Le Montellier
Le Montellier
La seigneurie du Montellier fut possédée aux XIe et XIIe siècles par la famille du nom, puis successivement par les Thoire Villars, d’Ars, de Chiel, de Groslée, de Montbel, Gaspard de Coligny, de Murillon, d’Entremont (qui la fit ériger en marquisat par le duc de Savoie), de l’Hôpital, de Chevriers, Greppo.
Le château du Montellier a été rebâti au XIVe siècle, la plus grande partie en subsiste encore. Le donjon est un des points les plus élevés de la Dombes (310 m.), il a servi de signal pour les opérations géodésiques.
Source:
Posté le 17-11-2013 17:06 par Jimre
Le Montellier
Autre article sur le Montellier:
Le château, haut logis au faîte de la poype est flanqué d'un donjon circulaire du coté de l'attaque avec une grand basse cour flanqué de tours carrés.
Bermont de Montellier y vivait en 1187 mais ce château n'est cité qu'à la fin du XIIIe ou début duXIVe siècle, période à laquelle appartiennent les plus anciennes parties visibles.
En 1327, le sire de Beaujeu cède au dauphin Viennois les droits sur le poype et le château.
L'illustre Amiral, Gaspard de Coligny, grand chef huguenot mort assassiné, y demeura. Sa veuve jetée en prison quelques années plus tard, fut condamnée et mourut dans un cachot en novembre 1599.
Celui-ci est remanié aux XVIe et XVIIe siècles.
Source:
site laDombes.free.fr
Posté le 25-01-2012 14:32 par Jimre
Le Montellier
NOTICE HISTORIQUE SUR LE CHATEAU DU MONTELLIER EN BRESSE
PAR MELVILLE GLOVER MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES ET ARTS DE SAVOIE;
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ SAVOISIENNE D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE. LYON 1869
Le Montellier, Montillier, Monteiller, est un nom qui pourrait facilement exercer la verve des chercheurs d'étymologies et pour en donner un léger aperçu nous allons donner les quelques étymologies mises en avant par différents auteurs. Courtépée, dans son Histoire du duché de Bourgogne nous assure que l'historien de Poligny, interprète ce nom par hauteur sur la voie; car d'après lui il viendrait du celtique.
Un autre savant, cité par le même auteur, le tire de Mons Lyoei, mont de Bacchus. Une autre classe d'érudits y voit du grec et soutient que le soleil fut autrefois adoré en ce lieu, vu que helios en cette langue signifie lumière par excellence. En 1187 on l'appelait tout simplement Montellier; mais les notaires pédantesques du XVe siècle ont voulu traduire le nom en Mons lierius et dans leurs actes ils le déclinent : apud Montem lierium, est-il dit dans un acte de cette époque. Quelques-uns rêvent à ilons telluris, comme si la racine du mot n'était pas Monl pu Mons, la flexion el, et la terminaison ter, ce qui fait que pour nous ce mot ne veut dire autre chose que petit mont, élévation ou poype en langue du pays.
Le souvenir le plus ancien se rattachant au Montellier est la découverte d'une monnaie romaine dans un vieux mur de cette localité. L'intérêt de cette médaille, qui appartient actuellement à M. Testenoire-Lafayette, de Saint- Etienne, ressort de ce qu'elle a été frappée à Viminiacum en Pannonie, (au droit elle porte l'effigie d'Ottacilla Severa, et à l'avers COL. VIM., avec l'année de l'ère locale), et qu'elle a été trouvée dans le voisinage de l'ancien Viminiacum, le Neuville moderne. M. Martin-Rey, qui nous a communiqué cette note et à qui la médaille a appartenu, se rallie à l'opinion de Paradin et de beaucoup de savants, qui soutiennent que Viminiacum a été fondée, en souvenir de leur patrie, par une des légions de Pannonie que Sévère amena avec lui pour combattre Albinus qui résistait à son pouvoir en Gaule. (An. 183.) Cette étymologie conduirait à soutenir ceux qui prétendent que cette fameuse bataille fut livrée à Trévoux. Quoique cette opinion nous paraisse en tous points respectable et soutenable, il n'entre point dans le cadre de notre notice de la développer plus largement.
Au moyen-âge et auparavant, les élévations coniques que l’on rencontre nombreuses en Bresse étaient connues sous le nom de poypes. Pour la plupart elles consistaient en un amas de terre rapportée et formaient une éminence sur laquelle le chef bâtissait son habitation. Dans nos régions, elles entraînèrent bientôt une idée de souveraineté, et qui disait poype disait château, "poypia seu castrum", ainsi qu'on le lit dans les anciennes chartes dauphinoises. Plusieurs châteaux ne portaient même pas d'autre nom; de ce nombre est celui d'Amareins et une résidence célèbre au nord de Lyon qui est encore désignée sous ce nom, la Pape, en latin Poypia (Rillieux la Pape ?).
La modeste habitation du chef fit bientôt place au donjon féodal qui répondait mieux aux nécessités de la défense, et plus tard, lorsque la population s'accrut, les tenanciers devinrent plus nombreux, et le castrum primitif ne pouvant plus les contenir, une seconde enceinte se formait et le château devenait une petite ville.
Telle fut la voie suivie dans le développement du Montellier; car le château consiste en un donjon accolé à un corps de bâtiment couronnant la poype primitive et dominant une vaste cour entourée d'une enceinte continue de neuf tours carrées, reliées entre elles par des courtines auxquelles sont adossées les constructions nécessaires et accessoires. Le château proprement dit, auquel on monte de la cour intérieure par une rampe contournant la poype, consiste en un donjon circulaire regardant la campagne et débordant les courtines de l'enceinte de presque son entier diamètre.
Cette tour, que l'on aperçoit de très-loin, est haute d'environ 16 mètres, et les murs varient d'un mètre trente centimètres d'épaisseur à la base, à quatre-vingt-dix centimètres au niveau de la toiture. L'étage inférieur seul est voûté en calotte. Autrefois, cette salle ou crotte contenait les armes, l'artillerie consistant, au XVIe siècle, en quatre canons et deux serpentines et les chaînes nécessaires à deux pont-levis, ainsi que nous l'apprend l'inventaire de 1582. Actuellement cette salle sert de chapelle, destination à laquelle elle fut consacrée par la famille de L'Hospital Saint-Mesme, vers la fin du XVIIe siècle, ce que nous prouvent leurs armoiries peintes à l'intérieur au-dessus de la porte d'entrée. Les étages supérieurs n'ont rien qui les fasse remarquer, sauf les latrines qui, comme au château de Coucy, sont ménagées dans l'angle qui relie le donjon au château. Une des salles contient un point trigonométrique élevé sous le premier empire. L'étage supérieur, auquel on parvient par un étroit escalier ménagé dans l'épaisseur du mur intérieur, est percé de deux rangées de trous carrés, régulièrement espacés et destinés à fixer les hourds ou galeries extérieures surplombant la base de la tour . Une petite fenêtre garnie d'un banc marque la place du gaytier ou sentinelle qui sondait toujours le lointain afin d'annoncer les arrivants, amis ou ennemis.
Le donjon s'ouvre à l'intérieur sur un corps de bâtiment de deux étages, composés chacun d'une salle communiquant à deux autres tournelles flanquant la porte d'entrée. Au XVIe siècle, l'on communiquait encore par une échelle de l'étage inférieur à la salle supérieure; actuellement une des tournelles contient un escalier en bois. Au-dessus de la porte ogivale, entre les tournelles est une pierre portant les armes de la famille Chevrier de Saint-Maurice. A l'extérieur, le pied de la tour du donjon est protégé par un mur ou chemise à plusieurs faces, présentant à la campagne un angle aigu; l'entre-deux est garni de terre et couronné d'un parapet dont la construction nous paraît plus récente. Cette sorte de terrasse ou fausse braie qui garantissait le pied de la tour contre la sape, se relie aux courtines du château, où on ne peut pénétrer que par une porte solide et étroite communiquant avec le chemin de ronde qui aboutit à la demeure du seigneur.
L'inventaire de 1582 mentionne cinq chaînes en fer pour faire baisser et lever un grand et un petit pont-levis, et nous ne sommes pas éloigné de croire que le petit reliait le chemin de ronde avec le donjon, isolant ainsi ce dernier, qui l'était déjà par ses fossés, et le mettant à même de résister seul au cas où l'ennemi se serait emparé de l'enceinte soit baille inférieure. La grande porte du château est flanquée par le donjon et par une autre tour nommée la tour de l'Horloge (dans le partage de 1488), et nous croyons qu'elle a dû, en outre, être défendue par un ouvrage avancé dont toute trace a disparu depuis longtemps. Elle était battue par un grand mâchicoulis dans l'angle, semblable à celui de la porte de Villeneuve-sur-Yonne. A la tour de l'Horloge se relie un corps de bâtiment qui doit remonter au XIVe et peut-être même au XIIIe siècle.
La pièce la plus rapprochée de la tour avait deux fenêtres, l'une ayant vue sur le calme paysage de la campagne et le doux miroitement de l'eau, tandis que l'autre donnait sur la cour intérieure en face des escaliers montant actuellement au donjon. C'était, au XVIe siècle, la chambre de dame Jacqueline de Montbel, épouse de l'amiral de Coligny, et si quelque lectrice est curieuse de connaître le mobilier qui la garnissait, en voici les principaux objets : Deux buffets en bois de noyer, garnis de ferrures et d'esparres, et fermant à clé; une table en noyer avec ses allonges, le long de laquelle étaient placés deux bancs du mémo bois ; il y avait aussi une autre petite table en sapin susceptible d'être transportée selon les caprices de la châtelaine. Le lit était mi-cerisier et noyer, à colonnes et garni de quatre vergettes pour porter les rideaux. Dans un coin l'on voyait une chaise ou chaire en noyer « faict à l’anticque », ayant un pied brûlé. Près du grand chalit, il y en avait un autre en noyer. Le nécessaire est inventorié ainsi : « ung petit charriot de boys noyer soubz le grand lict ». En guise de chandeliers un « cinnacle » de fer à deux branches et huit becs. Dans la chambre de la tour qui servait de garde-robe se trouvait un coffre en noyer contenant les livres de reconnaissance du Montellier, un lit de camp, plus un autre lit à quatre colonnes, et en cas de besoin il y avait même une arbalète.
Cette pièce communiquait au parquet de la grande salle peinte où logent les gentilshommes, qui mesurait treize mètres de long sur près de huit mètres de large. De nos jours cette salle est divisée en plusieurs chambres et il ne reste aucune trace de ces peintures qui, au moyen-âge, décoraient toutes les salles des châteaux. Au fond était une estrade servant à rendre la justice et à recevoir les reconnaissances; aussi nombre d'actes des archives ont été passés in « aula magna castri Montellierii ». Cette salle contenait plusieurs lits, des bancs pour mettre les selles des chevaliers et un lustre ou girouette pendant du plafond. Parmi les meubles on trouve mentionné, on 1582, « deux fertz servantz a rostir le fromaige ».
Sous cette salle s'étendait la cuisine dont les meubles et ustensiles étaient nombreux et en meilleur état que le reste. Cette salle est désignée dans le partage de 1488 comme étant « magna aula antiqua », car il y avait déjà à cette époque une « magna aula nova » ; cette dernière est un peu plus longue que l'autre et nous inclinons à croire qu'elle fut bâtie vers la fin du XIVe siècle et peut-être servit-elle à loger des compagnies allemandes prises à la solde du seigneur; car il existait une tour portant le nom de «turris freydenosse », ou à notre avis, tour des libres et gais compagnons, en allemand « frei genossen ». La salle, elle-même, porte au XVIe siècle le nom de salle des libres valets, freydevaulx. Quoi qu'il en soit, elle dut être construite pour loger les militaires inférieurs. De nos jours, elle est divisée en deux pièces et les armoiries de la famille de Chevriers, qui se trouvent sur le manteau de la cheminée, assignent comme date des réparations le milieu du siècle dernier. Au XVIe siècle, elle était en fort mauvais état, car les murs étaient soutenus par des étais. Au-dessous de cette pièce s'étendaient de vastes écuries afin que les hommes d'armes eussent leurs chevaux sous la main en cas d'alerte. Entre
les deux salles se trouvait un escalier conduisant à l'étage supérieur d'une tour, d'où par une porte ogivale l'on pénétrait dans une pièce carrée, au coin de laquelle s'ouvrait une niche servant à donner la torture, «ung troz passant dessoubz lequel longtemps ha qu'il a esté faict pour bailler la torture a ung prisonnyer ». Cette niche communique en effet avec l'étage inférieur et sert actuellement d'armoire. Dans la crotte du donjon on conservait une « buccine » pour mettre aux pieds des prisonniers. La quatrième tour, à partir de celle de l'Horloge, portait le nom de tour des Prisons. On parvenait par le chemin de ronde à une chambre nullement ajourée. Au centre du plancher existait un œil circulaire communiquant au rez- de-chaussée qui était voûté en calotte et n'avait aucune autre ouverture. C'était là une chartre privée ou «vade in pace », et certes on pouvait y mourir « faute d'air » comme cela avait lieu, en 1398, au Petit-Châtelet de Paris. Lorsque le présent propriétaire a fait percer le mur de cette salle souterraine, il y trouva, nous a-t-il assuré, un crâne et un squelette presque entier; ce malheureux avait creusé une sorte de souterrain sous les fondations de la tour, espérant sans doute s'en échapper; mais le manque d'air et peut-être de nourriture l'empêchèrent d'achever sa tâche...
Les autres tours, sauf deux, ne méritent aucune mention; l'une, la tour Grôlée, porte encore le nom d'une illustre famille de la Bresse qui, pendant longtemps, a possédé la conseigneurie du Montellier. On y distingue la trace des hourds et les armoiries des Grôlée, « gironné d'or et de sable », qui se trouvent gravées sur une pierre encastrée dans le mur latéral du portail principal, et qui surmontaient probablement son entrée. L'autre tour est située à l'endroit le plus faible du château, elle est peu flanquée, mais fort épaisse et engagée dans la courtine par une face; en outre, cette tour ainsi que la précédente pouvaient se défendre isolément des meurtrières circulaires surmontées d'une mire.
L'ensemble de l'enceinte présente neuf tours carrées qui se ressentent, quant à la forme, de l'influence italienne qui tendait à supprimer les tours circulaires; un talus descend de leur base jusqu'au fossé qui pourtoure le château entier et se voit encore très sensiblement. Les matériaux de construction consistent partout en briques sans aucun mélange de maçonnerie. Un cordon continu de billettes couronne les murs dans tout leur développement. Le château était alimenté d'eau par un puits abondant situé au pied de la poype. Les habitants du donjon suivaient, pour y aller puiser, un souterrain dont l'entrée a été comblée il y a peu d'années.
Maintenant que nous connaissons le château, cherchons à en poursuivre les annales jusqu'à nos jours, et si de grands événements ne viennent point intéresser notre récit, souvenons-nous qu'une existence, quelque humble qu'elle soit, concourt pour sa part au grand tout qui se nomme Histoire, et qui, fidèle miroir, nous doit montrer nos passions à travers un verre grossissant et nous initier à leurs effets et résultats sur les peuples et les individus.
Le Montellier et le pays environnant suivit toutes les fluctuations de la région où il est situé; successivement envahi par les Burgunden (Burgondes), incorporé à l'empire de Charlemagne, il échut à Lother(Lothaire), puis fit partie de la Bourgogne Transjurane. Cette dernière transition nous conduit au seuil de cette époque indécise où la féodalité, relevant de l'empire, ne craint plus rien de ce suzerain éloigné, lève l'étendard de la révolte et fonde cette fourmilière de petits Etats indépendants et batailleurs qui, hérissant le sol de leurs tours et de leurs hourches, levaient des impôts si lourds qu'ils paralysèrent le commerce et le peu d'industrie de cette époque.
Les Villars firent partie de ce mouvement et devinrent les suzerains du Montellier. Le territoire ou la commune environnant le château relevait partiellement de diverses maisons religieuses ; ainsi en 1097 nous trouvons Bérard de Saint-Trivier, chevalier, « miles », donnant à l'obéance du prieuré clunisien de Montberthoud le mas de la Combe Gislier qu'il possédait au Montellier. Tandis que Montberthoud devint décanat, le Montellier devint prévôté, soit cure. Ce dernier fait est connu: par un acte du mois d'août de l'an 1242, par lequel Jean, fils de Michel Donet, vendit à Guichard de Birisuel tous les droits qu'il possédait en la prévôté ou paroisse du Montellier, et cela moyennant 64 sous forts, de Lyon, cinq ânées de seigle et neuf bichets de millet. La famille de Sure, si tristement célèbre dans les annales du XVe siècle par la trahison d'Antoine de Sure et son exécution, possédait aussi une partie delà dîme du Montellier, puisque, en juin 1285, Guigue de Sure reconnaît la tenir en fief du Chapitre de Saint-Jean de Lyon, moyennant la somme de 102 livres viennoises et 10 sous.
A cette époque le château appartenait à des seigneurs qui en portaient le nom et relevaient ainsi des sires de Villars. Dans son Histoire de la Dombes, Guichenon nous apprend qu'ils portaient d'argent à trois bandes de gueules. Le plus ancien seigneur de ce nom, dont l'histoire nous ait transmis le souvenir, est Bermond, un des 18 chevaliers qui, en 1186, s'engagèrent à se constituer comme otages au monastère de l'Île Barbe avec Uldric de Villars, au cas où Etienne de Villars ne tiendrait pas sa parole à propos d'une donation qu'il avait faite à cette célèbre abbaye. Le nom de Bermond de Montellier est placé immédiatement avant celui de Pierre de la Palud, ce qui prouve en quelle estime cette famille était tenue; car dans les chartes de cette époque il est rare que la hiérarchie soit oubliée dans une énumération de seigneurs. En 1209 on trouve un Pierre de Montellier au nombre des chanoines comtes de Lyon.
Dans son Histoire de Bresse, Guichenon nous apprend l'existence d’Hugues, de Berlion et de Humbert de Montellier qui vivaient, assure-t-il, vers 1235. Enfin, par le testament de Chatard de Chamarcin, doyen de l'Eglise de Lyon, en date du 4 novembre 1283, nous apprenons qu'il laissa dix livres viennoises à Guigues de Montellier, « domicello meo ».
Etienne de Villars fut un des seigneurs qui allèrent à la première croisade, mais nous ne savons point si quelque seigneur du Montellier l'y accompagna. Au cas contraire, ils eurent à faire bonne garde chez eux; car les manichéens, qui se rattachaient, par les doctrines, aux pauliciens de l'Orient et que l'on connaissait en France sous les noms divers de Picards, Patarins et plus tard d'Albigeois, parcoururent le pays par bandes nombreuses se livrant à toutes sortes de déprédations, du moins d'après l'assertion de Gâcon, qui leur donne le nom de Côtereaux.
Les seigneurs de Villars, quoique possédant de vastes et riches domaines, eurent toujours une nombreuse lignée féminine qu'il fallait doter, ce qui les conduisait à emprunter des sommes considérables qu'ils ne pouvaient restituer à l'époque fixée. Leurs créanciers les pressaient, et pour les satisfaire, ils se voyaient obligés à aliéner les terres et fiefs qu'ils tenaient de leurs ancêtres, et c'est ainsi qu'ils préparaient la ruine de leur famille. Le premier exemple d'une transaction semblable remonte à l'an 1257, où Etienne de Thoire-Villars engagea à Humbert de Beaujeu l'hommage du Montellier et celui d'autres seigneuries pour une somme de 408 livres que son voisin d'outre-Saône lui avait autrefois prêtées. Le même Etienne renouvela cet hommage l'année suivante; mais il le fit debout en signe d'indépendance, puis plus tard, en 1253, Béatrix de Faucigny, mère et tutrice de Humbert VIII de Thoire-Villars, dut le renouveler à son tour. En août 1271, Renaud de Forez et Isabelle sa femme, qui avaient recueilli l'héritage de Guichard de Beaujeu, exigèrent d'Humbert de Villars l'hommage pour les bourgs de Villars, la poype de Monthieu, à l'exception de la salle basse et les châteaux de Loyes, de Montelier et de Corsieu.
Vingt après, en 1291, nous trouvons Berlion de Montelier prêtant au sire de Villars l'hommage pour le Montelier, mais à genoux et les mains dans celles de son seigneur comme c'était alors l'usage. Au XIVe siècle, pendant que la guerre de cent ans ensanglantait la France occidentale, une miniature de cette lutte jetait l'épouvante et semait la ruine sur les versants septentrionaux des Alpes. Les comtes de Savoie et les Dauphins n'étaient point d'accord sur une question de succession ; de là des luttes interminables auxquelles tous les seigneurs du voisinage durent prendre part. Les sires de Beaujeu embrassèrent le parti du comte Edouard contre le dauphin Guigues, mais malheureusement, la fortune était parfois infidèle aux armes du comte, et en 1325, pendant qu'il poussait le siège du château de Varey, il fut attaqué par l'armée du dauphin et complètement mis en déroute. Le sire de Beaujeu avec un grand nombre d'autres seigneurs tombèrent prisonniers entre les mains de l'ennemi. A cette époque, il était de bonne politique de tuer fort peu et de faire le plus de prisonniers possible ; cette manière de guerroyer rappelait les guerres des républiques italiennes où il y eut plusieurs batailles considérables sans un seul mort.
Les routiers de R. de Villandrandro n'en agirent pas autrement à la bataille d'Anthon et ailleurs. Le sire de Beaujeu dut payer une forte rançon et entre autres terres et droits, on exigea de lui l'hommage sur le Montellier. Voici les termes mêmes de l'acte qui fut passé à Saint-Vallier, le 21 novembre 1327 : « Item dictus Guiscardus dedit et tradidit directum dominium et feudum poypiae del Montellier, poypiae de Corzieu, etc. ». Comme toute fidélité mérite récompense, le sire de Beaujeu reçut du comte de Savoie l'inféodation de Coligny-le-Neuf, Buerne, Thoissey et Lent, plus la promesse de 40,000 livres viennoises, ainsi qu'il en « conste » par l'acte du 29 janvier 1338.
Ces changements multiples et l'enchevêtrement inconcevable d'hommage à divers degrés de fiefs et d'arrière-fiefs, dépendants de seigneurs plus ou moins éloignés les uns des autres, ne pouvaient qu'engendrer des différents sans fin. Ce fut pour cette raison, qu'en 1312, les seigneurs de Villars et de Beaujeu furent obligés de passer une convention par laquelle ils s'engageaient réciproquement à ne prendre en fief ou arrière-fief aucune terre qui ne relèverait de l'autre. Le château du Montellier fut bâti vers cette époque, si toutefois il n'existait point auparavant; car Guichenon nous assure que sa construction fut due à Humbert de Thoire-Villars. Quoi qu'il en puisse être, il élevait déjà fièrement ses tours le 9 mars 1331 ; puisque, à cette date, Jean de Villars le reçut en avancement d'hoirie avec le village de Joyeux et d'autres dépendances.
Ce Jean de Villars parut, en qualité de seigneur du Montellier, à l'acte de promesse faite en 1345 par plusieurs grands seigneurs d'observer le traité que le Dauphin et le Roi de France venaient de signer entre eux. Il eut pour fils Eudes ou Oddon, un des plus illustres possesseurs de notre vieux château.
Feudataire du comte de Savoie, il dut suivre son suzerain dans la guerre du Milanais contre Galéas Visconti. Il s'y distingua par plusieurs actions d'éclat et particulièrement à la bataille d'Asti. Cette ville était assiégée par les Milanais, lorsqu'ils furent attaqués par les troupes de Savoie commandées par Oddon qui les défit complètement. Leur chef prouva par là qu'il n'était point indigne de la chevalerie qui lui avait été conférée avant la bataille par le comte Vert en personne, et après laquelle cérémonie, ajoute la chronique, « sonnèrent trompettes et menestriers en actendant à grand bandeur leurs ennemis ». Lors des différends qui surgirent entre Amédée V, Amédée d'Achaïe et le marquis de Saluces à propos de l'hommage de ce dernier marquisat, les parties, d'un commun accord, ne crurent pouvoir faire mieux que de s'en remettre à l'arbitrage d'Oddon. La renommée de sa sagesse et de sa valeur était si grande que les Etats de Savoie le désignèrent comme conseiller nécessaire