour réduire Arles, avec le concours de son frère Alphonse, devenu comte de Toulouse. Barral s'était tenu à l'écart de l'opération.

Soucieux de rentrer en grâce, Barral, négocia avec Blanche de Castille et lui promit son concours. Il s'engagea à soumettre Arles au comte d'Anjou et Avignon au comte de Poitiers. En 1252, il obtint la restitution de ses biens en comtat Venaissin sous la promesse d'aller servir en Terre-Sainte, à ses frais, avec neuf chevaliers et dix arbalétriers. En 1257, Barral fut appelé à Orange, comme témoin de la cession faite à Charles d'Anjou, comte de Provence, par Raimond des Baux, prince d'Orange, du royaume d'Arles que l'empereur Frédéric avait donné à Guillaume, père de Raimond, le 2 janvier 1215. Lors d'une révolte marseillaise, Barral reçut même le commandement des troupes comtales. Posté dans l'église Saint-Victor, le seigneur des Baux réduisit les rebelles.

En 1264, Charles d'Anjou fut appelé par le pape à la couronne de Naples et entraîna avec lui tout un concours de peuple destiné à occuper les nouveaux territoires. Le fils de Barral, Raimond commandait l'avant-garde au moment de la rencontre avec Man­fred à Bénévent.

La Provence se montra complaisante à Charles d'Anjou qu'elle avait d'abord combattu par fidélité au passé et par esprit d'indépendance. La meilleure manière de donner des exutoires aux aspirations des habitants était de les conduire sur de nouveaux théâtres. Toutes les grandes familles furent conviées à se tailler dans le royaume de Naples de larges pos­sessions. Les soldats de fortune pouvaient gagner grades et emplois. Les armateurs et les commerçants, la richesse. Toute une population, à la recherche de fructueuses aubaines, s'engouffrait dans la péninsule, à la suite de Charles d'Anjou dont elle attendait monts et merveilles. Ce n'était pas d'ailleurs sans quelque contrepartie : impôt d'argent, impôt de sang. Mais la proie était trop belle pour ne pas engager à de belles actions et à l'oubli des rancœurs passées.

Le cas de Barral des Baux était celui de toute une province désireuse de se reconvertir. Aussi n'y a-t-il rien d'insolite pour l'époque à ce qu'il en vint à renier ses anciennes alliances et à contracter, avec la nouvelle dynastie, un pacte de famille. Les fonctions de podestat de Milan et de grand justicier pour la Sicile récompensèrent ses bons et loyaux services.

Son fils Bertrand (1244-1305) poursuivît l'ascension si opportunément amorcée et reçut le comté d'Avel­lino, un des principaux du pays. Ses capacités s'illus­trèrent dans diverses charges: capitaine des troupes de Campanie, il fut aussi vicaire de Rome et ambas­sadeur près du roi d'Aragon. Il avait fait en 1263 un brillant mariage avec Philippine de Poitiers, fille du comte de Valentinois.

Le petit-fils de Bertrand, Hugues des Baux, comte d'Avellino, joua un rôle éminent à la Cour. Lié d'amitié avec le roi Robert, il acquit la réputation d'un fidèle et vaillant chevalier. La solidarité des deux maisons était éprouvée. Le roi Robert qui avait fait un séjour en Provence dans sa jeunesse, comme vicaire de son père, bénéficia de la sympathie des pro­vençaux. Et c'est à ce sentiment qu'il dut de conserver la Provence, convoitée par le roi de Hongrie, fils de son frère aîné. Lors de son couronnement en 1309 dans Avignon, il reçut l'hommage des barons, des prélats, des communautés, signe sensible de la recon­naissance de ses droits souverains. Nanti de cette investiture, il put se consacrer plus à fond à ses affai­res italiennes, et ne revint que dix ans plus tard en Provence, où il resta jusqu'en 1324. Les liens qu’Hugues avait tissés avec son suzerain lui valurent d'importants bienfaits. Il fut sénéchal de Provence, grand amiral du royaume et chambellan de la reine Jeanne. Il trouva le moyen d'obliger la princesse Marie, sœur de la reine, à épouser son fils Robert des Baux. Mais il fut assassiné à Gaète par Louis de Tarente.

Les descendants de la famille des Baux reçurent dans la péninsule de nouvelles grâces et de substantiels avantages. Ils occupèrent une place de premier plan, près de Tarente et des Duras, branches cadettes de la famille royale qui, avec la reine Jeanne, fait à son tour, connaître bien des vicissitudes.

UNE FASCINANTE AVENTURIERE

 Elevée dans un foyer austère et rompue dans sa jeunesse à la pratique d'une religion scrupuleuse, Jeanne de Naples (1326-1382) était la petite-fille du roi Robert à qui la postérité accorda un renom de sagesse. Il laissait à Jeanne un des plus beaux ensem­bles territoriaux de l'époque : tout le sud de l'Italie en Toscane, la ville de Prato; un domaine important en Piémont; la Provence tout entière; sans compter des droits sur la Sicile et diverses principautés en Grèce.

L'image que l'histoire nous a laissée de la reine Jeanne est, peut-on dire, double. Si les femmes de moeurs légères sont à Naples comparées à la reine Jeanne, la Provence, en revanche, a conservé le sou­venir d'une reine bonne, belle et diserte. «Parlo comme la bello Jano » y dit-on d'une personne de rapports agréables et pour évoquer la douceur du passé n'emploie-t-on pas la formule : « ero bu tems de la bono reino Jano » ? Frédéric Mistral en parle avec admiration dans un de ses poèmes des lies d'Or. La réhabilitation paraît bien tardive. La culpabilité de Jeanne dans le meurtre de son premier mari, André de Hongrie, reste une énigme. Bien des indices laissent à penser qu'elle ne se mêla pas directement de l'assassinat monté par les Tarente, désireux de se débarrasser d'un rival. Néanmoins, elle se consola vite et épousa en seconde noce, Louis de Tarente son cousin, adversaire du premier mari.

Ce nouveau mariage amena la reine Jeanne en Avignon, où elle obtint du pape la ratification de son nouvel état, mais ne put obtenir décharge de la mort d'André de Hongrie. Poussée par d'impérieux besoins, elle vendit à Clément VI la ville d'Avignon pour 80 000 florins. Sous son règne, la rivalité des Tarente et des Duras prit aux Baux un tour particulièrement vif. Robert de Duras, réfugié en Avignon auprès de son oncle maternel, le cardinal de Talleyrand-Péri­gord, voulut malgré ses promesses tirer vengeance de ses rivaux. Il mit, en compagnie du seigneur de la Garde et de quatre-vingts cavaliers, le siège devant les Baux. Nantis d'échelles, ils tentèrent une escalade nocturne et, profitant de l'absence de Raimond des Baux, alors auprès du roi, s'emparèrent de la place. Un frère de Raimond, Antoine, prévôt de Marseille, figurait parmi les captifs (début de 1355).

Ce fait d'armes partagea la cour pontificale. Inno­cent VI en fut indigné, tandis que le cardinal de Périgord défendit Robert de Duras. Le pape chargea, au printemps, une délégation composée des archevêques d'Arles et de Brindisi, de l'évêque de Senez, du doyen de Tarascon et d'un chanoine de Comminges d'aller faire entendre raison au hardi capitaine. La digne ambassade entra dans les Baux, mais ne put se faire entendre de Robert, ni obtenir la libération d'Antoine.

Cependant le parti de l'impétueux Robert grandis­sait dangereusement, il s'accrut de trois cents cava­liers et de cinq cents fantassins qui ne se privèrent pas de piller les abords et de faire main basse sur les biens adverses. Les querelles au sein du consis­toire prirent un ton extrême. Si le pape menaçait d'enlever leur chapeau aux dissidents, ces derniers parlaient de le décapiter. Innocent VI en fut impressionné et se réfugia à Villeneuve-lès-Avignon.

Les tentatives de conciliation se multiplièrent néan­moins. On délégua Gautier de Brienne à Robert de Duras. Des pourparlers s'engagèrent aussi entre le cardinal de Talleyrand, d'une part, les représentants du vice-sénéchal et de la maison des Baux, d'autre part. Un accord intervint même entre eux, transmis à Robert de Duras par l'archevêque d'Arles et Hugues d'Arpajon. Rien n'y fit.

Une résistance locale s'organisa. Il y eut bientôt huit cents cavaliers et nombre de fantassins décidés à emporter la place des Baux. Des contributions furent levées sur les principales villes et, après un conseil de guerre tenu à Tarascon, l'investissement de la forteresse commença. Une bastide fut construite destinée à atteindre la place. La Provence tout entière se mit sur le qui-vive et empêcha les renforts de parvenir aux assiégés. Soutenu par la papauté, le pou­voir légitime en quatre mois vint à bout du rebelle (20 juillet 1355). Robert de Duras devait plus tard combattre à la bataille de Poitiers, au service de Jean le Bon, et y périr.

Durant la seconde moitié du XIV siècle, le règne de la reine Jeanne va être marqué en Provence par une série de troubles auxquels la maison des Baux et les grandes compagnies vont être mêlées, aggravant une situation déjà confuse du fait des rivalités existant entre les nobles et les cités.

Une fois éliminé Robert de Duras, la maison des Baux va se trouver en conflit avec les Tarente dont l'influence ne cessait de croître. Rappelons notam­ment que Raimond des Baux avait à venger l'assassinat de son père Hugues (tué à Gaète par Louis de Tarente en 1351) et celui de son frère Robert (exé­cuté dans sa prison, 1354). L'oncle de Robert de Duras, le cardinal de Talleyrand, va se trouver cette fois-ci dans le camp de Raimond des Baux, décidés tous deux à secouer la tutelle du gouvernement de Naples. Leurs desseins seront secondés par cet Arnauld de Cervole, surnommé l'Archiprêtre du fait des fonctions qu'il avait remplies dans l'archiprêtré de Vézines, près de Périgueux, et qui se trouvait, pour lors, à la tête d'une bande de routiers terroristes. Le dauphin de France tenait à les occuper au loin et le 16 mars 1357 Arnauld de Cervole, convoqué au Conseil, promit de transporter ses activités hors du royaume.

La Provence va être en proie à la fois aux maux d'une guerre extérieure et d'une guerre civile. Le pape Innocent VI décrira ainsi les ravages de la guerre au roi Jean le Bon, alors prisonnier à Londres:

« Chaque jour, nous apprenons que les enfants de l'Eglise sont inquiétés, spoliés, torturés, décapités et perdent la vie dans différents supplices. Des hommes corrompent les vierges, débauchent les femmes, vio­lent les veuves et portent leurs mains sacrilèges jusque sur les vierges consacrées au Seigneur. »

Si la plus grande partie de la noblesse fait le jeu de la subversion, les villes en général s'y refusent. Tarascon, Arles, Toulon, Hyères, Nice ferment leurs portes. Orange se met sur le pied de guerre et Siste­ron verrouille l'entrée de la Provence. Marseille se tient sur ses gardes, car elle est une proie particuliè­rement convoitée et entourée de terres baussenques Saint-Marcel, Aubagne, Roquefort, le Castellet où ses ennemis battent la campagne. Sa vigilance sera effi­cace.

Le temps travaillait contre cette coalition mal assor­tie. Après une intervention épisodique du comte d'Ar­magnac, qui soutenait le gouvernement de Naples, l'Archiprêtre et ses bandes quittèrent le pays qu'ils avaient pressuré pendant quatorze mois (1359). Les biens et droits de Raimond des Baux seront confis­qués notamment au profit de Marseille. Raimond dut attendre plus de cinq ans pour obtenir un pardon réparateur.

Quant à la reine Jeanne, embrouillée dans toute une série d'intrigues, de trahisons et de violences, elle aura encore deux maris  Jacques d'Aragon en 1363 et Othon de Brunswick en 1375. Elle périt assassinée par Charles de Duras, qu'elle avait un temps flatté de l'espérance de sa succession.

Raymond de Turenne

A la mort de la reine Jeanne, ses états vinrent entre les mains d'une nouvelle maison d'Anjou. Son premier chaînon, Louis 1er, ne fit guère que traverser la Provence pour rejoindre ses possessions d'Italie, où il mourut en 1384. Sa veuve, Marie de Blois, énergi­que et intelligente, dut faire appel à toutes ses res­sources pour maintenir sa souveraineté. L'Union d'Aix, qui groupait dans une même action nobles et villes, tendait à s'attribuer l'essentiel du pouvoir. Cette situation donnait au roi de France Charles VI la prétention d'intervenir en Provence de manière, disait-il, à « oster la grand division qui y est, faire cesser la guerre et à ce que aucuns ne s'i boutent ».

Au sein de ces désordres une figure se détache, celle d'un féodal, orgueilleux, batailleur et turbulent. Raimond Roger, vicomte de Turenne, appartenait à la haute aristocratie. Son père était Guillaume Roger, comte de Beaufort et vicomte de Turenne ; sa mère, Eléonore de Comminges. Petit neveu du pape Clément VI, neveu de Grégoire XI, titulaire de nombreux fiefs en basse et haute Provence, il pouvait aussi bien se prévaloir de ses relations avec la cour de France, pour laquelle il s'était battu dans les Flandres, qu'avec le Saint-Siège qu'il avait soutenu en Italie.

Les démêlés de Turenne avec le Pouvoir peuvent être découpés en trois périodes : la première, celle des conflits suivis de réconciliation ; la seconde, celle de l'isolement ; la troisième, celle de la liquidation.

En janvier 1386, Raimond consentit à Marie de Blois l'arrêt des hostilités moyennant un certain nombre de concessions. Mais la trêve fut de courte durée et quelques mois après il reprenait les armes, repro­chant à la régente de lui avoir soustrait plusieurs villages des Alpilles, tandis qu'il s'aliénait le pape à l'occasion de problèmes financiers. Pris entre deux puissants adversaires, Raimond lâché par son père qui avait traité avec Marie de Blois, privé de l'agitation créée par l'Union d'Aix, dut faire sa soumission. Il entraînait avec lui sa mère, Eléonore de Comminges, qui partageait ses intérêts et ses humeurs.

Pour défendre sa tante Alix de Beaufort contre les prétentions territoriales du comte de Valentinois, il reprit les armes et se comporta en véritable bandit. Des repaires de Roquemartine et des Baux, les gens de Turenne faisaient main basse sur les bagages des voyageurs. Clercs ou laïcs de passage étaient mis à la question et rançonnés. Aucune immunité n'était accordée. Le puissant évêque d'Albi fut ainsi délesté et dut laisser entre les mains de la soldatesque son or et ses pierreries. Le menu peuple n'était pas épargné  vin, blé, bestiaux s'entassaient dans les maga­sins des Baux et des places avoisinantes.

Mais on en était encore au stade des compromis. En 1389, il y eut un rapprochement avec le pape, et un arrangement avec Marie de Blois au sujet des Baux. Une trêve intervint en 1391 entre Raimond de Turenne et la régente qui se montra libérale. Rai­mond récupérait les places occupées par ses adversaires, recevait 14 000 francs de dommages-intérêts et une rente de 1 000 livres. En contrepartie, il rendait hommage à Louis Il et faisait la paix avec Marseille. La réconciliation avec la cour de France et la papauté fut plus laborieuse. Appuyée sur des concessions réciproques, des cajoleries, de somptueux présents, la paix paraissait cette fois assurée (mai 1392).

Le destin du vicomte de Turenne et de son époque n'était pas de couler des jours calmes et heureux. Malgré son désir de créer un équilibre entre les prin­cipales factions et de se ménager des alliances, Turenne va être peu à peu isolé au milieu des diffé­rentes forces en présence. L'initiative de la rupture va incomber cette fois à quelques seigneurs dont le mari d'Alix des Baux, comtesse d'Avellino qui contestait aux Beaufort des terres provençales  les Baux, Castellane, Eguilles, Puyricard, etc.

Raimond de Turenne, pour défendre son bien, se vit dans l'obli­gation de conserver les bandes qu'il avait promis de licencier et s'empara de plusieurs places toutes tenues par ses ennemis. Les états de Provence mobilisaient, ils votèrent la levée de huit cents hommes dont un quart se chargeait des Baux. Raimond de Turenne sentit le danger de cette situation et rechercha quel­que appui extérieur. Un de ses moyens d'ouverture était la main de sa fille, Antoinette de Turenne, son unique héritière. Marie de Blois l'espérait pour son second fils Charles, mais Raimond répugnait à cette union avec une maison à laquelle il s'était vigoureu­sement opposé et préférait quelque seigneur du parti français.

Mais tandis que l'on supputait de part et d'autre les chances d'obtenir la riche héritière et l'espérance de ses biens, le siège des Baux était brusquement entrepris au cours du mois de juillet 1393. Attaquants et défenseurs s'invectivent, échangent des coups, tan­dis que les otages laissés par Raimond sont molestés. Pour bloquer la place, deux « bastides » s'élèvent. Avignon fournit tout le bois nécessaire, tandis que de Tarascon viennent dix maîtres charpentiers.

Le séné­chal de Provence réunit devant les Baux et dans la vallée du Rhône une troupe importante destinée à tenir la forteresse en respect et à maintenir la liberté de manœuvre. La tête de Raimond, mise à prix et réclamée jusqu'au pied des Baux, tenait bon cepen­dant. Le pape Clément VII, dont Turenne n'avait pas reconnu le sacre, le convoqua à son tribunal comme larron, incendiaire et pillard (décembre 1393).

A la fin de l'année Turenne maria sa fille à Jean le Maingre, dit Boucicaut, maréchal de France. Il autorisa son gendre à pénétrer dans ses propres châteaux en échange de la promesse d'obtenir l'annulation des sentences rendues au profit d'Alix des Baux. Turenne raccompagna Boucicaut jusqu'à Baix en Vivarais et se déclara fort satisfait des conventions souscrites. Mais l'étau se resserrait autour de lui. Boucicaut, hostile à son beau-père tout en occupant une place qu'il tenait de lui, Pontgibaud en Auvergne, ne lui fut d'aucun secours. Le roi de France, à vrai dire, tenta, encore une fois, d'imposer son arbitrage.

Le pape l'aurait accepté, mais Marie de Blois s'y refusa et prétendit ne traiter que si Raimond rendait les Baux, Roquemartine, Meyrargues, Châteauneuf de Mazenc, autrement dit ses possessions de la rive gauche du Rhône. La guerre continua et la mort du pape Clément VII en septembre 1394 n'apporta aucun remède à la situation.

Turenne se trouva petit à petit conduit à la capitulation. Son procès était ouvert devant la juridic­tion laïque du sénéchal de Provence. Il était accusé d'entretenir aux Baux, à Castellane, à Pertuis un ramassis de brigands étrangers aux pays, de procé­der de même à Meyrargues et aux Pennes. Autres accusations plus graves : l'exécution de ses ennemis jetés du haut du rocher des Baux, rapts, sacrilèges, incendies. Enfin des crimes contre l'honneur féodal : violations de serment et lèse-majesté. Il devait se présenter devant les juges, le 21 décembre 1394. L'ordre en fut publié à son de trompe à Arles, Saint-Rémy, Tarascon et affiché, de nuit, aux portes même des Baux.

Bien entendu Raimond fit la sourde oreille et adressa au nouveau pape Benoît XIII la liste de ses propres revendications. Il renforça les précau­tions d'ordre militaire et mobilisa ses forces qui s'étaient augmentées de cinq cents hommes. Razzias, incendies, pillages se succédèrent. En face, les contre­mesures étaient prises et la guerre se poursuivait entre Raimond, la couronne et les états, sans qu'au­cun accommodement n'en réduise l'horreur.

Nous arrivons ainsi à l'année 1396 où, après une démarche infructueuse de Réformât d'Agout auprès d'Eléonore de Comminges, le siège des Baux, de Roquemartine et de Vitrolles fut décidé. Deux cents hommes de troupe et une bastide d'une capacité de quarante hommes de pied et quarante hommes à cheval constituaient la force d'intervention. En l'année 1397 la pression des assaillants s'accentua. Le sénéchal de Provence dirigea en personne le siège des Baux et de Roquemartine où tenaient encore les suppôts de Turenne. Pertuis, assailli avec « engins et bombardes » capitula après dix-huit jours (le siège. Au début de 1398 une redoute de quatorze mètres de haut commandait les terres de la Cran et surveillait la place des Baux.Boucicaut s'engageait de plus en plus contre son beau-père, tandis qu'Alix des Baux récupérait Montpaon, Castillon, Mouriès, Eguilles, les Baux, Séderon...

A la fin de 1399 Raimond de Turenne était rejeté hors de Provence, et voyait s'effondrer son rêve. Contrairement à la légende, il ne disparut pas noyé dans le Rhône en 1400. Il vécut encore dix ans au moins. Sa mère, Eléonore de Comminges qui avait embrassé son parti, emprisonnée par Boucicaut, le gendre infidèle, dut abandonner Meyrargues. C'était la fin d'une aventure que la Provence n'a jamais fait sienne et qu'elle a toujours considérée sous les couleurs les plus noires. Comme le dit Mistral, dans Nerte :

"Il y aura treize ans, vienne la Saint-Eutrope.

Un jour, Isnard de Mormoiron

Nous réunit, quelques barons

Pour chasser de son parc

Les loups de Raymond de Turenne:

Tu sais ? Ce grand pillard,

Ce détrousseur, enfonceur de moûtiers,

Qui, dans ses incursions, traînait

Le meurtre et l'incendie et qui passait

Sur les bastides et les châteaux

Tel qu'un râteau aux dents de fer".

UNION OU ANNEXION

La mort de Raimond de Turenne allait rendre à sa pupille Alix des Baux (1372-1428), le plein exercice de ses droits. Par testament (octobre 1426), elle trans­mit ses biens personnels à son plus proche parent, Guillaume des Baux, duc d'Andria. Ces mesures n'eu­rent pas l'heur de plaire au comte de Provence, Louis III d'Anjou, qui refusa de les reconnaître et mit la main sur la baronnie des Baux, dès lors consi­dérée comme terre comtale.

Mort en 1434, Louis III laissa la couronne à René d'Anjou, son frère. Né le 20 janvier 1408, à l'ombre du château d'Angers, le futur roi avait reçu le nom d'un des insignes protecteurs de la cité, à qui la légende accordait le bénéfice d'une résurrection merveilleuse et que, pour cette raison, on avait doté du nom de René (soit deux fois né). Légende et explication tout à fait dans le goût du moyen âge.

Mgr René subit la loi de son époque et essuya les caprices les plus désordonnés de la fortune. Jusqu'en 1438, duc de Bar et de Lorraine, il dut lutter contre les ambitions de ses rivaux, tandis que par la suite il guerroyait en Italie pour tenter d'y restaurer l'au­torité de sa maison. De 1443 à 1471, ce sont les affaires angevines qui l'occuperont. Puis retiré en Pro­vence il y terminera ses jours, non sans avoir marqué son administration par sa bonhomie et son goût des réformes. Son caractère libéral ne se démentit jamais. Il octroya, en viager, à sa seconde femme, Jehanne de Laval, sa loyale compagne, l'antique baronnie des Baux ; elle habita souvent le château qu'elle orna et embellit, tandis que les services du roi veillaient à l'entretien des bâtiments.

La faveur du roi René valut aux Baux plusieurs privilèges justifiés par l'importance des travaux d'en­tretien et de grosses réparations que la collectivité devait exécuter à la ville et aux remparts. Par lettres patentes données à Marseille le 10 mars 1437, le roi René concédait à la communauté les avantages suivants:

a) Sur le plan politique : La ville et le château sont définitivement incorporés au domaine royal. Des compétences locales sont confiées à des syndics élus.

b) Sur le plan judiciaire : Les habitants des Baux ne pourront être détenus en prison que dans leur propre ville. Les sentences de leurs juges ne pourront être revues ou cassées que par le grand sénéchal de Provence. Les habitants des Baux sont soustraits à la juridiction des officiers de justice, à moins d'un mandement venu de l'autorité supérieure.

c) Sur le plan économique : Le droit de pêche au filet et à la ligne, avec ou sans barque, est reconnu aux gens des Baux sur les marais de Castillon. Pendant la période d'ouverture, la chasse est possible, sans furon et sans feu, sauf sur la montagne du Deffens. Le recrutement de bergers étrangers au pays est admis.

d) Sur le plan fiscal : Tout droit d'octroi est supprimé, il est possible de vendre ou d'acheter sans taxe. La donation entre vifs est exempte de droits de lods. Pas de droit de gabelle aux Baux. Remise des amendes passées quel que soit l'auteur de l'infraction.

Faute d'héritier direct, et sous la pression du roi de France, le roi René, passant outre à la tradition, légua le comté de Provence, non pas à son petit-fils René Il, mais à son neveu Charles du Maine, valétudinaire sans enfant (22 juillet 1474). Aussi quand le roi René mourut le 10 juillet 1480, le sort de la Provence et des Baux était réglé. Charles au bout de dix-sept mois de règne quittait ce bas-monde après avoir désigné pour lui succéder le roi Louis XI.

Dès que ce dernier eut appris la mort de Charles III et le contenu s favorable de ses dernières volontés, il nomma comme lieutenant-général en Provence un homme qui était son principal agent dans le pays depuis cinq ou six ans, Palamède de Forbin. Ce der­nier s’employa à faire voter par les états cinquante-trois chapitres préparés par ses soins (15 janvier 1482). Ils formèrent la Constitution de la Provence, la charte de ses libertés et privilèges. Mais l'on peut se demander si, comme ces déclarations officielles le laissaient entendre, la Provence était bien unie à la France comme un principal à un autre principal, ou si elle n'avait pas été purement et simplement annexée.

Louis XI, toujours accapareur et méfiant, écarta Palamède de Forbin en lui confiant une mis­sion au-delà des Alpes, et désigna pour le représen­ter le sire de Baudricourt, son homme de confiance qui avait fait ses preuves en Lorraine (1483). Le nou­veau lieutenant-général était un homme peu com­mode ; tout en rendant justice aux victimes de Pala­mède de Forbin, il fit démolir les châteaux jugés inutiles et s'attaqua aux murailles des Baux. Il réunit dans ce dessein une importante troupe et obtint du Conseil de ville d'Arles, une contribution de trois cents florins. « L'abattement du château » ne fut pas mené à son terme. Comme point de surveillance et réserve d'infanterie, il pouvait encore servir à la police du roi. Louis XI mourut le 30 août 1483, et les remparts des Baux furent relevés sur ordre du sénéchal. La vieille forteresse avait définitivement perdu son rôle militaire et c'est comme siège d'une simple viguerie royale qu'elle survécut à son ancienne gloire. Les « terres baussenques » étaient définitivement aliénées.

Transformés en baronnie, donnés par le roi à d'importants personnages, les Baux seront adminis­trés en principe par un gouverneur, mais en fait par un viguier, qui en avait reçu délégation. Toutefois, et par suite de circonstances tout à fait exceptionnelles, la baronnie revint un temps entre les mains d'un lointain - très lointain - descendant de la race des Baux. En effet, le roi de France, Louis XII la confia à l'un de ses familiers, frère Bernardin des Baux, chevalier de Rhodes et de Saint-Jean de Jérusalem, conseiller et maître d'hôtel du roi, capitaine des Galères. Hardi marin qui s'illustra contre Venise, la république de Gênes, les Turcs et les Barbaresques, il fut surnommé le « Grand Corsaire ».

A la date du 4 mai 1513, Louis XII lui donna les châteaux, place, terre et seigneurie des Baux, sous les conditions accoutumées pour le récompenser des services rendus au royaume et de ses fructueuses prises de mer. Bernardin fit son entrée aux Baux, le 5 juillet 1513, non sans que les habitants ne lui aient fortement marqué qu'ils ne livraient la ville qu'au roi. L'administration courante fut confiée à Jean Fabre, tout le temps de la vie de son maître qui s'éteignit à Marseille en 1527, dans la disgrâce royale. Bernardin avait du moins tenu à assurer la conservation des Baux, où il possédait une résidence secondaire.

APRES LES TENEBRES LA LUMIERE 

Le malheureux Grand Corsaire n'eut même pas la satisfaction d'obtenir que ses dernières volontés fussent respectées. François 1er, en vertu du droit d'aubaine, confisqua ses biens et donna la baronnie des Baux à Anne de Montmorency, connétable de France, son compagnon d'enfance, qui joua en Provence un rôle important.

Lors de l'invasion de la Provence par Charles Quint en 1536, il mit le pays en état de défense. L'empereur dut s'ouvrir un passage difficile : la résistance de la tour du Muy est restée célèbre. Atteint au début d'août 1536, Aix ne possédait aucune capacité défensive. Les conseillers au Parlement étaient déjà partis et siégeaient à Pont-Saint-Esprit, loin du tumulte. L'empereur s'empressa de constituer un sénat, formé de juristes, qui le proclamèrent roi d'Arles et comte de Provence.

C'est à ce titre qu'il prépara la redistribution du pouvoir, la création de quatre duchés et de quatre principautés, parmi lesquelles figuraient les Baux. Dans le même temps le duc de Savoie, son allié, s'occupait de la destruction du Palais Comtal, où se trouvaient conservés titres et droits acquis. Mais le premier président Chassanée et le conseiller Forbin avec l'appui de Montmorency mirent à l'abri dans la forteresse des Baux les principales archives et les sauvèrent de la destruction. D'ailleurs Charles Quint connut quelques revers et se retira, non sans perte.

Montmorency, dont la détermination et le caractère farouche avaient concouru à la victoire, ne fut pas moins heureux dans son rôle de mécène et d'amateur d'art. Médiocre politique, soldat âpre et sans scrupule, il fut un grand bâtisseur auquel on doit Ecouen et Chantilly II. De son temps le style Renaissance pénétra dans les Alpilles, après avoir connu son épanouissement dans le Val de Loire.

Ce n'était pas la première tentative architecturale que le quat­trocento avait suscitée en Provence. Le roi René avait déjà ramené d'Italie, dont il avait été expulsé par la maison d'Aragon, un certain nombre d'artistes ayant travaillé à Naples ou à Urbin et, parmi eux, un chef de file: Francesco Laurana. On leur doit notamment le retable de Saint-Lazare à la vieille major de Marseille, le portement de croix de Saint Didier en Avignon (1475-1483) et le tombeau de Jean de Cossa à Tarascon.

A ce premier stade, la Renaissance italienne n'eut pas en Provence un grand reten­tissement, mais il faut bien se pénétrer de la situa­tion du pays ; il ne connaissait alors ni l'activité de Florence, ni la fréquentation aristocratique du Val de Loire : il était pauvre.

L'animation viendra de l'extérieur et un puissant seigneur comme Anne de Montmorency semble avoir agi là comme modèle. Un de ses courtisans, le baron de Cental, dont les possessions s'étendaient des deux côtés des Alpes, en Provence et en Lombardie, fit édifier le château de la Tour d'Aigues (à compter de 1550) dont la disposition, la clôture, l'arc triomphal, les pavillons carrés aux angles, reprennent le dessin d'Ecouen. Cela nous donne la mesure de l'in­fluence qu'un mécène comme le connétable peut avoir sur une lointaine province.

Phénomène de mimétisme, remarqué par les érudits, le château de la Tour d'Aigues se modifiera, au fur et à mesure des embellissements apportés à Ecouen. Une ressemblance bien frappante encore s'établit entre les pavillons d'angle de la Tour d'Aigues et ceux du Pavillon du Roi au Louvre : le monarque lui-même fournit l'exemple que l'on imite dans un esprit de cour. Lorsque vers 1571, la famille de Manville, introduite aux Baux par les Montmorency, voulut se faire construire un hôtel particulier, elle adoptera naturellement le style Renaissance. La diffusion de cette architecture aux Baux et dans les Alpilles s'explique aisément, tandis que la basse Provence en fournira peu d'exem­ples.

Nous avons des marques plus concrètes des rapports qui lièrent les Baux à la faveur royale. En 1538 François Ier en personne fut reçu aux Baux. Le notaire André Salomé l'a ainsi noté dans ses archives, en langue vulgaire :

« L'entrado du Rey de France que fit es Baux. Nota que l'an de grâce MDXXXVIII et le vendredy, XVII de may, le très chrestien Roy de France, Françoys premier de ce nom, entra dedans les Baux, aussi monseigneur le Dauphin et monseigneur d'Angolême, le roy de Navarre, monseigneur le Cone stable, monseigneur lamyral (le France, le comte de Sainct Poul, monseigneur de Vendome, monseigneur le cardinal de Loreyne, monseigneur de la Palice, monseigneur de Boysy et plusieurs autres seigneurs de France, monseigneur de Rotellin, la reyne de France, la fame de monseigneur le Dauphin, la fille du roy de France, la reyne de Navarre, Madame la conestable, Madame la marquise de Rotellin et plusieurs autres seigneurs et dames de France desquels les noms sont inconnus ».

Le successeur du connétable, Honoré des Martins, conseiller du roi en son conseil privé, sénéchal de Nîmes et de Beaucaire, fut seigneur et baron des Baux de 1567 à 1581. Il s'était illustré dans les guer­res de Flandre contre Charles Quint et était connu sous le nom de capitaine Grille. Sage et bienveillant à l'égard des populations, il ne semble avoir rien fait pour combattre l'hérésie. Sa femme, Jehanne de Quiqueran, à qui il faut attribuer le pavillon de la « Reine Jehanne », modèle d'architecture Renais­sance, animée d'une recherche baroque, mourut dans la religion réformée.

Le successeur du capitaine Grille comme baron et gouverneur des Baux fut Jacques de Boches (1582-1621, seigneur de Vers, Séderon et Vacquières. Neveu de Jehanne de Quiqueran, il s'employa à lutter contre l'hérésie et fit preuve d'un esprit d'autorité qui l'en­traîna dans maintes contestations avec ses adminis­trés. Il mourut en mai 1621 au château des Baux et fut inhumé à Saint-Trophime d'Arles. Sous son gouvernement, le chevalier de Guise fit aux Baux une visite qui se termina tragiquement. Mais laissons un chroniqueur nous en conter le détail.

M. François Paris de Lorène, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, lieutenant de son frère, Mgr le duc de Guise en ce pais de Provence... dit aux gentilshommes qui le suivaient (aux Baux) : « Je veux vous faire voir que je sais braquer et tirer le canon.  S'approchant de l'un d'eux un peu plus grand qu'une moyenne, l'ayant fait charger lui-même, lui mit la balle et l'appointa contre un trou de la muraille du chas­teau vieux. Ce fait le voulit tirer quoique le cannonier lui pria de luy permettre de ce faire ains luy mit le feu, le canon se creva 2 pans pro­che de la qulote et brisa la cuisse droite et le genou du prince et le blessa un peu au côté droit. Dès aussitôt le portèrent au château, là où estant demanda un prestre et se confessa par le secondère de l'Eglise du lieu et se fit donner l'extrême onction ; mourut 1 heure 1/2 après sa blessure, ayant prié les assistants, en particulier le chevalier de Grignan, le faire ensevelir en cette ville d'Arles. Heureusement, les Baux n'offrent plus aujourd'hui de pièges de cette sorte.

Les seigneurs des Baux ne purent toujours exercer leurs attributions en personne et ils durent désigner des représentants dont l'influence fut importante dans la gestion de la place. Sous le gouvernement du connétable de Montmorency s'établit aux Baux une famille qui y laissa des traces durables. Claude de Manville, capitaine des galères et vaisseaux du Roy avait épousé Philippine de Brion appartenant à la noblesse locale. Le couple devint propriétaire de gran­des terres au pied même du château et reçut, le 9 mars 1543, du roi François 1er, la juridiction mère, mixte et impère sur le mas et les moulins de leur terroir. La gestion de Claude de Manville laissa un excellent souvenir, puisque le Conseil général lui décerna ce satisfecit : « que étant capp. de Lad. Ville et chasteau des Baulx, les a bien et duement traités, régis et gouvernés, soues bonne paix et pollice, (le justice, tellement qu'ils s'en sont contentés ». Ce n'était pas, même à cette époque, une tâche facile.

Son neveu Jehan qui exerça la charge depuis 1561 jusqu'en 1575 fut moins heureux dans son administration. Il avait pris ses fonctions dans une atmosphè­re favorable. Le Conseil général dans sa requête au roi l'avait fortement appuyé : « Il est homme suffisant, capable et responsable, de bonnes mœurs et conscience ayant les biens dans le district de cette juridiction des Baux et homme qui de sa jeunesse a suivi les guerres du Roy tant par mer que par terre. » Mais il ne put contenir les désordres suscités par les différends d'ordre religieux qui déchiraient le pays. Il dut abandonner un temps la gestion qui lui avait été con­fiée et laissa les religionnaires s'emparer de la ville, piller le château et jeter les ornements de la chapelle Sainte-Catherine dans la citerne. Le frère de Jehan, Claude Il, écuyer, vivait aux Baux. Il avait épousé, en septembre 1560, Yolande de Paul de Lamanon et donna asile aux protestants. C'est lui qui fut maître d'ouvrage de l'hôtel de Manville dont une annexe porte la devise de la réforme : POST TENEBRAS LUX.

CAR TEL EST NOTRE BON PLAISIR

Le dernier baron des Baux, Antoine de Villeneuve, époux de Loyse de Luynes, souffrit de l'ambiguïté de ses relations avec la cour. Nommé par la faveur de Gaston d'Orléans, frère et ennemi du roi, il subit la disgrâce de son protecteur. Sa bienveillance et sa générosité lui valurent la confiance de ses adminis­trés. Mais sa fidélité fut suspectée par le roi et le cardinal de Richelieu qui voulurent s'assurer de la forteresse des Baux et du baron de Villeneuve.

Le premier acte de défiance eut pour agent le sieur d'Estoublon, viguier de la ville d'Arles. En vue de faciliter l'opération, le roi convoqua Villeneuve à la cour et d'Estoublon reçut, en sous-main, la viguerie et capitainerie des Baux. Au lever du jour, accompagné d'un médecin, Jean Boussac, et d'une cinquan­taine d'hommes, Estoublon s'empara d'abord de l'entrée de la ville, d'ailleurs mal défendue, car les Baussencs avaient eu la malencontreuse idée de vendre aux gens de Saint-Rémy la sarrasine de la porte. Le sieur de Gardanne qui exerçait le commandement en l'absence de Villeneuve fit diversion, introduisit par une poterne quantité de paysans décidés, se mit à leur tête et chassa les commandos arlésiens.

Les naïfs baussencs ne réalisèrent pas immédiate­ment d'où venaient le coup qui les frapapit. Le Conseil général décida d'envoyer deux ambassades, l'une, pour information, composée des sieurs de Molières et de Verassy, vers le duc de Guise, gou­verneur de Provence ; l'autre auprès du roi et de Villeneuve. Le sort réservé à leurs délégués aurait dû ouvrir les yeux des populations. Molières fut mis en prison à Aix et le sieur de Verassy en revenait por­teur de mauvaises nouvelles. Guise envoyait le capi­taine de Saucourt et sa compagnie prendre garnison aux Baux et exigeait leur hébergement. Dans son aveuglement, le Conseil général refusa le passage à Saucourt et mit la ville en état d'alerte.

Le destin des Baux était scellé. Naturellement Saucourt mit le siège devant la ville. Naturellement les habitants résistèrent héroïquement aux assauts, à la faim et à la soif causées par la disette. Toujours aveugles, ils envoyèrent un nouveau message au roi pour lui demander aide et assistance. La réponse les surprit. Les lettres patentes, portées par Saucourt lui-même étaient adressées  « A mes chers et bien aimez les Consuls et habitants de nos villes et chasteau des Baux en Provence. » Leur contenu était moins bienveillant. Saucourt prenait le commandement de la place, accompagné de cinquante hommes d'armes chargés de la sûreté et de la conservation des lieux. La dépense était mise à la charge de la cité. Le document était revêtu de la tranchante formule de l'absolutisme : « Sy ny faictes faulte car tel est notre plaisir. Donné à Saint Germain en Laye ce 18e jour de juin 1631. Signé  Louis. »

Le Conseil général, soudain éclairé, fit preuve de compréhension. Le pont-levis des Baux s'abaissa pour Saucourt et ses hommes. Le siège avait duré près d'un mois.

Il fallait maintenant régler les comptes. Au cours d'une réunion du Conseil général, le 29 août, l'intendant de Provence, le sieur de la Potherie, signifia que sa Majesté vendait, avec leur consentement, la cité des Baux, aux habitants eux-mêmes. Estoublon en avait passé contrat avec le roi au prix de cent mille livres, payables avant le 15 septembre. Comme il s'en expliqua alors, cette transaction n'avait été obtenue qu'à grand peine. Généreusement, il faisait don à la communauté de la charge de captaine-viguier à lui conférée, moyennant une juste indemnisation de ses frais de voyage.

Les conseillers, résignés à leur mauvaise fortune, se préoccupèrent de réunir les sommes indispensables cent mille livres pour le rachat des fortifications aux­quelles s'ajoutaient les frais d'entretien des troupes pendant et après le siège, le coût de la démolition des remparts, l'indemnisation des victimes de guerre. Les emprunts contactés à Aix, Marseille et Brignoles permirent de trouver 149 784 livres, dont 100 000 furent immédiatement employées au rachat du domaine.

Le problème de la destruction des murailles trouva les habitants divisés, comme Si la volonté du roi et de son premier ministre laissait place à quelque hési­tation. La nécessité l'emporta enfin et la mise en adjudication des travaux fut décidée. L'appel d'offres, publié à Tarascon, Beaucaire, Nîmes, Montpellier, Marseille, Aix, Draguignan, Toulon, Arles, Saint­Rémy, et Avignon donna lieu à une large concurrence. Au commencement de 1632 le prix obtenu à Marseille était de 5 200 livres, chiffre intéressant fruit d'un patient marchandage. L'adjudicataire était Pol Reboul, maître maçon à Tarascon qui s'assura la collaboration de quelques collègues marseillais. L'opé­ration n'était pas Si aisée et il y eut accident de personnes. Elle commença par le château qui dut être attaqué à la poudre tant ses puissantes et lourdes masses résistaient au pic des démolisseurs.

Au moment de toucher aux remparts de la ville, quelques notables s'en furent à Marseille pour obtenir rémission. Mais en vain. Quatre compagnies et un ingénieur restèrent sur place pour assurer l'ordre public et la bonne exécution des travaux. Une fois l'enceinte abattue, l'on combla les citernes et les puits afin de ruiner par avance toute tentative de subversion. Le martyre des Baux se poursuivait sans éclat mais sans relâche. Bientôt les besoins d'argent sus­cités par l'entretien des troupes s'ajoutèrent aux dommages en nature. Il fallut réquisitionner et les malheureux consuls pris entre le respect des engage­ments et les doléances de leurs administrés, se virent plusieurs fois dans l'obligation de quitter la ville.

La situation empirait et les Baux, complètement vidés de leur substance, en vinrent à désirer l'aliéna­tion de leur domaine. C'est à Villeneuve qu'ils s'adressèrent, dans cette extrémité, pour trouver un acquéreur solvable. Le roi ne tenait pas à laisser échapper cette occasion, il usa de son droit de rachat et restitua à la cité la somme de cent mille francs perçue onze ans auparavant. Le bon plaisir avait de ses coquetteries.

LES GRIMALDI DE MONACO

Comment la baronnie des Baux passa-t-elle aux mains des princes de Monaco? C'est une des péripé­ties de la lutte alors engagée entre Français et Espagnols soucieux d'asseoir leur influence sur le sud-est européen. Pour la France, il s'agissait d'évincer les Espagnols de Monaco, où ils s'étaient installés à la faveur de la minorité du prince Honoré Il. En effet, à la mort d’Hercule 1er qui périt assassiné, la régence revint au tuteur du jeune prince, son oncle Horace. Ce dernier, partisan de l'Espagne, admit à Monaco l'installation d'une garnison hispanique, chargée en principe de maintenir l'ordre et la paix.

L'héritier légitime, parvenu à maturité, voulut secouer cette allégeance. Mais comme sa puissance militaire ne lui permettait guère d'atteindre ce but, il dut avoir recours à la ruse. Le prince Honoré noua des rapports secrets avec la cour de France et convint avec elle d'une action concertée dont les conséquences étaient, par traité, mûrement pesées. C'est ainsi que les biens susceptibles d'être perdus en Italie par le prince, d'un rapport annuel de 25 000 écus ou ducatons, devaient être remplacés par des terres en France, situées de préférence en Provence, four­nissant les mêmes dividendes. Un duché-pairie pour le prince régnant, un marquisat pour son fils et un comté compenseraient éventuellement les pertes de la dynastie. Mais le pire n'étant pas toujours certain, les parties contractantes avaient prévu le cas où les Espagnols, magnanimes, auraient laissé au prince une partie de ses biens. La France n'aurait alors en charge que la compensation des pertes réellement subies.

Maintenant il s'agissait de mettre l'ours à terre, c'est-à-dire d'expulser les Espagnols de Monaco. Honoré ne disposait d'aucune véritable force d'intervention. Il sut la créer de toute pièce en faisant appel à son imagination. Sous prétexte de punir quel­ques excès commis contre les Espagnols il fit enfer­mer trente habitants de Menton et de Roquebrune reconnus comme résistants et favorables à sa cause. Le tour était machiavélique. Puis il obtint d'un commandant sans méfiance qu'une partie des soldats de la garnison allassent se refaire au domicile des habitants emprisonnés. Alors Honoré alla vers ses prisonniers, leur expliqua tout rondement la véri­table raison de leur incarcération et leur dévoila ses plans. Partant de ce noyau, dur et résolu, avec quelques serviteurs zélés et les habitants les plus fidèles comme Jérôme Rey, il mit rapidement sur pied ses groupes de combat. Il ne restait plus qu'à courir à Antibes et à prévenir la garnison. Le lendemain les troupes françaises entraient à Monaco, sans coup férir (18 novembre 1641).

Le fer et l'astuce ayant procédé à l'essentiel, la négociation s'imposait à nouveau. Les Espagnols n'obtinrent aucune concession d'Honoré. Aussi ce dernier perdit-il ses terres d'Italie et n'eut point à subir de restrictions dans les réparations dues par la France. La Provence et le Dauphiné fournirent les terres destinées à compenser les lourdes pertes infligées, en rétorsion, par les Espagnols et c'est ainsi que les Baux et Saint-Rémy érigés en marquisat pour Hercule 1er, fils du prince régnant, connurent un nou­veau lustre à défaut de nouvelles aventures.

DE LA REVOLUTION POLITIQUE A L'ERE INDUSTRIELLE

A la révolution, le bourg des Baux avait perdu sa prépondérance, les habitants descendus dans la plaine formaient les agglomérations de Maussane, Mouriès, Saint-Martin de Castillon constituées en paroisses indépendantes correspondant à d'anciennes défenses baussenques. Les événements trouvèrent l'opinion publique très partagée. La ville était monarchiste, la plaine républicaine. Le curé Bertrand, resté fidèle à l'ancien régime, refusait de prêter serment à la constitution civile du clergé. Il dut se cacher et on le trouve un moment à Aureille, dont il était originaire. Condamné à la déportation, il purgea sa peine sur les pontons de Saint-Martin de Ré, jusqu'à sa délivrance, en juin 1800. Le curé de Maussane, en revanche, adhéra au nouveau régime. On le voit en 1791 prêter serment à la Constitution et présider des assemblées à l'intérieur de l'église. Il obtint des pou­voirs locaux l'autorisation d'y transporter un autel de marbre sauvé de la démolition.

La sécurité publique était précaire. Joseph Manson de Saint-Roman, quoique maire, fut assassiné en mars 1793. Les paysans, désireux d'effacer toute trace d'absolutisme, s'emparèrent du château et mirent le feu aux chartes, où se trouvait inclus le statut de leur servitude. Mais les sources de l'histoire des Baux n'étaient pas pour autant détruites. Il nous reste encore des documents d'Etat, des procès-verbaux d'assemblées, des registres paroissiaux, de pré­cieuses archives notariales.

Malgré le désordre, l'œuvre novatrice de la révolution s'accomplissait. Un arrêté du 4 brumaire an IV érigea Maussane, Mouriès, le Paradou en communes, consacrant sur le plan du droit public, une situation de fait déjà ancienne. C'est en 1801 que la délimitation des nouvelles entités administratives devint défi­nitive.

Au cours du XIXe siècle la commune des Baux s'est rapidement vidée de sa substance et de sa population

La production agricole a changé d'objet et les céréales ont laissé la place aux cultures arborescentes. Le phénomène qui a le plus affecté le paysage est la disparition des bois et leur remplacement. Le chêne kermès, le genêt, le romarin, le buis ont pris leur place. L'anéantissement de la forêt laisse loin derrière lui le souvenir du temps où les barons des Baux chassaient le cerf dans les taillis proches de leur château.

Les activités de transformation se sont éteintes peu à peu. En 1820, il y avait encore deux moulins, en 1933 il n'en subsistait qu'un, occupant une dizaine d'hommes pendant une vingtaine de jours par an. L'industrie lainière et de la toile, vivace aux XVIe et XVIIe siècles, n'est plus représentée à la révolution. Les carrières de pierres sont aujourd'hui presque abandonnées. Mais leur ampleur et leur beauté, mises à la mode par Jean Cocteau, attirent cinéastes et peintres, séduits par ces espaces privilégiés que l'on aimerait voir consacrer au culte de l'esprit et de l'art.

Posté le 03-02-2013 19:44 par Jimre

Les Baux de Provence

http://www.avignon-et-provence.com/tourisme-provence/chateau-baux-provence/histoire-baux-provence.htm#.UQ6QN2dXuSp

Un nom de légende

Au Xe siècle, quand l'ordre chrétien s'impose dans tout l'Occident, Manassès, archevêque d'Arles, prélat intransigeant et autoritaire, s'entoure pour asseoir sa puissance de quelques hommes habiles et dévoués. Parmi eux, Isnard, à  qui il fait don de la vallée des Baux de Provence en remerciement de sa loyauté. Un château est ainsi bâti sur le rocher escarpé. Peu à  peu ses ambitieux seigneurs accumulent les terres et les honneurs. Redoutables, ils n'obéissent qu'à  une seule règle, la démesure, confortés par leur patronage qui entoure leur nom de légende.

En effet, les princes de Baux de Provence se réclament de la descendance du roi mage, Balthazar. Reconnaissants envers l'étoile qui les avait guidés, ces mages ont fait de l'étoile une sainte : Sainte Estelle. Ainsi, cette étoile figure sur les armes des seigneurs des Baux de Provence qui prirent alors pour devise "Al Azar, Balthazar" (Au hasard, Balthazar). "La première par son antique nom, comme sa splendeur - Des familles provençales - Race d'aiglons, jamais vassale - Qui, de la pointe de ses ailes - Effleura la crête de toutes les hauteurs". Ainsi est évoquée la légendaire famille des Baux de Provence au début du Calendal de l'écrivain Frédéric Mistral.

 

Quelques personnages illustres dans l'histoire des Baux de Provence

De l'histoire tourmentée de la seigneurie des Baux de Provence, se distinguent quelques figures emblématiques : Raymond des Baux mène pendant près de vingt ans (de 1145 à  1162) les guerres baussenques, disputant le comté de Provence au comte de Barcelone. Raymond de Turennes est longtemps un seigneur docile : il combat en Flandres pour le Roi de France, en Italie pour le Pape. Mais soudain, il se révolte contre tous les pouvoirs et devient "le fléau de la Provence", seigneur cynique et sanglant, défiant la cour de France et le pouvoir pontifical. Il est condamné à  mort et excommunié. Se moquant de ces sentences, ce brigand invincible s'entoure de pillards attaquant les villes et les villages pour y répandre l'incendie et la mort. Enfin, Alix des Baux, dernière et unique héritière des terres baussenques. A sa mort, en 1426, s'éteint cette lignée turbulente des seigneurs des Baux de Provence. Le château, lui, survécut encore quelques années, avant son démantèlement en 1483.

 

Rebelles mais courtois

Au XIIe et XIIIe siècle en Provence, une institution nouvelle, appelée chevalerie, se met en place. Le chevalier, celui qui possédait la force, prête serment de ne se servir de son épée que pour défendre le faible. Il jure de prêcher la paix de Dieu, de respecter les femmes, les clercs et les paysans. Une grande place est désormais accordée à  la culture dispensée par les troubadours qui sillonnent la Provence. La gloire des Baux de Provence est liée à  celle de ses poètes, musiciens et chanteurs qui introduisent un peu d'humanité en ces temps de guerres. Les seigneurs se prêtent au jeu et prennent part à  ces joutes poétiques. Ces rudes hommes d'armes se plaisent à  composer ou à  écouter des pastourelles, des tensons (couplets satiriques), des ballades, des sirventès, ou des chansons. Ils se pressent autour des belles châtelaines dans les Cours d'Amour, divertissements galants, où ces dames jugent des questions de galanterie, des litiges d'amour et décernent des prix de poésie provençale.

La belle saison, au XIIe siècle, se partage ainsi entre les chevauchées guerrières et les fêtes courtoises. Les troubadours et leurs dames créent un nouveau code de valeurs qui introduit dans les cours du Midi le goût du chant et de la danse. La dame courtisée est toujours une femme mariée. Le secret à  deux, qui est partagé par le messager et le guetteur, est la condition même de l'amour courtois. Mais l'angoisse y a aussi sa place à  cause des lauzengiers, les jaloux malveillants, prêts à  dénoncer au mari le poète et sa dame.

Les troubadours, qui sont des auteurs interprètes, glorifient dans leur poésie chantée (la canso), le fin'amor, l'amour pour la dame, conçu comme un perfectionnement pour l'âme et le coeur du chevalier. Ils ont chanté pendant longtemps les jeunes filles des seigneurs des Baux de Provence qui s'appelaient Azalaïs, Douce, Fanette et Passerose, des prénoms que l'on rencontre, aujourd'hui encore, en Provence.


Le démantèlement

Alix de Baux, unique héritière des fiefs baussenques, lègue par testament ses terres à  un lointain parent, le duc d'Andria. Mais à  la suite de sièges et de guerres, la seigneurie échoue par héritage à  René d'Anjou. En 1481, au décès du "Bon Roi René", dernier comte de Provence, les Baux de Provence sont rattachés au Royaume de France. Louis XI démantèle la citadelle. La seigneurie est dès lors transformée en baronnie et attribuée, en témoignage de reconnaissance, aux fidèles serviteurs des Rois de France. Le plus célèbre d'entre eux reste le connétable Anne de Montmorency, ami d'enfance de François Ier. Il restaure le château ruiné et introduit l'architecture de la Renaissance italienne en Provence. Il résiste à  une dangereuse tentative d'invasion de Charles-Quint et fait transférer dans la citadelle les archives du Trésor depuis Aix en Provence, menacée par les troupes de l'empereur. Mais les guerres de religions menacent bientôt cette paix éphémère et les Baux de Provence, devenus un des foyers du protestantisme sous la famille Manville, sont désormais considérés avec défiance par les représentants du Roi.

 

La lassitude de Richelieu

Entraînée dans une révolte menée par Gaston d'Orléans contre son frère, Louis XIII, la cité des Baux de Provence est à  nouveau assiégée. Richelieu décide d'anéantir une place si obstinément rebelle. Il appelle à  la Cour le baron des Baux, Antoine de Villeneuve, favori de Gaston d'Orléans et pendant son absence, il donne ordre d'assiéger la ville. Malgré une défense héroïque de 27 jours, les portes finissent par s'ouvrir et les remparts sont abattus. A la poudre et à  la pioche, les hauts murs sont démantelés. L'orgueilleuse citadelle des Baux de Provence se rend définitivement au pouvoir royal. Erigé en marquisat, le fief des Baux de Provence est donné aux princes Grimaldi pour les remercier d'avoir chassé les Espagnols de Monaco. La France ne rachète la province qu'en 1791.

 

Le calme puis un nouvel essor

Appauvri par la perte de son rôle politique et militaire, le village des Baux de Provence voit sa population diminuer, la Citadelle désertée n'est plus qu'une "cité morte". Seuls les grands poètes provençaux, comme Frédéric Mistral ou Alphonse Daudet, défendent encore ces ruines fascinantes. Il faut attendre 1821 pour que la citadelle des Baux de Provence sorte de l'oubli. Une découverte scientifique attire l'attention sur ce bourg devenu village : un chimiste dénommé Berthier trouve dans les environs une roche rouge qui permet de produire l'aluminium. Il la baptise "bauxite".

En 1945, l'ouverture du célèbre restaurant "L'Oustau de Baumanière" ouvert par Raymond Thuillier, maire des Baux de Provence de 1971 à 1993 attire chefs d'Etats, artistes et personnages célèbres. Leur venue marque la redécouverte des Baux de Provence par un large public, sensible au caractère unique des lieux.

Depuis 1992, le château des Baux de Provence fait l'objet d'un exceptionnel programme de fouilles et de mise en valeur, le rendant encore plus attractif.

En 1993, la Commune des Baux de Provence a décidé de faire appel à  Culturespaces pour mettre en valeur et gérer le Château des Baux de Provence. Avec 250 000 visiteurs par an, ce site exceptionnel est désormais le deuxième monument le plus visité de la région PACA après le Palais des Papes d'Avignon.


Posté le 03-02-2013 19:40 par Jimre

Les Baux de Provence

http://www.lesbauxdeprovence.com/les-baux-de-provence/histoire-des-baux/histoire-baux-de-provence.html

La situation du plateau des Baux-de-Provence, naturellement perchée et retranchée, a toujours assuré aux populations qui ont habité le lieu, le double avantage de pouvoir observer les environs et de se protéger, ce qui explique sans doute la précocité et surtout la continuité de l'occupation humaine du site depuis la préhistoire jusqu'à nos jours.

Les premiers textes connus du Xe siècle font état du "Balcium Castrum". Ils mentionnent le nom du seigneur du lieu Pons le Jeune dont les descendants adoptent le nom des Baux pour patronyme. Cette fortification a été remplacée au XIIIe siècle, lors de la grande campagne de travaux des seigneurs Hugues et Barral des Baux, par le donjon qui profite de la configuration naturelle du rocher et qui sert d'appui aux autres bâtiments du château.

Les Baux-de-Provence au Moyen-âge

La lignée des Baux est, au Moyen-âge, une des grandes familles provençales, importante par ses possessions qui à l'origine sont principalement concentrées sur Arles et sur Marignane, et qui se sont au fil des générations étendues dans toute la Provence, dans le Comtat Venaissin, dans le Dauphiné et en terre italienne.

La Maison des Baux fut ainsi maîtresse de soixante-dix-neuf villes ou places fortes qui furent appelées "Les terres Baussenques". Ce nombre, composé de deux chiffres prétendus sacrés, symbolisait la totalité du domaine des princes, son unicité et son intangibilité, en exprimaient, en quelque sorte, leur puissance. Cette dynastie a marqué l'histoire de la Provence par l'influence et la personnalité de ses seigneurs rebelles et guerriers.

Leur histoire mouvementée montre que la forteresse, notamment au cours des guerres baussenques et des guerres de religion, semble avoir principalement servi de place forte au temps de ces rébellions.

C'est ainsi que Louis III, roi de Sicile et comte de Provence se saisit à la mort d'Alix, dernière princesse des Baux, du château médiéval si souvent utilisé contre l'autorité de ses prédécesseurs et le rattache à la couronne comtale. La ville et les terres baussenques entrent ensuite dans le domaine royal lorsque la Provence est rattachée à la couronne de France sous Louis XI. Le roi de France se méfie d'une forteresse à la fois si puissante et si loin de sa cour. De peur qu'elle ne tombe dans les mains de quelques ennemis et notamment des opposants à son autorité en Provence, il ordonne alors son démantèlement en 1483.

Cependant, en raison de son ancienne puissance et de son passé glorieux, la terre des Baux fut intégrée parmi "les Terres Adjacentes" au royaume de France n'ayant d'autre seigneur que le roi, ne dépendant nullement du Comté de Provence et ayant conservé toutes ses coutumes, franchises et prérogatives.

Les Baux-de-Provence à la Renaissance

A la Renaissance, période faste pour la Cité, les bâtiments résidentiels du château sont en partie reconstruits. Mais en 1631, la forteresse est de nouveau aux mains des insurgés, la décision royale d'aliéner le Parlement de Provence, l'année précédente, a provoqué à Aix en Provence, une révolte arrêtée par le prince de Condé. Certains rebelles s'enfuient et se réfugient aux Baux. La ville est assiégée par les troupes de Richelieu. A la suite de ces combats, la forteresse est de nouveau démantelée.

La seigneurie des Baux est donnée, en 1642 par Louis XIII, à Hercule Grimaldi pour le remercier de sa politique favorable à la couronne de France. Celui-ci transmettra à ses descendants le titre de Marquis des Baux dont le Prince Albert II de Monaco est l'actuel détenteur.

Après la Révolution, le marquisat est rattaché à la France. Le village des Baux-de-Provence est peu à peu abandonné et ne compte plus que 400 habitants à la fin du XIXe siècle. Il y en avait 3000 au XIIIe siècle. Mais Les Baux ont à nouveau rendez-vous avec l'Histoire. En 1821, un géologue découvre une roche rouge riche en alumine qu'il nomme bauxite.

Un nouvel essor

C'est après la seconde guerre mondiale que le village entame sa vocation touristique et culturelle, avec l'arrivée de Raymond Thuillier qui contribue à la renommée internationale des Baux en ouvrant le célèbre "Oustau de Baumanière", ambassade gastronomique où se succèdent les grands de ce monde. En 1966, André Malraux inscrit par décret l'ensemble de la commune sous la protection du Ministère de la Culture et de l'Environnement. De nouveau  s'engage pour la cité une période de renaissance et de réhabilitation qui lui vaudra, en 1998, son classement parmi "Les Plus Beaux Villages de France".

Posté le 03-02-2013 19:38 par Jimre

Les Baux de Provence

http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Baux-de-Provence

Les capacités défensives des Baux en font depuis toujours un site attrayant pour l'habitat humain. Des traces d'habitat ont été retrouvées et datées de 6000 av. J.-C., comme à la grotte de Costapéra, découverte en 1928, qui abrite une sépulture collective du Bronze ancien. La place fut utilisée par les Celtes comme un fort ou un oppidum autour du IIe siècle av. J.-C. Pourtant des quartiers périphériques au castrum se développent très tôt, comme celui des Trémaïé. Le passage depuis l'oppidum des Baux jusqu'à la plaine au nord des Alpilles se fait par un chemin protohistorique rejoignant, par le vallon de Laval, la ville de Glanon, qui prendra ultérieurement le nom de Glanum9.

Alors que la Protohistoire est fortement marquée par le pastoralisme et l'agriculture dans les Alpilles, on extrait de la pierre calcaire dans des carrières aux alentours des Baux où a été mis au jour un atelier de la fin du IIe et du début du Ier siècle. Lors de la seconde partie du premier âge du Fer (VIIe  VIe siècles av. J.-C.), la population se sédentarise et se met à construire en dur. Le castrum se structure à la manière d'un village avec ses rues et ses maisons adossées. Le processus d'installation permanente est à mettre en parallèle avec l'intensification des échanges économiques avec les commerçants méditerranéens. En échange de produits de luxe, les habitants des Alpilles produisent des céréales et passent d'un état d'autarcie à une véritable économie d'échange. Au cours des siècles suivants, la population des Alpilles diminue de façon conséquente : le comptoir grec d'Arles attire de nombreux habitants venus de toute la région.

Moyen Âge

Au Moyen Âge, il devint la place forte d'un domaine féodal contrôlant 79 villes et villages des alentours. La forteresse fut construite du XIe au XIIIe siècle sur une vaste étendue de sept hectares. Les princes de Baux contrôlèrent la Provence pendant de nombreuses années et y gagnèrent une forte réputation. Ils disaient descendre du roi mage Balthazar, ajoutant à leurs armoiries, une étoile d'argent à seize branches, pour rappeler celle qui, selon l'Évangile, guida les trois mages vers Bethléem. Leur devise était : « Au hasard, Balthazar. »

Place-forte médiévale située aux confins du Languedoc, du Comtat Venaissin et de la Provence, la forteresse a connu une histoire militaire mouvementée et été l'objet de nombreux assauts. Le solide donjon qui domine encore aujourd'hui rappelle l'importance de ce château, objet de toutes les convoitises au Moyen Âge.

Au XIIe siècle, les princes des Baux durent se soumettre à l'issue des guerres baussenques. Le grand château commença à être renommé pour sa cour fortement cultivée et chevaleresque. Le domaine s'éteint finalement au XVe siècle à la mort de la dernière princesse des Baux.

Ancien Régime

Les Baux, ainsi que la Provence, sont alors rattachés à la couronne de France sous la férule de la famille Manville. Le village devient un centre du protestantisme et tente même une révolte contre la couronne ce qui amène le cardinal de Richelieu, en 1632, à ordonner que le château et ses murs soient rasés.

En 1642, la ville est offerte à la famille Grimaldi en tant que marquisat. Le titre de marquis des Baux leur est d'ailleurs encore rattaché. Administrativement, la ville est entièrement française et le titre de marquis des Baux est traditionnellement donné à l'héritier du trône monégasque. L'actuel prince de Monaco, Albert II, porte parmi ses nombreux titres celui de marquis des Baux.

Période moderne

En 1822, de la bauxite est découverte dans le secteur par le géologue Pierre Berthier. Le minerai est alors intensément exploité jusqu'à épuisement à la fin du XXe siècle.

Héraldique

Les armes peuvent se blasonner ainsi :

« de gueules à une étoile à seize rais d'argent ».

Posté le 03-02-2013 19:36 par Jimre

Les Baux de Provence

http://www.chateau-baux-provence.com/

Le Château a été occupé très tôt (depuis la Préhistoire) et presque en continu jusqu'à nos jours.

Les premiers textes connus (Xème siècle) parlent du « Balcium Castrum » (ou château de Balcio) et d’un seigneur, Pons le Jeune, dont les descendants adoptent le nom « des Baux ». Lors de la grande campagne de travaux des seigneurs Hugues et Barral des Baux au XIIIème siècle, cette fortification est remplacée par le donjon qui profite de la configuration naturelle du rocher et sert d'appui aux autres bâtiments du château.

Au Moyen Âge, la lignée des Baux est une des grandes familles provençales. À l’origine, les terres des Baux étaient concentrées sur les villes d’Arles et de Marignane. Elles se sont, au fil des générations, étendues dans toute la Provence, le Comtat Venaissin, le Dauphiné et l’Italie. La Maison des Baux est alors maîtresse de 79 villes ou places fortes appelées « les terres Baussenques », démontrant ainsi leur puissance. Cette dynastie marque l'histoire de la Provence par l'influence et la personnalité de ses seigneurs rebelles et guerriers. Le Château des Baux semble avoir principalement servi de place forte à la famille des Baux au temps des rebellions.

Au XIIème siècle, l’unique héritière du comté de Provence épouse le comte de Barcelone. La Provence passe ainsi sous l’autorité de la dynastie catalane. Cette autorité est d’abord vivement contestée en particulier par les seigneurs des Baux. Raymond des Baux, époux d’Etiennette de Provence, revendique en effet une part de l’héritage. C’est ce qui engendre entre 1144 et 1162 à trois courts conflits appelés « les guerres baussenques ».

A sa mort en 1426, Alix de Baux, unique héritière des fiefs baussenques, lègue par testament ses terres à un lointain parent, le duc d’Andria. À la suite de sièges et de guerres, la seigneurie échoue par héritage à René d’Anjou. En 1481, au décès du « Bon Roi René », dernier comte de Provence, les Baux sont rattachés au Royaume de France entrant ainsi dans le domaine royal. Le roi de France se méfie d'une forteresse si puissante et si loin de sa cour. De peur qu'elle ne tombe dans les mains de ses ennemis et notamment des opposants à son autorité en Provence, il ordonne son démantèlement en 1483.

La seigneurie est dès lors transformée en baronnie et attribuée, en guise de reconnaissance, aux fidèles serviteurs des Rois de France. Le plus célèbre d’entre eux reste le connétable de Montmorency, ami d’enfance de François Ier. Il restaure le château en ruines et introduit l’architecture de la Renaissance italienne en Provence. Mais les guerres de religion menacent bientôt cette paix éphémère et les Baux, devenus un des foyers du protestantisme sous la famille Manville, sont désormais considérés avec défiance par les représentants du Roi.

Posté le 03-02-2013 19:34 par Jimre

Les Baux de Provence

http://www.richesheures.net/epoque-6-15/chateau/13baux-description.htm

Le village :

La Grand-Rue, artère principale de la cité, est bordée d'immeubles splendides tels l'hôtel Jean Brion (XVIe siècle) ou l'hôtel de Manville, construit en 1571 pour Claude de Manville (famille toulousaine protestante). Ce bâtiment, restauré en 1960, abrite aujourd'hui la mairie.

Situé en face de l'hôtel de Manville se trouve un magnifique vestige Renaissance : la fenêtre à meneaux d'un hôtel particulier avec son inscription " Post Tenebras Lux 1571 " (après les ténèbres, la lumière). Ce texte sibyllin laisse à penser que cet hôtel était le siège d'un temple protestant.

A l'extrémité du village, dans la rue du Trencat, se dresse l'hôtel de la tour de Brau, construit à la fin du XIVe siècle (avec des origines remontant au début du XIIe siècle selon certaines sources). Il abrite aujourd'hui le musée d'histoire des Baux.

La chapelle Sainte Blaise, datant du XIIe siècle, et l'hôpital Quinqueran, bâti entre 1542 et 1583 conformément à la volonté de Jeanne de Quinqueran, femme du gouverneur des Baux, prennent place entre le village et le château. Cet hôpital fonctionnera jusqu'en 1787.

Le château et son donjon :

Le château, dont l'origine remonte au Xe siècle, s'est développé au XIIe siècle (une mention nous précise 1181) et a été reconstruit au XIIIe siècle (entre 1206 et 1254) et au XVIe siècle (de 1514 à 1520). Le donjon ruiné a laissé place à cette époque, dans la basse-cour primitive, à une résidence plus confortable. Son démantèlement en 1632 et l'usure du temps laissent difficilement entrevoir l'importance de ses structures.


De ces ruines chaotiques, les parties les mieux conservées sont :

- La chapelle Sainte-Catherine : De plan rectangulaire, elle est d'origine romane et sa seule voûte restante, à croisée d'ogives, témoigne de sa " reprise " au XVe siècle. Cette chapelle est semi-rupestre comme une partie du château, dont le flanc oriental était creusé dans le rocher.

- Le pigeonnier : Situé au pied de la tour Paravelle, ce haut bâtiment est contemporain du donjon. De très nombreuses niches ou boulins ont été taillés dans la paroi rocheuse pour recueillir œufs et pigeonneaux.

- Les fossés secs et l'immense citerne creusée dans la roche.

L'enceinte du château est garnie de tours datant du XIIIe siècle : la tour Paravelle à l'angle nord-ouest et les tours Sarrasine et de Bannes, au sud. Elles encadraient l'entrée principale, appelé " trou de l'Auro ". Il existait un autre passage pour accéder au château : le " trou aux Lièvres ". Creusé comme un tunnel dans la roche, il liait la première basse-cour du château au pied du vallon. Un assommoir situé à flanc de falaise en défendait l'entrée.

Le donjon (partie la mieux conservée), situé au nord-est du plateau sur son point culminant à 241 m d'altitude, mesure environ 35 m de long et 12 m de large. Trois étages le composent. Son rez-de-chaussée comporte encore les traces d'une croisée d'ogives de 6 m de haut.

Depuis le début des années 1990, un vaste programme de sauvegarde et de mise en valeur a démarré sur le site. Des remblais et gravas sortent des pressoirs, des cuves, des silos, des citernes. Les découvertes effectuées apportent un éclairage nouveau sur la vie quotidienne au Moyen Âge.


Photos:

- Jimre (2013, 2024)

Posté le 03-02-2013 19:06 par Jimre

Barbentane

La Tour Anglica

 

Barbentane est un village situé au pied de la Montagnette, entre Avignon et Tarascon, non loin de Chateaurenard et Boulbon.

Une tour haute et massive représente ce qu’il reste du château élevé au-dessus du village de Barbentane.

Barbentane était à l’origine une possession des archevêques d’Arles puis revint au XIIe siècle à l’évêque d’Avignon. Celui-ci y construisit un château sur une butte.

La tour que nous voyons aujourd’hui  fut construite en deux ans à partir de 1365 par l’évêque Anglic de Grimoard, frère du Pape Urbain V, sur le modèle de la tour Philippe le Bel de Villeneuve les Avignon.

Nommé seigneur de Barbentane et de Noves, il décida de fortifier les remparts et de faire édifier cette tour afin de pouvoir installer des guetteurs.

La tour, qui fait 28 mètres de haut et dont chaque face mesure 10 mètres de cotés,  est classée monument historique depuis 1925. 140 marches sont nécessaires pour grimper au sommet.

C’est sur cette tour que César François Cassini (géodésien et cartographe du XVIIIe siècle) a pu dessiner les premières cartes de France.

Les autres vestiges visibles à Barbentane sont :

-   la porte du Séquier, construite avec un arc de style roman côté village et un arc de style sarrasin côté Montagnette. Le passage de la herse y est encore visible ainsi qu’un gond du portail, au-dessus de la loge où était installé le garde.

-   les tunnels de la Petite et de la Grande Pousterle (du provençal « pousterle » qui signifie porte), restes de remparts du village. La Petite Pousterle au pied de la tour, permettait aux habitants de se rendre à la fontaine située au bord de la Montagnette. La Grande Pousterle, est un chemin avec escalier et tunnel qui passe sous les fortifications de l’ancien château. Il permettait aux troupeaux séjournant dans la Montagnette d’aller s’abreuver dans le quartier bas du village.


Photos:

- Jimre (2012, 2014)

Posté le 05-05-2012 20:18 par Jimre

Montmajour

A quelques kilomètres au nord-est d’Arles, l’abbaye de Montmajour, qui rassemble huit siècles d’histoire architecturale, est perchée sur un rocher calcaire au bord de la route menant aux Baux de Provence.

C’est un ensemble massif de batiments en partie troglodytique qui jusqu’au Moyen Age formait un îlot entouré de marécages.  

On y trouve :

- un monastère carolingien, flanqué d’une nécropole rupestre qui fut entretenu par des ermites avant la construction du monastère,

- une abbatiale romane l'ermitage Saint Pierre, le plus ancien édifice du XIe siècle, à deux niveaux comprenant une église souterraine et une église supérieure, deux chapelles accolées, dont une chapelle troglodyte qui réutilise une grotte naturelle. La chapelle de la Sainte Croix, construite au XIIe siècle en delors de la limite du monastère, contenait une relique de la "Vraie Croix", édifiée pour le Pardon (pèlerinage médiéval), 

- une tour fortifiée ou donjon, construit par l’Abbé Pons de l’Orme en 1369 pendant la guerre de Cent Ans pour se protéger des Grandes Compagnies 

- les ruines du monastère classique.

En 949, Teucinde, une dame de la noblesse provençale, acheta cette île anciennement occupée par des ermites, qui appartenait au Chapitre de la cathédrale d’Arles et l’offrit à des moines pour qu’ils y fondent un monastère.

Dépendant directement du Pape, ce monastère attira rapidement  les dons des fidèles pour le salut de leur âme. C’est dans cet esprit que plusieurs comtes se firent enterrer dans l’abbaye comme la noblesse avait coutume de le faire à l’époque.

L’abbaye devint un lieu de pèlerinage important suite à l’accord par le Pape d’une indulgence particulière, le Pardon, lors de sa visite en 1030.

Au XIe siècle fut érigée une première église, remplacée au XIIe siècle par l’église romane actuelle. A partir du XIIIe siècle, le monastère perdit son indépendance, affaibli par une querelle avec  l’ancien prieuré de Saint Antoine en Viennois à propos de la possession des vraies reliques de Saint Antoine.

Le monastère fut repris par les Bénédictins de Saint Maur mais le déclin était amorcé.

Le lieu fut sauvé en 1872 par Henri Révoil, qui entreprit une première restauration, empêchant ainsi le pillage par la revente au plus offrant des pierres, colonnes et chapiteaux.


Posté le 12-04-2012 15:30 par Jimre

Photos de Montmajour

Avril 2010: Photos des "Noursons" Perrine et Thomas....

Posté le 11-04-2012 20:03 par Jimre

Chateaurenard

Histoire:

Dessin ancien 1792

S'élevant tel un promontoire entre la chaîne des Alpilles et la Durance, la colline des Tours et le Pic Chabaud portant au sommet la "Vierge dorée" dominent la plaine et le village. Cette position stratégique fut occupée par les hommes, dès la préhistoire. Ce massif calcaire permettait de se protéger des fréquentes inondations de la Durance, et son prolongement jusqu'à Saint-Rémy de Provence offrait une voie de communication en dehors des nombreux marécages.

Les grottes de la colline furent les premiers abris préhistoriques (2000 ans avant J.C.). Au 1er siècle, les romains soumirent les tribus cavares (celto-ligures) qui vivaient sur les pentes de la colline et installèrent des villas près du chemin Roumieux.

L'arrivée des Romains en Provence se fit comme pour toutes les invasions le long des vallées fluviales. Le Rhône et la Durance furent les voies de pénétrations. À Châteaurenard, c'est dans le quartier du Vigneret que l'on trouve le plus de vestiges romains.

Au Ve siècle après J.-C., les grandes invasions saccagèrent la région effaçant malheureusement tous les témoignages importants de cette période sur la commune.

Le territoire de Chateaurenard était la propriété des Comtes de Provence et ceci jusqu'en 1481.

Au Xe siècle, c'est à la famille Reinhard, originaire d'Arles, que l'on doit la 1ère fortification connue (probablement en bois)qui permettra l'installation des paysans et le développement d'un village qui prendra le nom de Casteù Reinard (Châteaurenard en français).

Le premier seigneur qui portait le nom de Châteaurenard vivait vers l'an 970. Sa mère s'appelait Balde et son père, Lambert dit Dodon. Il apparaît sous le nom de "Eldeberthus de Castro-Raynardus" au bas d'une charte concernant une dotation faite en faveur du monastère de Montmajour en 1010-1015, par la comtesse Emma, fille de Guillaume Taillefer, comte de Toulouse. Un bac permettant de traverser la Durance est attesté en 1094. Il fusionne avec celui de Rognonas vers 1450.

A la fin du XIIème siècle la pierre remplace le bois et le donjon central est entouré de 4 tours.

Lorsqu’Ildefons d’ Aragon devint comte de Provence, il voulut ériger le lieu en Baronnie et pour cela doter le château de fortifications imprenables.

Jordane, la maîtresse de ce comte de Provence, reçut la lourde charge de veiller à la transformation du castel primitif en une place forte dont la construction dura plusieurs années.

Femme de goût et de culture, Jordane organisa des cours d'amour. Les troubadours passèrent par Châteaurenard, et l'un d'eux composa un poème que l'on fit graver sur une pierre (encore visible aujourd'hui) dans la "Tour des Trois Poignards".

Pedro de Luna, dernier pape - antipape puisqu’un autre pontife siégeait simultanément à Rome - d’Avignon intronisé sous le nom de Benoît XIII, y trouva refuge lorsqu’il fut chassé de son palais par Charles VI.

Il avait en effet promis lors de son élection de se démettre si nécessaire pour mettre fin au grand schisme. Il s’acharna pourtant à ne pas tenir parole, ce qui lui valut de se voir retirer le soutien de Charles VI, roi de France et d’être assiégé en Avignon.

Louis II, comte de Provence, organise son évasion vers Châteaurenard dans la nuit du 11 au 12 mars 1403. La légende dit que Benoît XIII aurait rejoint le château par un passage secret de huit kilomètres. Ce dernier déboucherait dans une des pièces du château. Une part de mystère plane donc sur ce chapitre de l'histoire( voir aussi article sur Oppède le Vieux).

Un deuxième étage est ajouté à l’édifice au cours du même siècle, ce qui explique la présence d’éléments de style gothique.

Entre 1420 et 1430, les quatre tours du château sont surélevées Par la suite cette bâtisse fortifiée fut remaniée pour s’adapter aux armes à feu, mais sera en partie démantelée au cours des guerres de Religion.

A la fin du XVIe siècle, Henri IV ordonne le démantèlement de la forteresse. Celui-ci sera achevé durant la période révolutionnaire.

En 1727, Sexte Gabrielle d'Aymar, épousa Jean Louis Gabriel de Thomassin, marquis de Saint-Paul. En 1781, Joséphine Henriette de Thomassin de Saint-Paul épousa Louis Marc Antoine de Valori. Ainsi par le biais des mariages successifs, les Aymar, les Thomassin et les Valori se succédèrent tout au long du XVIIIe siècle dans la baronnie de Châteaurenard.

C’est en 1792, avec le passage du régiment des Marseillais que le château est mis à sac et démoli. Symbole de la noblesse et surtout source première et gratuite de matériaux de construction, il sera pendant plus de 20 ans pillé par les habitants.

Chateaurenard photo du château d'après les sources

Devenu propriété de la ville en 1921, le château est classé Monument Historique la même année.

D’autres grands noms séjournèrent au château : Louis XIV, la reine Jeanne, Catherine de Medicis Malheureusement, pendant la Révolution Française le château fut détruit par les villageois, seules les deux tours visibles aujourd'hui ont été épargnées.

Depuis l'esplanade du château et la tour du Griffon, vous pourrez apprécier un très beau panorama sur la Montagnette, Avignon, le Ventoux et les Alpilles. Le château abrite aujourd'hui un musée d'histoire locale et présente 4 salles à thème : moyen-âge, lapidaire, XVIIe et XVIIIe siècles.

Le château:

Chateaurenard plan du château d'après les sources

Il est construit sur la base d’un trapèze fortifié, cantonné de 4 tours.

Subsistent la Tour du Griffon au sud-ouest, pleine et à peu près intacte ( salle d’exposition au rez-de-chaussée et table d’orientation au sommet) ;

la Tour nord-ouest, dite des 3 Poignards, ouverte à la gorge, révélant une véritable anatomie de l’architecture médiévale (salle d’exposition au rez-de-chaussée consacrée au pape Benoît XIII). Un escalier permet d’accéder au belvédère de la tour du Nord, à la courtine ouest et au 3° étage, d’où l’on peut appréhender le plan du château dans sa globalité.

S’ajoutent à cela les salles restaurées des Tours de l’Aigle et de la Tour du Nord, ainsi que la salle basse centrale (ancien cellier) avec son puits.

Il subsiste deux tours et cinq salles restaurées depuis 1986. Ces espaces sont aménagés et ouverts au public dans le cadre de visites guidées consacrées à l’histoire du château.


Sources :

- Office du tourisme de Chateaurenard

- Balado.fr

- Wikipedia

- Pays d'Arles

- Provence Web

- Chateaux Over Blog

- Plan fourni par Nano.M d'après Dictionnaire des châteaux et fortifications du moyen âge en France, Charles-Laurent Salch, éditions Publitotal.


Photos:

- Jimre (2012, 2023)


Posté le 05-04-2012 18:51 par Jimre

MALLEMORT EN PROVENCE

Un peu d'histoire

L'histoire de Mallemort, ainsi que celle des riverains de la Durance, reste encore à ce jour méconnue. Si le nom de Mallemort a pour certains historiens une origine romaine, rien n'est moins sûr. En revanche, l'occupation, dès l'Antiquité, de la colline qui porte aujourd'hui Mallemort est une certitude.         

Il semble même que Jules César fasse allusion dans ses mémoires à cette immense colline entourée de forêts. Non loin, des vestiges d'un rempart romain et des pièces de monnaie ont été découverts et étudiés par des archéologues. Plus récemment, une villa gallo-romaine a été mise à jour lors de la construction du golf Pont-Royal.

Nos plus vieilles sources médiévales révèlent que le plus ancien coseigneur du lieu se nommait Pontius de Mallemorte, premier consul des Comtes de Provence en 1150. Mallemort était alors un bourg d'assez belle taille, compte tenu de la population du moment.

En 1092, Mallemort est appelée « Castro Malemortis ». Elle prend son nom de « Malamors » au XIIe siècle.

En 1189, les Hospitaliers du Pont de Bon Pas entretiennent une Maison sur le « Podium Sanguinolentum » (le Puy Ensanglanté) de Mallemort dominant le passage sur la Durance.

C'est en 1257, que notre village connut un changement important dans son statut puisque, à la suite d'un échange initié par le Compte de Provence Béranger, il passa sous la juridiction ecclésiastique des évêques de Marseille, qui gouvernaient et exerçaient la justice.

Juste derrière l’église, un passage voûté conduit aux ruines du château, datant de cette époque. Détruit et envahi par les habitations, il n’en reste plus que le donjon.

La Reine Jeanne, qui avait le droit de siège au tribunal local, institua le premier marché, ainsi qu'une foire au mois d'Août.

Très tôt, les chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem détinrent de nombreuses terres à Mallemort. Ils possédaient aussi un hôpital et une chapelle. Certains de leurs immeubles communiquaient par des souterrains qui se rejoignaient tout en bas du quartier des Estrayas. C'est en 1964, lors de la construction du canal E.D.F., que l'on mit à jour l'ouverture de ces trois souterrains.

Notons que lorsque Saint-Bernard, fondateur de l'Ordre de Citeaux, installa ses moines à l'Abbaye de Silvacane, il en détacha un pour célébrer le culte à Mallemort. Peut-être par une crainte déjà fort ancienne de certaines hérésies, ou encore des juifs dont la communauté était florissante. La synagogue était encore visible au début du siècle dernier.

Le pays alors comprenait d'immenses forêts qui s'étendaient jusqu'à Silvacane ; ce sont les moines de l'Abbaye qui défrichèrent en aval de la vallée pendant que les Mallemortais et les chevaliers de Saint-Jean, bâtissaient le village de Charleval en amont.

En avril 1545, une persécution est organisée contres les Vaudois. Les troupes de Paulin de La Garde, sous la direction du premier président du Parlement d’Aix, Jean Maynier, seigneur d'Oppède, pillent le village. Les terres sont confisquées, les hommes massacrés, les femmes violées avant d’être tuées.

Le château de Mallemort fut le lieu d'accueil de visiteuses de marque. En effet, Anne d'Autriche et Mademoiselle de Montpensier, au cours de leur pèlerinage pour se recueillir devant les reliques de Sainte Anne à Apt, y firent étape le 26 Mars 1660.

Les évêques de Marseille conservèrent leurs droits sur la Seigneurie jusqu'à la Révolution de 1789. Ils étaient propriétaires du château depuis 1260.

Au 16ème siècle, l'ingénieur Adam de Craponne met en place un remarquable système d'irrigation de La Crau et de la région de la Basse Durance. C'est ainsi que la plaine devient fertile et même florissante pour l'agriculture : grâce à l'eau, la vallée fut sauvée de la sécheresse estivale du milieu méditerranéen.

Dès lors, la plaine enregistra une forte augmentation de son potentiel agricole, qui connut son apogée à partir du début du 20ème siècle. Les célèbres fruits et légumes de Provence sont cultivés de manière intensive et permettent la naissance d'un important marché de gros de 1928 à 1970.

Au beau milieu de cette plaine agricole se déroule le cours capricieux de la Durance. Si ses crues dévastatrices lui ont valu la réputation d'être l'un des trois fléaux de la Provence (les deux autres étant le Mistral et avant la révolution, le Parlement) elles abreuvent également le terroir d'une eau bienfaitrice et nourricière. Seule E.D.F., par son canal de Basse Durance et surtout le barrage de Serre-Ponçon, parviendra à assagir et à réguler ce fleuve impétueux en dehors des crues centennales.

Dominant la Durance à moitié domptée se dresse le petit Lubéron, plateau calcaire de 700 mètres d'altitude : de Mallemort, on peut entrapercevoir les ruines du château de Mérindol au pied du Lubéron.

Le Vieux Pont Louis-Phillipe

L'histoire de Mallemort, c'est aussi l'ancienne mairie (1842) tout en haut de notre village, actuellement centre culturel, l'église (1780), mais c'est aussi et surtout notre vieux pont suspendu construit entre 1846 et 1848 à l'initiative du roi Louis-Phillipe et ouvert le 20 Avril 1846. C'est le derniers des grands ponts encore fidèle au poste sur la Durance. Long de 300 mètres, son tablier de bois fait 6 mètres de large. Il a été emporté une première fois par une crue en 1872, puis 1880, 1882, 1886. Pendant la guerre, en 1940, les bombes l'ont presque détruit.

Pont-Royal

Le hameau de Pont-Royal trouve des traces de son origine vers le 13ème siècle. Le Moulin de Vernègues, qui servait de moulin à grain à la seigneurie de Vernègues, appartenait à l'Archevêque d'Arles. Le Roy René venait chasser sur ces terres et cette maison seigneuriale fut utilisée comme relais routier pour les calèches.

La première date retrouvée pour le château de Pont-Royal, aujourd'hui propriété vinicole, est 1716. Les archives indiquent qu'il s'agissait d'un relais de Poste qui servait au changement des chevaux pour les courriers du roi : 22 personnes y étaient employées et c'est en fondant leur famille que ceux-ci ont constitué peu à peu le hameau.


Sources:

- Site de Mallemort sur Regioland

- Site de Mallemort

- Mallemort sur Wikipédia


Photos:

- Jimre (2011)

Posté le 28-11-2011 14:21 par Jimre

LAFARE LES OLIVIERS

Histoire du château et de la commune.

La Fare s'est écrit aussi Lafare au XIXe siècle. En provençal (Faro), La Faro. Il est difficile d'accepter l'étymologie : Faro venant de Farossium d'où Farot, feu servant à signaler les dangers. Les armoiries : « d'Azur à main dextre de carnation tenant un flambeau d'or allumé de gueule » ne sont qu'une traduction par jeu de mots. Le nom de pays provient bien plus sûrement, de celui de la famille des Fara, à qui ce territoire fut donné vers le XIIIe siècle par les Comtes de Provence.

Aucun vestige préhistorique, mais des traces nombreuses du séjour des romains. Roure et Negrel-Feraud ont retrouvé des vases en terre, en plâtre, en plomb, contenant des cendres et des médailles impériales. Roure a découvert également une mosaïque placée maintenant à la porte d'un grenier à foin, des conduits de plomb, appartenant sans doute à une villa, un mausolée situé aux confins des territoires de La Fare et de Berre, mausolée surmonté d'une colonne renfermant des urnes funéraires, lacrymatoires, des lampes sépulcrales, des médailles. Les romains semblent avoir colonisé la plaine, une route appelée voie militaire de Caius Marius la traversait venant de Rognac, passant devant l'ancienne auberge « Notre Dame », traversant l'Arc au passage à gué de la ferme de la Garanne se dirigeant par Lançon vers la Grand'Route Marseille-Avignon.

Au haut Moyen Age la population se réfugie sur les hauteurs : le Castrum de La Fare est signalé pour la première fois dans le testament de Raymond des Baux le 7 septembre 1170.

La population devait être peu nombreuse, une charte du temps indique en effet qu'en cas d'alerte tous les habitants pourraient se réfugier dans la grande citerne du Castrum.

En 1348, la Grande Peste décima comme partout en Europe la population déjà peu nombreuse.

En 1371, il n'y a pas de preuve qu'une population sédentaire vivait à La Fare.

Le 4 avril 1402, à Brantes, au pied du Ventoux, en présence de son épouse Alix des Baux, Odon de Villars fit donation à son neveu Philippe de Lévis les fiefs de Brantes, Plaisians et leurs dépendances, des seigneuries de Saint-Marcel, Roquefort, le Castellet, Cassis et Port-Miou, dépendantes de la baronnie d’Aubagne, ainsi que de La Fare-les-Oliviers, et Éguilles. Son neveu, en contrepartie devait lui servir de caution vis-à-vis de Raymond de Turenne dans l’observation d’un accord passé entre le vicomte, lui et son épouse Alix. En cas de non-respect de la part d’Alix et d’Odon, ces derniers devraient payer 50 000 florins à Raymond de Turenne.

En 1471, La Fare a été signalé comme inhabité.

La commune a changé de seigneurie à plusieurs reprises jusqu'en 1439.

Le 21 janvier 1503, la Seigneurie passe à la famille des Forbin, suite au mariage d'une descendante des Cabannes avec Bernard de Forbin, Seigneur d'Oppède et dont la famille possédait de nombreux domaines en Provence, comme la Barben.

Vers cette époque se formait peu à peu la communauté de La Fare, elle eut à sa tête un Conseil Général de huit membres élus annuellement par les habitants réunis au Château, sous la présidence du lieutenant de la Viguerie d'Aix. Le Conseil procédait à l'élection d'un consul ancien et d'un consul moderne pris parmi ses membres.

Vincent de Forbin s'occupa activement de l'amélioration de ses terres. Il demanda l'autorisation de prendre de l'eau à l'Arc (autorisation obtenue le 05 mars 1567) et fit commencer les travaux que son fils Jean continua. Malgré une opposition des consuls de Berre, les travaux furent poursuivis. Les travaux commençaient à l'écluse du Moulin du Pont, d'un mètre carré de section. Ils constituent les moulins banaux, le canal de La Fare et permettent d'arroser 20% du territoire. Les habitants adonnés aux travaux de défrichement et de culture restèrent complètement étrangers aux troubles des guerres de religion. Le fils de Jean Vincent Anne de Meynier Forbin, Baron d'Oppède, premier Président du Parlement de Provence acquit les moulins banaux de BERRE, le 11 décembre 1635, ce qui donna lieu à de longs procès.

En 1630, la production agricole se diversifie, aux céréales et à l'élevage s'ajoute un grand nombre d'oliveraies.

En 1706, la force hydraulique commence à être utilisé dans le moulin de La Fare.

En 1728, l'état économique du pays était en pleine prospérité : il y avait 76 maisons habitées contre 36 en 1698. L'accroissement de la population peut s'expliquer par le besoin de main d'oeuvre pour la culture des oliveraies. Cependant, en 1769 un hiver très rigoureux gela les terres et les oliviers.

En 1733, l'église dédiée à Sainte Rosalie qui avait remplacé l'église primitive construite dans l'enceinte du château fut déclarée insuffisante par l'Archevêque d'AIX, la communauté décida la construction d'une nouvelle église qui, dédiée à la Tranfiguration, fut bénite le 15 mai 1740. L'église a été complétée en 1834 par la nef de droite prise sur l'ancien cimetière. Vers 1864, la nef gauche fut construite à son tour

Le village n'a cessé de s'accroître puisque en 1820, il y avait 1212 habitants c'est-à-dire qu'en 60 ans la population s'est vue augmentée de plus de 400 personnes.

La commune a atteint en 1866 1372 habitants mais avec le phylloxéra en 1872, la population est redescendue à 1272 personnes.

Avec l'exode rurale et la Grande Guerre, la population n'a cessé de diminuer car en 1926 le village « ne comptait plus que » 951 habitants.

Ce n'est qu'en 1928 que la population s'accroît à nouveau notamment grâce à la construction des usines à Berre l'Etang.

Le premier véritable recensement a eu lieu en 1765. On a comptabilisé 796 habitants.

A la fin des années 1950, la Fare possédait 1400 habitants.

En 1804, le plan par masse montre l'absence de végétation sur les reliefs. En 1930, l'instituteur, Président d'une association pour le reboisement, et les pouvoirs publics ont commencé les premiers semis. Chaque année, une partie de la colline était reboisée.

Le pont de l'Arc fut construit en 1752 (l'une des plus grandes crues connues fut celle de 1907). A l'époque, ce pont était le seul point de passage lors des hautes eaux ce qui permit au village d'être une étape pour les convois. Le village se développa donc en habitation autour du carrefour.

En 1768, un puits public est creusé en bas du village de La Fare et en 1785, il sera équipé d'une pompe.

En 1888, un lavoir y sera ajouté.

Entre 1816 et 1829, le premier moulin à blé de La Fare est construit. Il cessa son activité en 1914.

Les limites administratives de notre commune avec celles de Lançon, Coudoux, Velaux et Berre ont été fixées définitivement par la confection du cadastre napoléonien vers 1832.

En 1825, la foire de Sainte Rosalie est citée pour la première fois.

Les filatures de soie bien que sommaires, étaient bel et bien présentes sur notre commune en 1829. En effet, il y en avait 6. Plus tard, le cadastre napoléonien a signalé 2 fabriques en dur.

En 1832 est signalé le four à pain des Crémades.

Une tuilerie fut construite en 1846 et en 1856, notre village comptait 4 moulins.

En 1865, on signalait la présence d'un omnibus à cheval qui faisait la liaison entre La Fare et Salon.

En 1892, le Conseil municipal de Marseille accorda à la commune une concession de 2 litres d'eau par seconde. Les travaux pour acheminer l'eau jusqu'à notre village furent entrepris en 1893 par Gustave Roustan, maire de La Fare. Une conduite de 8 cm de diamètre et longue de 4,8 km fut construite ainsi qu'un réservoir sur la colline d'une capacité de 400 m3. Tout ceci assura aux habitants 22 litres d'eau par jour et par personne.

L'eau arriva aux 28 fontaines de la commune en 1894 ce qui améliora la vie des habitants et permit de faire des plantations afin de créer des espaces ombragés tel que celui du cours. Notre commune fut dotée de sa belle et grande fontaine (au carrefour principal du village) seulement en 1895. Cet espace était un lieu essentiel, un point de rendez-vous.

En 1897, il y a eu la création d'un marché d'approvisionnement afin que les habitants de la commune puissent se procurer les objets de consommation et d'alimentation courants.

En 1898, la poste fut construite à côté de la mairie (à l'endroit de la salle des mariages actuelle).

Le premier bar à La Fare fut créé en 1905 lors de la Belle Epoque. Les bars se développèrent et on pouvait compter avant la guerre de 1914, 7 établissements sur notre commune. L'apparition des comptoirs se fera dans ces années là. Vers 1916, un bar des enfants verra le jour. Ce chiffre reste d'actualité jusqu'en 1950.

Rattachée au début au canton d'Eguille, la commune passa le 3 février 1791 au canton de Berre. Elle a pris le nom de La Fare Les Oliviers par décret du 18 novembre 1919.

En 1920, l'agriculture est presque la seule richesse de la commune.

L'électricité n'arrive dans la commune qu'en 1924.

En 1929, La Fare a été touché par un gros gel et un hiver très rigoureux en 1956 qui fragilisa les oliviers de la commune. Une grande partie mourut. Ceci entraîna l'arrachage d'une partie de ces oliviers et la plantation, à la place, de vignes. La culture de la vigne prit à partir de ce moment là une place plus importante dans l'agriculture de notre commune.

Grâce à la création de la coopérative oléicole et aux primes d'encouragement, la culture de l'olivier resta présente.

Un des premiers bâtiments du centre du village fut l'école publique des filles et des garçons construite en 1878. Elle a été remplacée plus tard, en 1932, par le groupe scolaire Paul Doumer.

En 1930 est fondée la coopérative vinicole et oléicole. Auparavant, les farencs faisaient leur vin eux-mêmes chez eux.

En 1930, la culture maraîchère connut une très importante croissance. En effet, il y avait 300 hectares de terres irriguées à cet effet (c'est-à-dire environ 15 fois plus qu'en 1832) : artichauts, petits pois, tomates, haricots, melons etc. Ceci crée un marché aux primeurs trois fois par semaine (les lundis, mercredis et vendredis), d'avril à octobre. Il cessa son activité en 1949.

De 1932 à 1934, une ligne de bus La Fare-Coudoux -Velaux-Marseille a existé.

En 1939 la mine de lignite a été ouverte par les raffineries de sucre Saint-Louis. La mine fermera en 1946 et fut complètement abandonnée en 1949.

Autour des années 1945, le nombre et la variété de commerces et artisans dans notre commune étaient surprenants : coiffeur, épicerie, boucherie, boulangerie, biscuiterie, serrurerie, maréchalerie, sellerie, marchands de beurre et laitier etc.

En 1956, les Rapides du Sud-Est transportaient les personnes de Marseille à Avignon.

Quelques éléments du patrimoine Farenc quasiment disparus aujourd'hui:

En 1618, le Baron d'Oppède fit construire un canal à partir de l'eau de l'Arc destinée à l'irrigation des terres.

Le 6 janvier 1895, 28 fontaines furent inaugurées suite à l'arrivée d'eau avec le Canal de Marseille. Notre village comptait également 2 lavoirs, 9 croix et oratoires ainsi que de nombreux puits.


Sources:

Site officiel de la commune

- Lafare sur Wikipedia


Photos:

- Jimre (2010)

Posté le 28-11-2011 13:53 par Jimre

CASSIS

Les premiers témoignages de l'occupation du site remontent à 500 ou 600 ans avant J-C.

On a retrouvé sur les hauteurs du Baou Redon les vestiges d'un habitat fortifié élevé par les Ligures qui vivaient de pêche, de chasse et d'agriculture.

Des liens avec Massilia (Marseille), ville fondée par les Phocéens, laissent supposer qu'il aurait pu y avoir également une présence grecque à Cassis.

A l'époque romaine, Cassis fait partie de " l'itinéraire maritime de l'Empereur Antonin ".

A cette époque, le port avance jusqu'à la place Baragnon. C'est déjà une petite bourgade, implantée principalement autour des plages de l'Arène et du Corton, vivant de la pêche, du corail et du commerce maritime avec l'Afrique du Nord et le Moyen Orient, comme l'attestent plusieurs découvertes archéologiques .

Du 5ème au 10ème siècle, les invasions barbares conduisent la population à se réfugier sur les hauteurs à l'intérieur du " castrum " une cité fortifiée, qui deviendra en 1223 possession de la Seigneurie des Baux de Provence.

Le castrum

Enceinte fortifiée du XIIIe, XIVe siècle, sans doute construite sur les vestiges d'un premier édifice du VIIIe siècle. C'est à l'intérieur de ce " Castrum " que s'est développé le Cassis médiéval qui cherchait à se protéger des invasions barbares et des brigands.
Prise d'assaut en 1524 par les troupes de Charles Quint, la Citadelle sera ensuite progressivement délaissée au profit du bourg en bordure de rivage et deviendra un fort militaire.

Vendu par les Domaines en 1896 et revendu à plusieurs reprises, le château est depuis lors une propriété privée.

Au 15e siècle, Cassis est rattaché au Comté de Provence, puis le Roi René transmet la Cité aux Evêques de Marseille qui exerceront leurs droits jusqu'à la Révolution de 1789. Les armoiries de la ville, où figure une crosse épiscopale, témoignent de cette époque.

Au 18e siècle, Cassis sort des ses remparts et se développe autour du port. Après la Restauration, de nouvelles activités se développent : sécheries de morues, confection de scourtins servant à la fabrication de l'huile d'olive, travail du corail, extension de la vigne, exploitation des carrières (ciment, chaux, pierre). La "pierre de Cassis", qui était exploitée dès l'Antiquité a fait la renommée de ce petit port de pêche dans le monde. Les quais des grands ports de Méditerranée en sont bâti, (Alexandrie, Alger, Le Pirée, Marseille, Port-Saïd, le socle de la Statue de La Liberté à New York). Aujourd'hui nous l'utilisons pour des usages domestiques : pile (nom provençal de l'évier), piscine, objets décoratifs.

Au XXe siècle, ces industries disparaissent, relayées par une viticulture toujours plus florissante (Cassis fut l'un des trois premiers vignobles à bénéficier de l'Appellation d'origine contrôlée en 1936) et par le tourisme. La " passegiata " chère à nos cousins italiens représente l'activité essentielle du village où se succèdent restaurants, boutiques provençales et concours de boules. Le centre ancien classé regorge de ruelles colorées, hôtels particuliers, places ombragées et fontaines.


Source:

- Site officiel de la municipalité


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- Jimre (2011)

Posté le 28-11-2011 11:50 par Jimre

AUREILLE

Un peu d’histoire


Les premiers documents écrits connus concernant Aureille datent des XI et XIIe siècles. Mais , comme en attestent des traces, ce site était déjà habité à l’âge de la pierre polie. Quelques vestiges témoignent aussi d’une occupation romaine.

L’étymologie du nom d’Aureille laisse à penser, pour certains, qu’il y a un lien direct avec la voie Aurelienne toute proche. Cette voie ne traverse pas le village et passe plus au sud. La seconde hypothèse renvoie à une légende selon laquelle un Saint Aureille était honoré lorsque l’on souhaitait l’arrivée du mistral. La troisième interprétation, qui est la plus probable, laisse suppposer que le nom d’Aureille viendrait du nom d’un propriétaire romain Aurélius.

L’époque romaine semble avoir été une période riche au temps où de nombreuses villas fleurissaient dans les vergers d’oliviers.

Les invasions germaniques au Ve siècle provoquent un repli des populations sur les villes plus faciles à défendre.

Aureille reste inhabité jusqu’au XIIe siècle. Le repeuplement reprend.

En 1224, Bertrand Ybilion, propriétaire du castrum, cède le village à la communauté d’Arles.

Le village devenu fortifié relève alors de l’archeveché d’Arles. Aureille va traverser les querelles politiques et militaires des seigneurs des terroirs jusqu’à voir son château détruit en 1593. La paix revenue, Arles fait ses comptes et pour rentrer de l’argent décide de vendre une partie de son patrimoine. La ville d’Arles ne peut s’occuper du territoire d’Aureille qui est aussi éloigné.

Le 31 mai 1604, Madame Louise d’Ancezine, dame de Saint Chaumont, achète aux consuls d’Arles les premiers quartons de la terre d’Aureille : « la dite dame de Saint-Chaumond désireroit y faire construire quelques maisons et rendre les terres fertiles et bien cultivées…».

Entre 1608 et 1620, une vingtaine de familles s’implantent à Aureille, à la tête desquels se trouvent Antoine Payan et Antoine Escaroly, habitants d’Eyguieres. Ils sont bientôt rejoints par de nombreux bergers descendus des Alpes au grès des transhumances. Cette petite communauté se met courageusement au travail. Le village va voir l’apparition des activités essentielles telles que celles de forgeron, du boulanger, de maçons, de cardeurs…

Les terres incultes sont défrichées, on y pratique l’élevage des chèvres et des brebis, le seigneur entretient les troupeaux de juments et de bœufs. A la fin du XVIIe siècle, le village compte une soixantaine de maisons. Oliviers, vignes et céréales occupent la campagne.

C’est au XIXe siècle, qu’Aureille va connaître son véritable développement avec l’installation définitive d’une mairie et d’une école, de l’alimentation en eau.

Dès les années 1970, le village va prendre un nouvel essor, se doter d’équipements collectifs.

Le nombre d’habitants va croitre progressivement pour se stabiliser aux alentours des 1500.


Source:

- Mairie d'Aureille


Photos:

- Jimre (2011)

Posté le 28-11-2011 11:42 par Jimre

MEYRARGUES


Le Château de Meyrargues aujourd’hui

L’histoire du Château de Meyrargues s’identifie bien évidement à celle de la seigneurie et de la commune, et s’articulant autour de trois familles célèbres celle des Baux, d’Allagonia et de Valbelle. Notons toutefois que le château fut un temps transformé en entrepôt d’amandes par un négociant aixois qui s’en rendit acquéreur en 1897 et qu’il est actuellement devenu une luxueuse hostellerie.

La construction primitive date du IXème siècle ou du Xème siècle, mais a subi de très nombreuses modifications à plusieurs époques, notamment au cours des XVème et XVIIème siècle. Elle se présente juchée sur une hauteur dominant le village en forme d’étoile irrégulière et est flanquée de tours carrées. Elle garde, aujourd’hui encore sa lourde structure de forteresse. La tradition populaire lui attribuait autant de fenêtres qu’il y a de jours dans l’année, étant donné son importance et sa masse.

Un grand escalier de pierre permet d’accéder à une vaste terrasse, tandis que les deux ailes, puissamment assises sur le roc, accentuent encore l’aspect monolithique de l’ensemble.

Le Château et son parc figurent à l’inventaire de Sites inscrits depuis le 10 avril 1952.

               

Toponymie et histoire  

L’étymologie de Meyrargues est controversée entre les tenants de « Marie-Agger », c’est-à-dire camp de Marius, général romain vainqueur des Cimbres et des Teutons dans la plaine d’Aix-en-Provence au IIème siècle avant J.C. et ceux qui, plus modestement et plus vraisemblablement, affirment, d’après certaines études, que le nom du village provient du possesseur primitif de la terre du seigneur. C’était donc une propriété privée qui portait le nom du propriétaire, suivant en cela l’usage romain. Il est donc logique d’admettre que Meyrargues n’échappe pas à cette règle et que le nom se soit transformé au fil du temps (Dr Foussenq : Meyrargues 1913).

La racine du mot est tirée du nom propre de Meyran ou Mairan, nom de famille très répandu à l’époque.

MAIRANIGA, au XIème siècle

MEYRANIGAE, puis Castrum de MEYRAN aux XIV et XVème siècles

Quoi qu’il en soit, l’histoire de Meyrargues commence véritablement sous la Rome Antique. En effet, pour alimenter Aix en eau (Aquae Sextiae), les romains avaient construit un réseau hydraulique constitué d’aqueducs et de conduits couverts qui captaient l’eau de la source de Traconnade qui se trouve sur la commune de Jouques. A proximité et quasi parallèlement au tracé, avait été également construite une route, reliant Aix à la Durance, surveillée par des postes de garde. Ces deux tracés se situent aujourd’hui sur le territoire de notre commune.

Une stèle funéraire trouvée au château indique certainement sur le site la présence d’une garnison.

Dans le vallon des Arcs (après le cimetière), en allant aux gorges du Ligourès, les vestiges d’aqueducs classés monuments historiques depuis le 7 novembre 1922 restent visibles aux visiteurs comme aux Meyrarguais.

L’aqueduc de Traconnade, le plus important de la région aixoise par sa longueur, amenant les eaux de Jouques à Aix (vestiges à Reclavier et au pas de l’Etroit, au sud du village), ainsi qu’une chaussée reliant Meyrargues à la Durance.

L’histoire du village commence seulement au Xe ou XIe siècle(les premières traces écrites de son existence remontent au XIème siècle), autour du Château, édifié sur le site actuel du château sur une colline boisée dominant la plaine de la Durance entre le vallon des Arcs et l'actuel village.

Le premier seigneur connu de Meyrargues s’appelait Hugues des Baux, sa famille régna pendant 235 ans. En 1291, Hugues III de Baux, pressé par d’impérieux besoins d’argent, céda son bien au comte de Provence, Charles II, avec des droits et revenus y attachés Meyrargues passa ensuite aux mains de plusieurs propriétaires :

- 1325 Robert le Bon.

- 1347 à 1352 Louis de Tarente, époux de la reine Jeanne.

- 1352 à 1362 Guillaume-Roger, comte de Beaufort.

- 1362 à 1394 son fils Raymond de Beaufort, vicomte de Turenne

- 1399 Jean le Meingre-Boucicaut, puis son fils Geoffroy, dépossédé en 1427 pour cause de félonie.

Revenu au fief royal, le fief ensuite attribué en 1442, par donation du Roi René, à la maison d’Allagonia qui allait le conserver jusqu’en 1637, soit durant deux siècles.

En outre, il est à noter qu’en 1308 le château fort sert de prison pour 27 templiers arrêtés sur ordre du roi dans leur commanderie du Bayle (commune de Saint Antonin).

A la fin du Moyen Age en 1442, le roi René fait don de la seigneurie, pour services rendus, à la famille d’Allagonia. Ceux-ci ajoutent quatre tours défensives. Les Allagonia en resteront propriétaires jusqu’en 1637.

Lors de la guerre de religion, Meyrargues n’échappa ni aux pillages ni aux destructions et ce à deux reprises, en 1589 et 1594, du fait des troupes royalistes. Après le traité de Vernins (1598), mettant fin au conflit Franco-Espagnol, Louis d’ Allagonia, seigneur de Meyrargues suspecté d’avoir participé à un complot contre Henri IV, fut décapité à Paris en 1605. Son frère Honoré lui succéda un an plus tard dans sa Seigneurie, mais n’eut pas de postérité de son épouse Isabeau de Forbin, fille de Palmède, Seigneur de la Barben. Par acte testamentaire daté de 1637, il transmit ses biens à son parent Léon de Valbelle, fils de Barthélémy, Seigneur de Cadarache, qui repris ses armes.

1648 – 1653 : Troubles de la Fronde

1650 : Destruction partielle du Château, qui est reconstruit et réaménagé par les Valbelle.

1720 – 1722 : Dernière épidémie de peste recensée en France. Meyrargues connaît d’importantes pertes.

Les Valbelle conservent la succession jusqu’en 1778.En effet, à la veille de la révolution, la Marquise de Valbelle ayant survécu à ses enfants, légua tous ses biens à Louis de Causini, bâtard de son fils, le Marquis Joseph-Alphonse-Omer de Valbelle.

Celui-ci mourut sur l’échafaud en 1794, à Marseille, pour avoir prêté main forte à la contre révolution à Lyon.

L’une de ses filles née de Félicité de Geoffroy d’Antrechaux, porta l’héritage dans la maison d’Albertas (branche italienne, dite de Meyrargues), après restitution de ses biens 1826.

En 1801, l’héritière des de Valbelle (Albine), épouse Félix d’Albertas issu d’une vieille famille provençale d’origine italienne. Le château restera patrimoine des Albertas jusqu’en 1939, puis aura plusieurs propriétaires privés mais la famille d’Albertas reste propriétaire de nombreuses terres jusqu’à nos jours.

D'importants remaniements lui font perdre peu à peu son aspect de forteresse.

De nombreuses fenêtres éclairent les appartements, qui sont redécorés, la cour intérieure est transformée en terrasse par la destruction de l'aile ouest.

Aucun document illustré antérieur au XVIIIème siècle ne nous est parvenu, pour restituer l'aspect du château de l'époque féodale.

Le château et son parc figurent à l'inventaire des sites inscrits depuis le 10 avril 1952.

Le mur de la "Garenne" est construit en 1764.

1952 : Le Château est transformé en Hôtel.

1992 : Le Château est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.


Mieux comprendre les armoiries de Meyrargues                                      

Le blason a été créé en 1964, proposé par M. Paul Gouirand, ancien Maire, chevalier de la légion d'honneur.

Après de nombreuses recherches et enquêtes, il s'est avéré qu'aucun blason ancien de la commune de Meyrargues n'existait.

Meyrargues a échappé à l'enregistrement d'armoiries de 1696-1701, ainsi que De Bresc le précise d'après le manuscrit de l'armorial général de France à la bibliothèque nationale de Paris.

Par contre, de nombreux blasons des familles qui, sous l'ancien régime, tinrent cette seigneurie, leur étaient particuliers et propres. Dans leur multitude, trois familles ont été retenues pour composer le blason :

- Les Baux: les plus célèbres, les plus anciens, portaient de gueules (rouge) à l'étoile à 16 ou 8 rais d'argent, blason prestigieux, simple, mais très beau.

- Les Allagonia: portaient d'argent à six tourteaux de sable. La seigneurie de Meyrargues fut donnée à cette famille par le Roi René en 1442 en récompense et pour faits de guerre.

- Les Valbelle: célèbres, portaient d'azur au lévrier d'argent colleté de gueules. Le lévrier doit toujours être debout, toujours tourné vers la gauche.

On remarque qu'alliant les couleurs que portaient ces trois familles :

-de gueule (rouge) pour les Baux

-d'argent (blanc) pour les Alagonia

-d'azur (bleu) pour les Valbelles

Celles-ci auront permis de créer un blason ayant les mêmes couleurs que notre emblème national, le drapeau tricolore : bleu, blanc, rouge.

A la mémoire de son grand-père, le comte Omer de Valbelle (1729-1778), marquis de Rians et Baron de Meyrargues, inscrit sur le piédestal de l'obélisque (érigée dans la cour du château du comte de Valbelle à Tourves dans le Var) la devise:

"CONSERVES MA DEVISE, ELLE EST CHERE A MON COEUR.

LES MOTS EN SONT SACRES, C'EST L'AMOUR ET L'HONNEUR."

Cette devise figure sur le blason de Meyrargues.


A visiter également

En dehors des aqueducs et du château, il convient de signaler l’église actuelle de style grec qui n’est que la transformation d’une petite chapelle. C’est entre 1532 et 1540 que cette dernière subit les agrandissements nécessaires pour devenir l’église paroissiale actuelle comprenant trois nefs et un chœur.

Dans son sous-sol, se trouvait le caveau des seigneurs de Meyrargues « les Valbelle », aux XVIème et XVIIIème siècles, qui fut profané en 1794.

Deux siècles plus tard, en 1737, l’édifice s’étant effondré on le reconstruisit sur le même emplacement. L’église de tout temps fut dédiée à saint André. Le 26/10/1868 (sous Napoléon III), don par le ministère des beaux-arts d’un tableau signé Marzochi représentant la vierge et sainte Catherine de Sienne. A l’intérieur se trouve également une vierge en bois doré très ancienne. En 1900, ont été placées la rosace au-dessus de la porte d’entrée et la croix en pierre d’Arles qui surmonte le pignon.

Anecdote: C’est sur la place de l’église qu’une des plus vieilles coutumes Meyrarguaises se réalisait avec l’élection du « Roi de la pétouze ». Cette institution s’est perpétuée jusqu’à la Révolution. Le 26 décembre de chaque année, on procédait dans l’église au lâcher d’une «pétouze» ou roitelet. Celui qui s’en emparait l’offrait vivante à la dame du seigneur et était proclamé sur le champ « Roi de la pétouze ». Ce titre lui conférait d’office la présidence des fêtes pour toute l’année.

A noter également deux chapelles : la chapelle Notre Dame des prés communément appelée « la mère de dieu » près du château, ancien lieu de procession,  l’autre à l’entrée nord du village (chapelle Saint Sébastien).

Au centre du village se trouve une colonne érigée en l’honneur de notre dame de Lourdes. C’est à la suite d’une mission que fut construite, en 1740, cette colonne de pierre en bordure de l’actuelle route nationale 96, surmontée à l’origine d’une simple croix de bois à son sommet.

En 1877, pour clôturer une mission prêchée par les R.P. Garnier et Lamblin, oblats de Marie Immaculée, on plaça au sommet de la colonne une statue de notre dame de Lourdes en remplacement de la croix.


Sources : 

- Article écrit par Jean DEMENGE pour le site www.meyrargues.fr

- Article paru sur le site chateaudemeyrargues.blogs-de-voyage.fr

d'après « Châteaux et Bastides du Pays d’Aix » de René BORRICA.

- Le site du château de Meyrargues


Photos :

- Jimre (2012)



Posté le 12-11-2011 15:30 par Jimre

Rognes


RONGNIS, RUINIS, ROGNOS, ROUGNES, ROGNES

Le plateau de Rognes qui s'étend entre Trévaresse et Durance fut habité très tôt ; des outils et des éclats de silex vieux de 100 000 ans, découverts près de Brès et de Ribière en témoignent.

Au néolithique, puis à l'age du bronze les hommes s'implantent au sud de la chaîne des Côtes, dans le vallon de Roustan, à Valfère et près de Beaulieu. A l'âge du fer (1er millénaire avant notre ère) poussées par les invasions celtes, les populations se réfugient sur les hauteurs, le Foussa, le Peyguerin, les Cauvins, fondant les oppida ou villages fortifiés qui surveillent les voies de passage reliant la côte, Marseille et les étangs de Fos à l'arrière-pays bas-alpins et à la région de la tribu Cavares : les chemins qui traversent notre terroir, voient le transport du sel et du vin vers le nord, et l'acheminement des métaux récoltés par les étrusques et les grecs vers le sud.

La puissance militaire et commerciale romaine au 1er siècle avant notre ère impose la pax romana , permettant aux celto-ligures de descendre des villages perchés et de se regrouper dans de grands domaines situés en plaine;

Rognes se situait à proximité devoies romaines et de chemins saliers; cela explique  la présence d’une vingtaine d'établissements gallo-romains sont recensés actuellement sur notre commune : les plus importants, des Villae se placent à Tournefort-Conil, Beaulieu, le Grand St Paul-Barbebelle, les Cannes, Ribière, le Petit St Paul.

Une famille de chevaliers romains d'Aquae Sextiae(Aix en Provence), les Domitii Aquenses, construit un mausolée sur son domaine (près du bassin de la basse Concemade aux Estrets), près de Barbebelle. La vigne est cultivée (sur notre terroir) ; deux statues de Bacchus et Priape, dieux du vin et des jardins ont été trouvées à Toumefort.

L'insécurité des périodes paléo-chrétienne et du haut moyen-âge, temps obscurs des invasions( celles des Goths, des Lombards, des Sarrasins), fait remonter une nouvelle fois la population sur les hauteurs, ici le Foussa. Un autel en marbre, déposé dans l'église de ROGNES, datant du Vème siècle, atteste la présence d'une population sur les pentes du Foussa. Les historiens placent la villa Bedata, l'une des nombreuses possessions de l'abbaye de St Victor dans le terroir de Rognes.

Au Moyen Age, les chapelles se multiplient, se superposant à des lieux de cultes plus anciens. St Marcellin, Notre Dame de Conil, St Pierre des Mols, St Martin, St Etienne.

La première mention du nom de notre village apparaît dans une sentence de 1150, signée par Imbertus et Théobertus de RONGNIS. Les textes parlent ensuite de Castrum de RUINIS, ou fort des ruines, ROGNOS, ROUGNES et ROGNES. L'étymologie du nom de ROGNES est liée à l'aspect ruiniforme et excavé de la partie haute du village appelée pour la même raison Foussa. Les dimensions de la commune sont à cette époque et resteront de six lieues de circonférence pour deux lieues de diamètre.

En 1193, Alphonse Il, roi d'Aragon et Comte de Provence remet au Comte de Forcalquier 3 villages dont Rognes. Entre 1280 et 1305, le roi de Naples Charles Il échange à Rican d'Allamanon la forteresse de Rognes contre le péage de Gontard sur la Durance rendant la famille d'Allamanon co-seigneur de Rognes.

La petite communauté, 220 chefs de famille soit environ 1200 habitants, installée sur le plateau et aux pentes du Foussa, en devient de ce fait, le chef-lieu, dont les autres lieux seront les hameaux. Comme partout ailleurs au Moyen-Age, le village perché régira le territoire.

La fin du XIIIe siècle, c'est aussi la période faste qui fait s’accroître la population, jusqu’alors cantonnée dans la citadelle au-delà et derrière ses Fossés. Deux quartiers servent alors:le Ségarès à l'est, bastionné par la maison templière, défense du cimetière et de l'église Saint-Etienne, la Galinière (à l'ouest) où l'église Saint-Martin devait être élevée en 1342. Le Ségarès devait rester un faubourg et sa maison forte devenir le Jas du Seigneur, alors que le replat de Saint-Martin serait le cœur du village médiéval.

Tandis que les comtes angevins entraînent, en pure perte, leurs chevaliers dans les aventures italiennes, le pouvoir communal s'organise pour résister aux exigences des seigneurs.

En 1400, les d'Agoult devenus à leur tour, seigneur de Rognes font construire sous les remparts une maison d'habitation appelée "château" entre la rue des Pénitents et le Cégarès. Le XVlème siècle est une période agitée, les guerres de religions obligent la population à construire en 1526 et 1537 de nouveaux remparts gardés par sept tours et mesurant près de 800 m de long.

De la citadelle détruite en 1601, il ne reste qu'une fenêtre, vestige gardé volontairement par la communauté : le capitaine Lasalle, raconte l'histoire, y fût défenestré, pour avoir terrorisé les Rognens en leur tirant dessus à coups d'arquebuses du haut des fortifications.

En 1597, les Raffélis succèdent aux d'Agoult et deviennent co-seigneurs de Rognes. Les nouveaux remparts, sont érigés en 1602 et sont encore visibles aujourd'hui. L'avenue de Lambesc et le cours St Etienne en reprennent le tracé. L'église paroissiale est construite hors les remparts en 1607. Elle renferme une exceptionelle série de rétables du XVIème et XVIIème siècle.

Les XVIIe et le XVIIIe siècles voient la construction d'un grand nombre de bâtiments sur notre commune, la mairie actuelle, à l'origine l'hôpital ou hospice, des fermes, des bastides, les quartiers bas du village, les rues du Figuier et de l'Eglise.

Au début du XVIIe siècle, l'autoritaire Julie d'Agoult ayant émis la prétention d'interdire aux Rognens d'apposer des blasons et des créneaux sur leurs maisons ainsi que d'édifier des pigeonniers, les Consuls trouvèrent une excellente parade : la maison d'Agoult ayant un loup comme symbole sur ses armoiries, ils décidèrent de prendre comme emblème pour la commune le verrou destiné à protéger les brebis du loup. L'on rajouta plus tard en exergue sur le blason "Ferme bien qui pouvant tout fermer ne ferme rien".

La période révolutionnaire qui voit la fin de la famille de Rognes, les Raffélis, ne change pas profondément la vie et la mentalité de la population, les habitants de Rognes ayant toujours été des hommes libres, représentés depuis toujours par des consuls élus. Les Rognens formèrent sans cesse une communauté soudée face aux périls tels les famines, les épidémies, les guerres et rendirent procès pour procès à ceux, seigneurs et autres personnes qui voulaient les dessaisir de leurs droits.

Puis survient la catastrophe du 11 juin 1909: quatorze corps furent retirés des décombres du tremblement de terre qui ruina la partie des habitations étagées sur les pentes. Ensuite le village s’installa plus bas au pied des collines du Foussa, du Devin et du Peguerin.

Les traces en sont encore visibles aujourd'hui et les anciens se souviennent de cette tragédie.

Ainsi dans toute l’histoire de Rognes, destructions et reconstructions servent de fil rouge.


Sources:

- Les annales éditées par l’association " Les Amis du Vieux Rognes".

-« Rognes, Le Temps retrouvé », édition Equinoxe en 1997

- Rendez-vous également sur le site "Les Amis du Vieux Rognes".


Photos:

- Jimre (2010)

Posté le 07-11-2011 20:53 par Jimre

Tarascon

De son passé, Tarascon a gardé principalement son église et son château.

L'église, dont l'origine se rattache aux traditions des Saintes Maries et à l'évangilation de Marthe, qui eut à combattre un monstre, la Tarasque, de populaire renommée, date des XIIe et XIIe siècles(sculptures et inscriptions au portail sud) avec remaniements postérieurs (clocher, fin XVe siècle, restaurations de la crypte au XVIIe siècle).

Il faut signaler à l'intérieur, le sarcophage dit "de Sainte Marthe", un autel carolingien, deux tombeaux du XVIe siècle et une collection assez importante de tableaux de peintres provençaux des XVIIe et XVIIIe siècles, Vien, Parrocel, Van Loo etc...

Le château des comtes de Provence, construit au XVe siècle, établi sur un rocher dominant le Rhône, étale la masse imposante de ses constructions. 

La Provence étant loin des zones de lutte qui ont secoué le début du XVe siècle, cela a permis d'élever des forteresses dont le but premier, la défense, commence à intégrer l'aspect résidentiel.

Tarascon plan de la ville d'après les sources

A Tarascon, Louis II d'Anjou puis ses fils Louis III et le roi René prennent un demi siècle pour dresser le château. Si l'aspect extérieur de l'ouvrage le classe dans la catégorie des ouvrages militaires, notamment avec la présence d'une enceinte pour la basse-cour, à l'intérieur, il révèle des batiments résidentiels agréablement disposés autour d'une petite cour centrale sur laquelle ils prennent jour par de belles fenêtres. La décoration sculptée y est abondante et les appartements étaient assez confortables pour accueillir le Pape ou servir de cadre à des fêtes somptueuses.

Les défenses étaient assurée par la hauteur des murs(48 mètres) talutés à la base et posés sur le rocher d'un îlot baigné par le Rhône qui formait ainsi un obstacle naturel. Les tours cylindriques et carrées et les courtines sont de même niveau, selon un principe vu à la Bastille ou à Perpignan au siècle précédent. Le sommet forme terrasse continue, bordée par un parapet crénelé de mâchicoulis. Une basse-cour s'étire au nord, longue de 50 mètres et protégée par une haute courtine flanquée de trois tours carées et surmontées d'un chemin de ronde sur mâchicoulis.

Utilisé longtemps comme prison, il est maintenant ouvert à la visite.


Source:

- Article largement inspiré de "L'évolution des châteaux forts dans la France du Moyen Age" de André Chatelain

- Plan fourni par Nano.M d'après Dictionnaire des châteaux et fortifications du moyen âge en France, Charles-Laurent Salch, éditions Publitotal.


Photos:

- Jimre (2010, 2014)

Posté le 07-01-2009 21:28 par Jimre

Boulbon

Entre Avignon et Tarascon, en contrebas de la Montagnette et au contact de la plaine de la Petite Crau, un roc se détache de la falaise voisine dont il est séparé comme par un énorme fosse. Il domine le village et est surmonté par un petit château.

Boulbon plan du château d'après les sources

La courtine du XVIe siècle suit minutieusement le contour des rochers, enserrant le logis seigneurial, que domine un donjon carré du XIIe siècle, et une longue et étroite cour de 45 mètres sur 9 a 15 de large. Au sud se dresse une petite tour donjon qui a surtout un rôle de vigie. La courtine n’a que 1,60 mètre d’épaisseur car elle n’avait guère à redouter les sapeurs qui n’auraient pu trouver d’assise à ses pieds pour se mettre à l’ouvrage.

Un château est cité en ce lieu favorable dès 1003 mais les architectures visibles s’échelonnent du XIIIe au XVe siècle.

En 1390, la place, comme de nombreuses autres est prise par Raymond de Turenne. Elle résiste au Baron de Vins durant les guerres de religion. Lors des troubles qui agitent la Provence en 1647, la place est à nouveau assiégée et tombe.


Sources:

- livre de André CHATELAIN :"Evolution des châteaux forts dans la France du Moyen-Age"

  Editions Publitotal 1988.

- Châteaux de Provence de Serge Panarotto - Edisud

- Plan fourni par Nano.M d'après Dictionnaire des châteaux et fortifications du moyen âge en France, Charles-Laurent Salch, éditions Publitotal.


Photos:

- Jimre (2009, 2014)

Posté le 03-01-2009 18:27 par Jimre